Il a fallu faire la révolution pour avoir l'occasion de voir à travers nos chaînes de télévision et nos médias la vérité sur la vie menée par les femmes tunisiennes dans les zones rurales qui furent longtemps ignorées par l'ancien régime. Le peuple tunisien a dû se laisser endoctriner durant des décennies par la fausse propagande dûment orchestrée par les anciens responsables du président déchu quant à la condition de la femme rurale dont on ne donnait qu'une image positive et spectaculaire, en procédant à des statistiques erronées et trompeuses: on nous a toujours montré à travers les médias que ces femmes rurales jouissaient des projets de développement et qu'elles bénéficiaient des programmes d'aide provenant de la fameuse caisse de solidarité 26-26. Selon les dernières statistiques officielles fournies en 2010, les femmes rurales comptent 35,5 % de la population féminine en Tunisie et 27 % d'entre elles bénéficient de microcrédits. De même, le nombre des femmes rurales qui investissent dans le secteur agricole est passé de 12 en 1992 à 2.597en 2010 et que le nombre des femmes rurales qui ont une exploitation agricole s'élève à 33.200 pour la même année. Mais ce sont là des chiffres fournis par les responsables de l'ancien régime et auxquels il ne faut pas trop se fier, sachant qu'ils ne reflètent pas fidèlement la vérité qui sort de la bouche même des femmes rurales. En effet, avec la Révolution qui a permis de voir de près la vraie situation de la femme rurale à travers les images diffusées par nos médias, le peuple tunisien a ressenti une cuisante déception pour avoir été longtemps mal informé et il s'est aperçu qu'il a été victime de mensonges et d'escroqueries faites de toutes pièces par l'ancien régime pour redorer l'image des zones rurales du pays. Misère, inégalité Ce n'est que depuis le 14 janvier que les citoyens ont pu voir la vérité cachée grâce aux images montrant des femmes rurales qui vivent encore dans l'extrême pauvreté en menant un grand combat pour survivre, des femmes qui souffrent encore de la misère, de l'inégalité et de l'injustice, des femmes qui luttent contre vents et marées pour subvenir aux stricts besoins de leur progéniture. Des femmes qui travaillent dans les champs du matin au soir, dans la chaleur de l'été et le froid de l'hiver, pour gagner leur pain quotidien. Des femmes vivant avec une famille nombreuse sous une chaumière ou un taudis insalubre souvent sans lumière ni eau potable qu'elles doivent aller chercher à pieds ou à dos d'âne à quatre ou cinq kilomètres. Ces femmes sont souvent obligées de faire face à des responsabilités supplémentaires, celles d'un chef de famille, étant veuves ou ayant un mari handicapé ! Nous avons même vu des visages de femmes sillonnés de rides malgré leur jeune âge à cause des souffrances et des difficultés de la vie accumulées depuis plusieurs années. Ou encore des femmes qui ont des enfants malades sans pouvoir les soigner, faute d'argent ou à cause d'un certain « omda » arrogant et incontesté du bled qui leur refusait une carte de soins gratuits ! Quelques unes de ces femmes ont perdu leurs enfants lors de la Révolution et elles sont fières d'être mères de martyrs morts pour la dignité et la liberté ! La Journée Mondiale de la Femme, célébrée aujourd'hui en Tunisie comme dans les pays du monde, est une occasion de rendre honneur à ces femmes rurales qui ont tant souffert sous l'ancien régime et qui ont besoin aujourd'hui d'être soutenues et prises en charge par la Tunisie de l'après-révolution, de jouir comme toutes ses concitoyennes de la capitale et des grandes villes d'une vie décente, normale et à l'abri du besoin. L'accès de ces femmes rurales à des conditions de vie meilleures et à un développement économique et social capable d'améliorer leurs conditions de vie constitue l'un des principaux défis à relever dans l'avenir pour lutter contre la pauvreté dans les zones défavorisées, notamment celles du nord-ouest, du centre et du sud-ouest du pays où il s'est avéré que la femme est restée longtemps en marge de tout programme de développement et d'intégration sociale et économique, quand bien même la femme des zones rurales serait capable d'assumer sa responsabilité dans le développement global - étant une bonne ouvrière dans le secteur agricole et dans les métiers de l'artisanat – dans sa région et de contribuer à l'essor de l'économie nationale. Nul ne peut nier le rôle crucial que pourrait jouer la femme rurale pour le bien-être de sa famille et de son milieu. Aussi faut-il penser à leur accorder l'aide nécessaire pour leur permettre de créer de petits projets pour améliorer la situation matérielle de leur famille et offrir à leurs enfants de nouvelles chances. Nous rendons un vibrant hommage à ces femmes et mères rurales qui font toujours preuve d'abnégation, de patience et de courage ! Puisse cette Révolution être d'un grand secours à ces femmes qui méritent d'avoir leur place au soleil !