En réponse à l'émission de la 1ère chaîne de la télévision tunisienne du 15/02/2011 à 17h00 relative au projet tuniso-suisse de fabrication en Tunisie de lignes d'hémodialyse, et à l'article s'y référant paru sur La Presse du 16/02/2011 écrit par M. Salem Ben Salem, permettez-mois d'apporter les réflexions suivantes : Aussitôt après qu'un air pur et purificateur eut soufflé sur notre chère Tunisie, une odeur nauséabonde de spéculations en tout genre est en train de nous envahir, nous qui avons cru naïvement que toute forme de corruption était bannie de notre pays. Des simples marchands ambulants qui investissent anarchiquement la plupart des trottoirs de la capitale transformée en un gigantesque marché aux puces à l'appropriation illégale de terrains de l'Etat sur lesquels des constructions sont bâties, jusqu'à l'introduction dans notre pays, sous l'apparence d'une miraculeuse invention de lignes d'hémodialyse à produire à l'échelle industrielle, d'investisseurs étrangers dont l'origine et le parcours social et professionnel sont pour le moins que l'on puisse dire tout à fait obscurs, tel est le paysage malheureux de la Tunisie actuelle qui s'acharne quotidiennement à panser ses blessures et à hisser au plus haut les couleurs du drapeau de notre chère patrie pour laquelle des centaines de martyrs ont versé leur précieux sang. Parler de sacrifices au profit du peuple tunisien en mettant à la disposition de ce projet un terrain acquis de je ne sais quelle manière ou une soi-disant invention révolutionnaire dans le domaine de l'hémodialyse dont personne ne veut, relève non seulement de l'audace mais surtout de la sous-estimation d'un peuple qui s'est juré de ne plus se laisser tromper et encore moins corrompre. Il se dressera farouchement contre toute tentative de ce genre qui vise à lui subtiliser tout ce dont il a rêvé depuis très longtemps et qu'il a chèrement payé. Exploiter lâchement la conjoncture actuelle pour lancer des slogans mensongers du genre 400 emplois en 3 ans pour un seul projet (d'autres avaient parlé de 300.000 emplois en 2 ans et tout le monde sait l'issue qui leur a été réservé) est une insulte aux dizaines de milliers de chômeurs et un appât auquel le gouvernement transitoire ne doit en aucun cas s'y laisser prendre. Est-il concevable qu'une invention d'une aussi grande envergure (comme le fameux prodige tunisien n'a cessé de le marteler alors qu'en réalité, il n'en est rien !) ne soit jamais testée à l'unité d'hémodialyse de l'hôpital Charles-Nicolle, la plus importante unité d'hémodialyse du pays qui effectue plus de 20.000 séances d'hémodialyse/an ? Pourquoi a-t-on mis plus de 7 ans pour introduire une innovation dont l'impact serait si déterminant dans la qualité des prestations ? Pourquoi des entreprises aussi importantes que Fresenius ou Nipro, leaders mondiaux dans le domaine de l'hémodialyse, ont-elles rejeté cette ingénieuse invention‑? La situation exige une analyse approfondie du projet et une collaboration étroite avec les néphrologues experts en la matière afin de prendre une décision réfléchie et bénéfique pour l'économie du pays, à l'abri de toute forme de spéculation. Telle est la seule alternative raisonnable. Quant à la médiatisation qui en a été faite, elle ressemble, à si méprendre, à celle d'un temps qu'on croyait révolu où on faisait sans esse l'éloge mensonger d'un régime dictatorial et de personnes corrompues s'adonnant à des pratiques mafieuses; il s'agit sans doute de réflexes archaïques dont on a du mal à se défaire ! S'est-on quelque peu penché sur l'origine exacte de ces investisseurs présentés comme étant suisses mais dont le nom semble avoir une résonance beaucoup plus italienne que suisse ? S'est-on interrogé sur le parcours professionnel de ces investisseurs et sur l'identité complète de l'entreprise dont ils sont responsables et qui semble avoir un rayonnement international ? Autant de questions qu'un journaliste averti et soucieux de voir son intervention se transformer en une véritable mascarade télévisuelle ou écrite doit obligatoirement se poser pour éclairer avec précision et honnêteté le public tunisien. Peuple de Tunisie, soyons tous vigilants et fins prêts à contrecarrer toute forme d'exploitation et de néo-corruption.