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Une Assemblée consultative pour la période transitoire
OPINIONS - Equilibre et séparation des pouvoirs dans le futur système politique tunisien
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 02 - 2011


Par Selim BAHROUN (Citoyen tunisien)
Quel ADN politique donner au futur bébé (nouveau système politique) ?
Partant du fait que le passé éclaire souvent le présent et le futur proche, quoi de plus normal que de commencer à analyser le passé avant de réformer le présent. Sauf que le problème pour nous est que ce sera la première expérience en termes de système démocratique et nous n'avons donc pas de "matière historique" à exploiter.
Exploiter l'expérience de la France de l'après-guerre et s'inspirer de ce vécu me paraît pertinent car la France sortait alors de la période autoritaire du gouvernement de Vichy et tout était à reconstruire pour elle…Son terrain politique était presque aussi en friche que le nôtre actuellement.
Récapitulons sommairement les évènements tout en les analysant:
- 9 septembre 1944 : De Gaulle forme un gouvernement "d'unanimité nationale". Nous voyons que la terminologie utilisée va plus loin que celle du gouvernement " d'unité nationale " utilisée par l'exécutif tunisien actuel. Cela traduit bien la nécessité absolue de se serrer les coudes pendant des moments aussi difficiles de la France de l'époque ou de la Tunisie actuellement. C'est la priorité qui s'impose à tous les pays en reconstruction.
Ce gouvernement légiféra par ordonnances et accomplit une œuvre considérable en reconstruisant la France et en introduisant des novations sociales majeures.
- Assemblée consultative élargie qui a été élargie de 48 membres supplémentaires le 21 octobre 1945 (elle en comptait déjà 248 avant). Elle est chargée de donner des avis au gouvernement et d'émettre des vœux. Elle n'avait pas de pouvoir décisionnel et n'entravait pas le travail vital du gouvernement provisoire de l'époque.
- Assemblée constituante élue le 21 octobre 1945, soit plus que 13 mois après la formation du gouvernement provisoire. Auparavant, le même jour et par référendum, les Français s'étaient prononcés pour une nouvelle République (contre la troisième République). Nous voyons donc que le gouvernement provisoire "d'unanimité nationale" de De Gaulle avait bénéficié d'un délai qui était loin d'être court pour remettre la France debout et la faire sortir de la grave crise qu'elle vivait.
- 13 novembre 1945 : De Gaulle est élu président du gouvernement provisoire (encore !) par l'Assemblée constituante.
- 20 janvier 1946 : dénonçant le "régime des partis", le Général De Gaulle démissionne suite à un désaccord avec les socialistes de l'Assemblée sur la question du budget à allouer à l'armée. Il a dit à l'Assemblée : "Ce sera sans doute la dernière fois que je parlerai dans cette enceinte (…) Je tiens donc à vous dire que si vous ne tenez pas compte des conditions de responsabilité, de dignité du gouvernement, vous irez vers des temps où vous regretterez amèrement la voie que vous avez prise(…)".
De Gaulle aura démissionné après seulement un peu plus de deux mois et ses propos tenus à l'Assemblée se seront révélés prémonitoires (on le verra pourquoi un peu plus bas). On voit combien il destine au gouvernement un rôle important qui doit être accompli dans la dignité, condition de l'efficacité de son action. Et l'histoire a reconnu ensuite l'efficacité de son gouvernement durant cette période cruciale.
- Dans son ouvrage paru en 1945, intitulé : "A l'échelle humaine", Léon Blum, homme politique français, pourtant socialiste, dit : "J'incline, pour ma part, vers les systèmes de type américain ou helvétique, qui se fondent sur la séparation et l'équilibre des pouvoirs, par conséquent sur le partage de la souveraineté, et assurent au pouvoir exécutif, dans sa sphère propre d'action, une autorité indépendante et continue. Ces systèmes créent des pouvoirs stables et ont, par surcroît, le grand mérite de substituer la notion réelle du contrôle à la notion un peu illusoire de la responsabilité, qui a toujours joué un très grand rôle dans notre pays (…)".
Blum en savait quelque chose puisqu'il a subi plusieurs fois les affres de l'instabilité gouvernementale de la troisième République et notamment quand il était président du Conseil pour la deuxième fois en mars 1938 et fut renversé seulement trois semaines plus tard par le Sénat. Il ne fut pas écouté (pas plus que De Gaulle) et la quatrième république (parlementaire à outrance) fit connaître à la France sa période de plus forte instabilité politique qu'elle n'ait jamais connue‑: 25 gouvernements en douze ans !
- Le président René Coty fait appel en 1958 au général De Gaulle pour trouver une solution et ce sera la cinquième République qu'on connaît maintenant et où les pouvoirs ont été équilibrés entre les pouvoirs exécutif et législatif et qui assura une stabilité politique à la France largement reconnue.
