J'ai le plaisir de vous relater à travers ce qui suit l'un des cas d'injustice les plus flagrants dans la Tunisie de l'ère nouvelle, comme on l'appelait du temps du président déchu. M. Mohamed Mseddi, l'un des boucs émissaires du régime autoritaire de Ben Ali, commandant de bord à Tunisair, a été arrêté la nuit du 29 juillet 1993 à son domicile, à l'époque de l'énorme vague de répression contre les opposants au régime totalitaire de Ben Ali. Il a été condamné à 27 ans de prison pour «appartenance au mouvement Nahdha et complot contre l'Etat», le 6 juin 1996, après 37 jours de torture au ministère de l'Intérieur et presque 3 années pendant lesquelles on le faisait muter de prison en prison. Personne ne pouvait croire que cet homme, respecté et respectueux, jovial et sans problème, soit soupçonné de fanatisme et d'extrémisme. Commence alors une seconde phase de sa vie, passée dans plusieurs prisons du pays, entre la torture, aussi bien physique que morale, et le harcèlement continu pour lui et pour beaucoup de membres de sa famille. Ce qu'il a vécu durant les 13 ans, 3 mois et 10 jours passés derrière les barreaux ne peut que dénoncer les violations continuelles des droits de l'Homme dans ce pays. Et bien que M. Mseddi fût secrétaire adjoint du syndical des pilotes, ses collègues n'ont pas bougé le petit doigt pour le défendre et personne n'osait prononcer son nom devant les autres. De l'autre rive de la Méditerranée, plus d'une association ont condamné l'acte et les pilotes français sont même intervenus auprès du tyran au profit de M. Mseddi. Notre commandant de bord est, depuis le 5 novembre 2006, libéré. Il vit actuellement à Sfax, en résidence administrative, avec des dérangements perpétuels de la part de la police (le dernier date d'octobre 2010), sans travail, sans ressources, avec beaucoup de problèmes de santé, souffrant de difficultés à se mettre debout et à se servir de sa main gauche… Aujourd'hui, M. Mseddi attend avec impatience le jour où il pourra de nouveau piloter un avion et retrouver son intégrité et son honneur, après 18 ans d'injustice. Enfin, je présente tous mes respects au syndicat PNT actuel pour son soutien.