De notre correspondant à Bruxelles Fathi B'CHIR Bruxelles abrite aujourd'hui une importante réunion de bailleurs de fonds invités par l'UE à réfléchir à la façon d'aider la Tunisie et l'Egypte à remettre sur les rails leurs économies. Cette rencontre sera presque entièrement concentrée sur la Tunisie, seul pays à avoir, avec plus ou moins de précision, indiqué l'ampleur de ses besoins. De nombreux organismes de financement internationaux (outre la Commission européenne, les organismes financiers nationaux de pays tels que la France, l'Italie ou l'Allemagne, la Banque européenne d'investissements, la Banque mondiale, l'ONU et les agences de l'ONU, l'OCDE, le Conseil de l'Europe, plus les fonds d'investissements de pays du Golfe qui ont répondu à l'appel) sont invités à ce premier «tour de table». Le premier objectif affirmé est de mettre en place, à Tunis ou à Bruxelles, un mécanisme de coordination internationale destiné à aider la Tunisie, et l'Egypte, lorsqu'elle sera prête, à achever, chacune, sa transformation politique, sa législation électorale et son appareil judiciaire, à redresser son économie mise à mal par des décennies de prédation et de gestion bureaucratique. Il est aussi important de donner à la société civile les moyens de son implication dans la gestion démocratique du pays. Les moyens et le savoir-faire. L'objectif affirmé est de créer, pour ces deux pays, des mécanismes d'aide chargés d'assurer la coordination des appuis internationaux et de veiller à la cohérence de l'action de chacun des partenaires. Sur les moyens, Catherine Ashtnon, la cheffe de la diplomatie, avait, on s'en souvient, annoncé à Tunis, le 12 février, le chiffre de 258 millions d'euros de ressources budgétaires (non remboursables), plus 17 millions d'«argent frais». Ce dernier montant, qui a paru de prime abord faible et jugé «ridicule» par le ministre Chelbi, ne serait, selon Bruxelles, qu'un premier paquet pour la préparation des élections. Il devrait être augmenté au fur et à mesure de l'identification de nouvelles actions. La Commission a délégué de nombreux experts sur place pour accélérer l'étude de projets en direction de la société civile, au profit d'institutions d'action démocratique, associations, presse, etc., et pour raccourcir les délais d'instruction des projets. Mme Ashton avait en outre annoncé à Tunis la mobilisation de près de 1 milliard d'euros de ressources de la BEI (Banque européenne d'investissement) pour toute la région méditerranéenne. La Banque a fait ses comptes et elle indique déjà que le chiffre retenu pour la seule Tunisie sera de l'ordre de 886 millions d'euros en prêts, en 2011, contre 493 millions en 2010. Le cap sera mis sur les projets créateurs d'emplois centrés sur les PME, les TPME et le microcrédit plus efficace dans les projets à caractère social et vers la décentralisation régionale. Une ligne de crédit au profit du secteur du tourisme, le plus affecté par les évènements depuis les vacances de fin 2010, sera également accordée. Le vice-président de la BEI doit se rendre à Tunis les 2 et 3 mars pour approfondir la stratégie en concertation avec les autorités de transition. La Banque serait d'ailleurs prête à assurer la coordination des appuis. Avec cette aide massive à la Tunisie, la Banque va devoir prévoir une rallonge de son propre budget. «Nous allons manquer de ressources», nous a-t-on dit. Les Etats membres de l'UE et le Parlement européen sont saisis pour lui permettre d'aller rechercher des fonds supplémentaires sur le marché avec leur garantie. L'autre garantie recherchée doit provenir de Tunis : des assurances que le gouvernement intérimaire tunisien doit donner. La lenteur mise dans la transformation du système politique tunisien, comme lors du malheureux épisode d'un chef de la diplomatie contesté, y compris de sa propre administration, ne rassure pas les partenaires extérieurs qui ont parfois de la peine à identifier leurs interlocuteurs.