• Qu'en retenir pour la Tunisie‑?
L'analyse des faits de cette période en France (entre 1944 et 1958) nous balise quelque peu le chemin que nous devons prendre aujourd'hui pour ne pas tomber dans les erreurs passées de la France. Nous souhaitons que la deuxième République tunisienne soit le reflet d'une démocratie équilibrée et stable, permettant à l'exécutif de gouverner sans être menacé d'être renversé à tout instant et fournissant au législatif les pouvoirs de légiférer (en partageant le pouvoir d'initiative avec l'exécutif) ainsi que de contrôler le gouvernement.
Dans cette architecture constitutionnelle, le président de la République sera le symbole principal de l'Etat et le garant de ses institutions et il devra avoir des pouvoirs importants mais évidemment tronqués par rapport à ceux que l'actuelle Constitution lui confère.
Les spécialistes qui "planchent" en ce moment sur les plans de la future Constitution pourraient s'inspirer des systèmes actuels américain et français, car systèmes stables et ayant fait preuve de leur efficacité relative et s'adaptant le mieux à nos impératifs de pays aux ressources limités et sans tradition démocratique passée.
Nous pouvons comparer le stade actuel de la genèse de la Constitution à celle d'un embryon qui se développera pour naître et devenir un bébé. Nous n'avons pas le droit de générer un bébé fragile et non viable car les conditions dans lesquelles il va naître et grandir seront difficiles et dangereuses. Ses gènes et son immunité seront bons si le système politique permet un exécutif stable et viable, contrôlé par une assemblée (une chambre suffira à mon avis dans cette période critique) représentative et légitime.
• Période transitoire actuelle‑: pour une assistance du gouvernement par une Assemblée constultative élargie
J'ai relégué volontairement le volet de la période transitoire en deuxième partie car la description prospective du cas de la France nous permet une meilleure approche de l'analyse de notre cas dans cette période. Et plus précisément de l'analyse de la meilleure façon d'accompagner et de conseiller le gouvernement actuel pour l'aider et non entraver son action.
Laissez-moi vous dire tout de suite qu'il ne faut pas utiliser le nom de "Conseil de protection de la Révolution" et qu'il faut rejeter cet organe, et ce, pour trois raisons :
- La Révolution tunisienne a été populaire et sa protection ne peut être assurée que par le peuple. Le terme me paraît donc inapproprié et assez spoliateur.
- Sa composition doit refléter toute la diversité du peuple tunisien à travers toutes ses composantes : politiques et la société civile entière et sans exclusive. C'est la condition de sa légitimité. Cette condition est impossible à remplir actuellement car de nombreuses composantes politiques et civiles rejettent la formule actuelle.
- Elle ne doit avoir que des attributions consultatives comme celle que la France avait instituée en 1944.
Ce dernier point est très important et mérite quelques éclaircissements. Donner à ce conseil des attributions décisionnelles est un non sens car sa composition et sa formation ne tirent leur légitimité ni du peuple ni des institutions de la République. De plus, elle se veut à la fois Assemblée législative et exécutive, ce qui ne se conçoit pas en démocratie, même si cette dernière est en phase révolutionnaire.
Donner à l'Etat deux conseils de gouvernement ne fera que ralentir la marche du pays et son redressement économique urgent dans cette période de reconstruction.
Trop d'Etat tuera l'Etat et cela donnera un signal fort aux bandes qui veulent profiter du chaos sécuritaire et économique. Quant à l'investissement (national et étranger), il ne faudra plus en parler dans ce cas-là et tout le monde sait que la confiance ne reviendra qu'avec la stabilité et la sécurité. Ce sont aussi les conditions nécessaires pour les futures élections qui ne peuvent se dérouler que dans des conditions économiques et sociales apaisées.
Au final, nous pensons que prétendre protéger la révolution de cette façon peut découler d'une bonne intention de la part des initiateurs de ce "projet", mais il ne fera au final que ralentir cet objectif en entravant au contraire le redressement et la marche des réformes économiques et politiques.
N'oublions pas que la révolution est partie d'abord d'un vœu qui est celui du travail et ensuite sont venus d'autres objectifs qui sont la dignité et la liberté.
Mais d'un autre côté, laisser le gouvernement sans une assistance et un accompagnement politique me paraît aussi imprudent et je propose qu'on s'inspire du cas de la France d'après-guerre en instituant une Assemblée consultative dont la composition était la plus élargie et équilibrée que possible et dont les attributions étaient seulement consultatives. La meilleure façon de constituer et de faire fonctionner cette Assemblée doit découler d'un débat national qui devra déboucher sur un consensus le plus large que possible. Cette Assemblée pourrait avoir aussi un rôle important à jouer dans la préparation de la nouvelle Constitution, qui pourrait ensuite être soumise à un référendum pour être ratifiée, et qui ouvrira la voie à des élections présidentielles et législatives.


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