Le football a repris ses droits au Chan et avec la qualification pour la CAN. Mais on craint fort qu'il ne cède — encore une fois — la place à la polémique. Ceux qui ne voulaient pas de Sami Trabelsi se retrouvent avec une grosse épine dans le pied. Parti se faire «massacrer» au Chan du Soudan, il rentre avec le trophée. Engagé dans une mission impossible qui était de qualifier le onze national à la CAN 2012, son équipe accomplit le miracle. Dans des conditions toujours prohibitives‑: sans les «étrangers» pour le Chan, sans compétition pour la CAN. Ce qui nous a le plus touché, ce qui a fait souffrir en silence le brave Sami, ce ne sont pas tant toutes ces difficultés mais l'hostilité du «milieu» à son égard. Le milieu, ce sont ses honorables collègues qui passent leur temps à le descendre, à le casser. Ces mêmes collègues qui ont mis Lemerre sur un piédestal et qui, aujourd'hui encore, ne jurent que par le Normand. Normal, il les ignorait superbement, comme il ignorait leurs ragots de cafés. Légitimités Pourquoi le cacher‑: nous n'avons pas non plus aimé ce qu'a confié Tarek Dhiab dans une interview à notre journal pour dire qu'en cas d'élection, il fera appel à un grand entraîneur étranger. J'espère que l'ami Tarek a changé d'avis depuis. Les autres, ceux au chômage ou qui font les clowns dans les cafés, ne comptent pas trop. A vrai dire, si l'équipe nationale est une chance pour Sami Trabelsi, Sami Trabelsi est également une chance pour l'équipe nationale. Voilà tout d'abord un garçon d'une excellente moralité, un ex-capitaine exemplaire du onze national, un vécu impressionnant, un enthousiasme de débutant, une crédibilité auprès de ses joueurs et une légitimité par rapport au milieu. Enfin, celui qui compte car le reste nous importe peu. Voici pour l'homme. Le sélectionneur a cartonné‑: deux objectifs, deux réussites. Par-delà les considérations techniques ou tactiques, Sami Trabelsi a prouvé qu'il peut tenir un groupe et le faire adhérer à ses idées. Ne nous trompons pas, c'est là la clé de la réussite et des grands desseins. Venons-en à présent au côté technique. Dans des conditions difficiles, le sélectionneur national a imposé son style comme nous avions pu le constater lors du Chan. Un style où le ballon, le jeu est à l'origine de tout car on sait depuis Lemerre qu'on peut gagner sans plaire, sans convaincre. Qu'on peut gagner en ayant tout le monde contre soi. Mais attention, nous ne disons pas que tout est bien dans le meilleur des mondes. Mais avec des coudées plus franches pour Sami Trabelsi et une plus grande liberté de choix et de manœuvre, cette équipe nationale devrait monter en puissance car, telle qu'elle est aujourd'hui, elle n'a aucune chance d'être dans le dernier carré à la CAN. Lors des deux dernières rencontres par exemple, la qualité de jeu et le rendement des joueurs ont considérablement baissé. Or, une grande équipe s'inscrit toujours dans la qualité et dans la durée. Cette équipe, ce groupe sont tout simplement à reconstruire, même si une partie du travail a été accomplie. En retrouvant la victoire et la confiance, le onze national doit retrouver son jeu, sa personnalité, la saine concurrence et son… public. Mais notre crainte à nous, c'est que l'insistance de l'actuel bureau fédéral à se maintenir en place et la guerre qu'il va encore livrer à la légitimité et à l'opinion publique ne pourrissent la situation à un moment où notre football a besoin de renouveau, de sérénité et de consensus. C'est malheureusement le scénario catastrophe auquel on doit s'attendre.