Comme prévu, le Centre culturel d'El Menzah IV a accueilli, lundi dernier, l'ouverture de la 8e édition du Festival méditerranéen de la guitare (FMG). Un public jeune et nombreux a répondu présent à l'appel. Il était, certes, constitué d'amis et de fans des groupes tunisiens amateurs qui se sont produits en première partie, mais surtout de mordus du son détonant du brillant guitariste Patrick Rondat. Le retard inaugural passé, le bal a été lancé avec une première partie du concert, assurée par de jeunes Tunisiens amateurs, sélectionnés à la suite du 5e accord de guitare (février). Kaïs Hassen, le premier sur scène, nous a offert, avec sa guitare , une belle prestation, grâce à une bonne technicité. Wron Side Out, un groupe de 4 sympathiques jeunes garçons, en composition classique (guitare basse, vocal, batterie). Des instrumentistes en herbe de talent qui en jettent (comme on dit) avec une mimétique digne d'un Jimi Hendrix. Ils ne reflétaient que leur manque d'expérience, d'ailleurs. Le dernier groupe,composé également de quatre musiciens et une chanteuse (des habitués de la scène, apparemment), a vu s'attrouper au bord des planches des amis-fans venus les encourager. Du soutien, ils en avaient besoin pour mieux se motiver, car on a eu droit, par moments, à quelques maladresses et fausses notes (instruments et voix)...Mais n'est-ce pas que même les grands musiciens sont passés, à leurs débuts, par cela? Le meilleur est resté pour la fin, comme on dit! Et l'épilogue du concert a été assuré, et c'est le cas de le dire, par un grand: Patrick Rondat qui n'a pas hésité à répondre à l'invitation de Hichem Himrit, alors que certains groupes se sont décommandés, soi-disant pour des raisons de sécurité. Lui, il est venu célébrer avec nous notre révolution naissante. "Nous sommes honorés de partager ces moments avec vous et encore bravo", a lancé ce dernier, après un premier morceau. Patrick Rondat, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un guitariste de hard rock instrumental français, dont le jeu est rattaché à l'école néoclassique d' Yngwie Malmsteen. Sa musique de grand virtuose propose différentes couleurs musicales : jazz rock acoustique, metal néo-classique, metal progressif ou atmosphérique. C'est en 1978, à l'âge de 17ans, qu'il apprend la guitare. Fortement influencé par le guitariste Al Di Meola, il lui emprunta la technique de "l'aller - retour" (mouvement de haut en bas exercé par le poignet de la main tenant le médiateur pour gratter les cordes) afin d'obtenir une grande vélocité. Une technicité et une rapidité du jeu que l'on a pu admirer, in visu. Avec en plus un sens aigu de la mélodie. Ces qualités le classent au rang de "Guitare Hero". Patrick Rondat sait aussi se faire bien entourer, car on oublie pas d'applaudir les performances des musiciens qui l'ont accompagné : Drick Bruinenberg à la batterie, Manu Martin au clavier et l'excellent bassiste Patrice Guess qui a su admirablement donner la réplique au guitariste pour des chants contre chants musicaux explosifs et émouvants d'acuité... La virtuosité de ce musicien a su gagner les cœurs et dompter les esprits. Le déchaînement hystérique de la première partie s'est effacé pour laisser la place à un silence admiratif ponctué, bien entendu, d'acclamations devant tant de talent... La magie a opéré et on a pu écouter et apprécier cette leçon de guitare... Le musicien clôt le bal , au grand plaisir du public, avec un morceau-hommage à Django Reinhard et le fameux Vivaldi tribute, une reprise du mouvement L'été des quatre saisons de Vivaldi, que l'artiste a joué (lors de sa longue collaboration avec Michel Jarre) au pied de la Tour Eiffel devant 2 millions de Parisiens. Cette fois, il le fit devant un public de jeunes Tunisiens, au lendemain d'une fête de l'Indépendance (savourée autrement), fiers de leur liberté, récemment reconquise, que Patrick Rondat est venu applaudir. Merci l'artiste.