Par notre correspondante aux EAU Faouzia MEZZI Jeudi 17 mars, 19h00, à l'entrée du palais de la culture «Qasr Athaqafa» de Sharjah, deux longues rangées de personnalités politiques, diplomatiques et artistiques attendent d'accueillir Son Excellence Dr Cheikh Soltane Ibn Mohamed Al Qassimi. Invité de marque en sa qualité de gouverneur de Sharjah, il est aussi l'un des acteurs de l'événement. Dr Qassimi est l'auteur de la pièce qui sera donnée ce soir La pierre noire du théâtre de Sharjah, en ouverture de la 21e session des Journées théâtrales de Sharjah et dont la mise en scène a été confiée à Moncef Souissi (voilà qui répond à l'intrigante absence depuis quelques semaines de celui qui aime à se faire appeler le Sindabad du théâtre arabe). Dans un grand salon du palais, les invités tous venus des pays arabes (Irak, Jordanie, Egypte, Soudan, Tunisie, Maroc, Liban, Syrie…) sont installés. Zoom sur trois grandes figures s'adonnant à une séance photo et vidéo digne des manifestations les plus prestigieuses : il s'agit bien évidemment des vedettes égyptiennes : Samiha Ayoub, Mohamed Sobhi et Hessine Fahmi. Il semble que la révolution égyptienne n'a pas encore eu le temps de révolutionner son image de marque théâtrale… Pour le moment, les Journées théâtrales de Sharjah et peut-être même d'autres festivals devront se contenter de la génération de la grande dame de la scène arabe. Un peu plus tard dans la salle de spectacles, un spectateur me confiera : «Le moment n'est-il pas venu de changer un peu ce décor humain ? Il doit certainement y avoir un autre propos qui a été maintenu dans l'ombre». Après l'arrivée du gouverneur, et le cérémonial de la «qahoua au hil», place dans la grande salle de spectacles. Somptueuse, un peu trop au goût de certains participants qui lui trouvent un air de bâtiment fraîchement livré, clés en main. Pas le soupçon d'un passage fracassant de répétition ni même les traces d'une affluence des publics. Pourtant, le théâtre émirati semble être particulièrement privilégié. A part le président tchèque Vaclav Havel qui était un mordu de théâtre, très peu de pays dans le monde peuvent s'enorgueillir d'avoir, comme c'est le cas de Sharjah, à leur tête un fanatique du 4e art. Le Dr Al Qassimi, auteur de La pierre noire, a encore à son actif trois textes : Char sioniste, Les sbires de Sion et Le gagne-pain. Sa passion pour le théâtre remonte à sa prime jeunesse lorsqu'il a joué le rôle principal dans la pièce La bravoure masquée (1958), écrite par le Palestinien Mohamed Ghounim et dont les recettes ont été consacrée à la construction de salles supplémentaires à l'école Al Qassimia de Sharjah. Les Journées théâtrales de Sharjah, qui en sont cette année à leur 21e session (17-27 mars), doivent leur pérennité à cet homme et à sa foi en le théâtre. Jusqu'ici, ce festival, en dépit de ses moyens assez importants, se limite paradoxalement à la représentation du théâtre émirati. La participation arabe est réservée au seul colloque que le festival veille à organiser chaque année. Celui de la 21e session cogitera, aujourd'hui et demain, sur ces deux axes : «Méthodes, contenu et espaces, dans la représentation théâtrale arabe» et «Nouvelles visions : orientations théoriques dans le théâtre arabe».