Longtemps à la recherche d'un sélectionneur capable de faire l'unanimité, notre football vient de s'en trouver un… On en a fait une véritable affaire d'Etat. D'ailleurs, c'en était vraiment une puisque désigner un sélectionneur national était devenu un véritable exercice d'équilibrisme où tout et tous se mêlaient : les politiques, les lobbies de tous bords, les apprentis sorciers, celui que vous savez, les régionalistes, les opportunistes, les manipulateurs et la liste est encore longue. Tout et tous, exception faite de ceux qui savent, de ceux qui aiment le football et ce pays, de ceux qui rêvent d'un nouveau Chetali, d'un nouveau Attouga, d'un nouveau Agrebi, d'un nouveau Tarek Dhiab, d'un nouveau Témime. La bataille, car c'en était vraiment une, se jouait partout sauf au niveau de la direction technique (marginalisée et en tout cas non crédible), dans les coulisses, dans les cafés, via téléphones. Le sélectionneur national ? Peu importent la compétence et les qualités morales, pourvu qu'il soit sous la botte de telle ou telle partie, de tel ou tel club, de tel ou tel groupe de pression. La liste des joueurs obéissait rarement aux critères de la forme et du talent. On favorisait des joueurs, des clubs aux dépens d'autres joueurs et d'autres clubs; des régions aux dépens d'autres pour en arriver à une équipe nationale méprisée, haïe par tous, une équipe nationale pour laquelle personne ne se déplace, même pas gratuitement, sauf ceux, devenus célèbres, qu'on met aux premières loges, qu'on embarque en premiers dans les avions (avant même et, surtout, avant les journalistes), qu'on loge dans les palaces à chaque déplacement de l'équipe nationale et qu'on voit au retour sur tous les plateaux de télévision : oui messieurs, nous en étions arrivés là : à chercher, trouver et payer des supporters pour notre équipe nationale. Des personnages qui avaient accès au ministre, au président de la FTF, aux joueurs et aux vestiaires alors que les journalistes en étaient réduits à quémander une information, à accéder à un entraînement et à attendre qu'un sélectionneur ou un joueur veuillent bien lui concéder une déclaration et une interview. Voilà pour l'ancien état des lieux, technique et autre qui doit disparaître pour céder la place à un autre où le mot d'ordre sera au respect, au professionnalisme, à la reconnaissance des mérites des uns et des autres et au patriotisme pour que se fasse à nouveau l'union sacrée autour de notre équipe nationale. Le football, le vrai, fait avancer les choses Nous avions écrit et mis en garde hier contre la manipulation, la récupération du triomphe de Khartoum. Il a été en premier et dernier lieu le mérite de Sami Trabelsi, des joueurs et du staff technique et médical. C'est que pour avoir longtemps cherché un sélectionneur, nous avons fini par en trouver un, à portée de main. C'est qu'avant le 14 janvier et le Chan, Sami Trabelsi n'était même pas sur la liste des prétendants au poste, précédé par Faouzi Benzarti, Ammar Souayah, éventuellement un étranger et un autre entraîneur, aujourd'hui, en activité dans un grand club qui se débrouille toujours pour placer son nom dans cette liste. On en a oublié que Sami Trabelsi sort d'abord de deux grandes écoles de football, le SRS et le CSS, qu'il a disputé 2 phases finales de coupe du monde, 4 de coupe d'Afrique, qu'il a été le capitaine exemplaire du team national quatre ans durant et qu'il vient enfin de réussir un exploit aux multiples dimensions à Khartoum : sur le plan humain, technique, tactique et de prestige. Guardiola est pratiquement rentré de Qatar pour prendre en main Barcelone et en faire le miracle footballistique planétaire que l'on sait ; Beckenbauer, Platini, Blanc, Hagi, Badou Zaki et d'autres encore. Selon quelle logique et de quel droit des techniciens ou des dirigeants nient aujourd'hui à Sami Trabelsi le droit de devenir sélectionneur de l'équipe nationale «A». Surtout aujourd'hui qu'il a ultérieurement légitimé sa candidature. Et pour répondre à ses plus grands détracteurs qui sont aujourd'hui — et hier — une partie de ses collègues (quelle indécence !), il n'y a qu'à réanalyser l'œuvre accomplie au Chan. Joueurs métamorphosés sur le plan mental, tactique et même technique, une stratégie souple, intelligente et moderne qui nous a réconciliés avec le jeu en mouvement, l'initiative personnelle, la solidarité, les gestes techniques et l'efficacité. Et enfin, cette admirable gestion du groupe où tout le monde a trouvé et pris sa place sans heurts et sans bas complots. Khartoum a marqué le début d'une nouvelle époque. Surtout ne pas revenir en arrière!