Le feuilleton des harragas n'a pas l'air de prendre fin à Zarzis. En effet, tant que la mer est calme, les flux migratoires se poursuivent. Les uns arrivent à bon port et ils sont nombreux. D'autres font naufrage en cours de route alors qu'une troisième série de ces embarcations se trouvent repérées par les gardes-côtes et ramenées sur terre ou surprises par le mauvais temps et empêchées de continuer, comme c'était le cas, ce jeudi. Un premier bateau immatriculé MO 579 (de Monastir) a quitté le port d'El-Ogla, lundi dernier à l'aube, ayant à son bord 190 migrants. «Il n'est pas équipé de GPS, paraît-il, et le capitaine ne connaît pas la direction qui mène à Lampedusa. Il a tourné en rond trois jours de suite. Nous avons vécu un vrai cauchemar, avant de lancer un appel au secours qui a été intercepté par une vedette de la gendarmerie», nous confie Houcine, l'un des rescapés. Le bateau a été ramené, enfin, au port de pêche de Zarzis. Quatre parmi les harragas ont été transportés à l'hôpital et les autres renvoyés à leurs villes natales dans les gouvernorats de Gabès, Kasserine, Gafsa et Kairouan. Quant au passeur, il a été arrêté par les militaires. Une deuxième embarcation de fortune ayant à son bord une centaine de migrants a appareillé, elle aussi d'El Ogla, lundi dernier. Au large, elle a eu du mal à naviguer tellement la mer était démontée. Se sentant en danger, le capitaine a préféré rebrousser chemin. Jeudi après-midi, les infortunés ont été déposés à leur point de départ. Originaires du Centre et du Sud-Ouest, ils ont exigé leur remboursement. Les trois organisateurs zarzissiens ont promis de les régler dans les prochains jours. A signaler qu'aucun Zarzissien n'était à bord de ces deux embarcations. Par mesure de précaution, quelques comités de quartier existent toujours dans certaines zones de Zarzis et veillent la nuit à la sécurité de leurs concitoyens. Un groupe de ces vigi-citoyens a réussi un grand coup, mercredi soir. Il a pris en flagrant délit deux policiers, en civil, en train de coller des photos du président déchu et d'écrire dessous «ceux qui m'ont trompé sont toujours en action parmi vous», dans des endroits stratégiques, sur la route de Djerba. A l'approche des jeunes, les deux policiers ont pris la fuite dans une voiture de fonction, après une course-poursuite entre trois heures et quatre heures du matin, les deux malfaiteurs ont été arrêtés et emmenés par les militaires.