Au moment où toutes les attentions sont braquées sur les réfugiés à Ras Jedir, de jeunes Tunisiens sont "malmenés" à Lampedusa. Trois embarcations transportant plus de 500 clandestins, parmi lesquels des femmes et des enfants, sont arrivées dimanche sur l'île. Les derniers flux ont engendré des tensions de plus en plus vives entre les habitants de l'Ile et les centaines de clandestins tunisiens qui sont accueillis au slogan de "Dégagez, dégagez !". Ce slogan que les Tunisiens avaient lancé pour exprimer leur colère contre l'ancien régime est désormais repris par les Lampeduséens qui ont empêché un bateau de débarquer ses occupants. Avant, ils avaient pitié d'eux et les accueillaient chez eux, aujourd'hui ils veulent empêcher leur arrivée sur leur île. Au cours des 48 dernières heures, 25 bateaux transportant plus de 1.600 personnes, presque tous des jeunes Tunisiens, ont débarqué sur cette petite île, portant à plus de 10.000 le nombre de Tunisiens arrivés en Italie depuis la mi-janvier sur ce caillou d'environ 20 kilomètres carrés, située à quelque 130 kilomètres du littoral tunisien. Par beau temps et à bord d'un bateau convenable, la traversée prend plus ou moins 12 heures. Situation inacceptable, instrumentalisation politique Au moment où toutes les attentions sont braquées sur les réfugiés à Ras Jedir, de jeunes Tunisiens sont "malmenés" à Lampedusa dans une sorte de "Guantanamo italien". La Croix-Rouge internationale a déjà dénoncé une situation inacceptable dans le centre d'accueil d'une capacité autorisée de 850 places mais où sont entassés plus de 1.500 immigrés. Auparavant, les immigrés restaient 48 heures à Lampedusa avant d'être transférés dans un centre en Sicile ou sur la péninsule. Aujourd'hui, ils sont enfermés sur place avant qu'une décision ne soit prise à leur sujet. De nombreuses demandes sont adressées aux autorités tunisiennes pour contenir ces départs et trouver des solutions concertées entre les gouvernements concernés, tant sur les arrangements concernant le retour en bon ordre des personnes qui n'ont pas besoin d'une protection internationale, que dans l'éventuelle mise en place d'opportunités pour les migrants du travail. Quand un grand nombre de migrants arrivent en même temps, cela crée forcément des difficultés. Et les moyens sont mis pour déplacer en avion les migrants vers d' autres centres en Sicile , mais, en attendant, les clandestins continueront d'arriver en grand nombre, donc tout dépend de la mise à disponibilité de ces moyens. En attendant au mieux d'obtenir le statut de réfugié, au pire d'être expulsés, ils patientent plusieurs jours, des semaines, enfermés dans des centres de rétention – appelés centres d'accueil – dans des conditions régulièrement dénoncées comme «souvent indécentes» par l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF). Sans oublier aussi «l'instrumentalisation politique de la question de l'immigration» en France et en Italie.