Malgré les dispositions prises en faveur de la femme depuis l'Indépendance, la situation de cette catégorie de la population dans les zones rurales demeure précaire. L'ancien régime a toujours voulu montrer que les projets au profit de la femme rurale ont donné des résultats positifs . Cette politique bénéficie d'une promotion à grande échelle, dans les instances régionales et internationales et notamment dans l'organisation de la femme arabe. S'il est vrai que les projets menés ont donné dans une certaine mesure des résultats probants dans la mesure où ils ont permis à la femme d'apprendre, d'avoir une source de revenus et de se faire soigner, il n'est pas moins vrai que la situation laisse encore à désirer. Pour en savoir plus, il faut absolument aller vers elles et voir dans quelles conditions elles vivent. A Menzel-Bourguiba, par exemple, nombre de femmes, jeunes et moins jeunes, ne semblent pas tirer profit de ces programmes. Elles vivent encore au seuil de la pauvreté et s'adonnent à des travaux durs pour pouvoir survivre. Fatma, 24 ans, a commencé très tôt à supporter les responsabilités. Elle a été obligée, en effet, à interrompre ses études primaires pour venir en aide à sa famille composée de deux enfants, d'une mère et d'un père handicapé. Son premier souci immédiat c'est «d'avoir une aide permanente de la part des autorités pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille». Et d'expliquer que les travaux agricoles ne lui permettent pas d'avoir assez d'argent pour subsister. Elle demande également la visite d'une assistante sociale pour se faire une idée sur sa situation et celle de sa famille afin d'agir en conséquence. Une autre femme de 52 ans travaille depuis des années dans les activités agricoles sans bénéficier de la sécurité sociale ou d'une quelconque subvention. Ses revenus lui permettent à peine d'acheter la nourriture pour ses 5 enfants encore jeunes. Son mari est un journalier qui ne travaille pas tous les jours. «Mon mari, âgé de soixante ans, effectue plusieurs travaux qui ne s'adaptent pas à sa condition physique. Il travaille dans le bâtiment, le jardinage…». Cette dame demande aussi avec insistance une aide permanente pour permettre à ses enfants d'aller à l'école. Plusieurs autres femmes et jeunes filles sont dans le même cas, affirmant que leur revenu modeste ne leur donne pas la possibilité d'améliorer leur niveau de vie. Dans un village situé à quelques kilomètres de la ville, les maisons, dans un état délabré, sont dispersées. Elles sont entourées par d'immenses champs agricoles. La population est obligée de se débrouiller avec les moyens du bord pour survivre. Les enfants passent le plus clair de leur temps à jouer ou à aider leurs parents dans les travaux agricoles ou de transport des produits de consommation vers la ville. Des groupes de jeunes se sont installés sur la route pour exposer leurs produits frais aux rares automobilistes qui se dirigent vers la ville. En plus, de nombreuses femmes sont analphabètes et ne se plaignent que du manque de ressources. Elles sont intéressées par les programmes d'enseignement pour adultes (dont elles n'ont jamais entendu parler) à condition d'améliorer en premier lieu leurs conditions de vie… La visite des responsables régionaux à cette région rurale est vivement souhaitée.