L'émergence de nouvelles destinations plus exotiques entraîne le déclin graduel du produit balnéaire dans la destination, d'où la nécessité de diversifier l'offre pour consolider davantage notre positionnement. Seulement le développement lent, hésitant et souvent mal coordonné de nouveaux produits touristiques qui ne parviennent pas à prendre forme, ne suffit pas pour repousser la concurrence. Le tourisme saharien, qui balise la voie à un autre tourisme, exotique, d'aventure ou tout simplement écologique, est parmi les produits touristiques tunisiens qui souffrent encore de plusieurs anomalies. Des hôtels fermés, manque de dessertes aériennes directes avec les principaux marchés émetteurs, absence de promotion spécifique, manque cruel d'animation, un artisanat en déperdition et la liste des doléances est encore plus longue. Pourtant, dans le pourtour méditerranéen, c'est la Tunisie qui postule au mieux au statut de destination saharienne. Car, avec plus de 15,6 millions d'entrées touristiques, une capacité d'hébergement de 583.354 lits et des recettes de 7,5 millions de dollars US, les pays qui ont le Sahara en commun représentent le premier pôle touristique africain. Dans ce paysage, la Tunisie se présente comme un pays au tourisme saharien développé avec comme concurrent direct le Maroc et l'Egypte. Sur ce plan, notre pays a l'atout d'être stable et désenclavé point de vue aérien. La Mauritanie, l'Algérie, la Libye, le Soudan, le Tchad, le Niger et le Mali, peinent encore à développer ce créneau, n'empêchent la concurrence pointe déjà du nez. C'est le seul pays qui parvient à tirer son épingle du jeu, étant donné sa proximité et la sécurité de son Sahara, la richesse et la splendeur imperturbable qui se dégagent de cet espace qui a fasciné plus d'un romancier, d'un poète ou d'un cinéaste. La guerre des étoiles, le patient anglais…La liste est longue et l'on ne pourrait citer à titre exhaustif tous les films tournés sur ce plateau inédit que présente le modeste Sahara tunisien. Certes, sur le plan des destinations sahariennes, nous ne pouvons prétendre être les seuls à proposer ce produit, mais étant donné, l'expertise tunisienne, la Tunisie est quasiment le seul pays à pouvoir offrir au visiteur, non loin des belles et magnifiques plages, des montagnes boisées, les étendues calmes et grandioses du Sahara. Villages de montagnes, chotts, ksars, oasis de montagnes, notre pays peut s'enorgueillir de la diversité et de la richesse de son Sahara et de son désert. Dans toutes ces destinations, le tourisme saharien est un produit qui se vend plus cher que le balnéaire et pour cause le tourisme saharien n'est pas n'importe quel tourisme. «Au Sahara, c'est le contexte qui est primordial ; la consommation du touriste est essentiellement symbolique puisque la première jouissance est celle du regard sur les gens et les choses, le silence et l'immensité», souligne une étude de l'Unesco. En effet, «le tourisme saharien donne à voir à des voyageurs des modes de dépaysement, des exotismes, attachés soit à la qualité originelle des lieux (les dunes, les immensités, le silence), soit aux productions humaines vivantes (des habitats, des cultures, des arts et des artisanats, des manières d'être et de vivre), soit à l'état de vestiges (gravures, peinture, ruines etc.», souligne le même rapport. Il est évident que les investissements consentis par le passé ont permis de transformer le visage d'un Sahara sauvage, complexe et hostile à un havre de paix, accueillant et émouvant. Toutefois, en dépit des investissements consacrés, le tourisme saharien ne représente qu'une part limitée du tourisme national et demeure un produit complémentaire au balnéaire. Certes, le balnéaire est un produit de base cependant, le tourisme saharien est appelé à se présenter en tant que produit à part entière, mais pour se réclamer ce statut, de produit indépendant, il faut garantir toutes les composantes que nécessite un tel statut. En effet, cette région, d'une capacité de 11.000 lits, de 14 centres d'animation, de 6 musées, de 14 restaurants et de 44 agences de voyages, ne parvient guère à améliorer son rendement, enregistrant ainsi un taux d'occupation faible qui se situe autour de 30% dans les meilleures saisons. C'est que le tourisme saharien demeure confronté à plusieurs difficultés. En effet, le manque de liaisons avec les principaux marchés émetteurs et la faible capacité de blocs-sièges pendant les saisons représentent un handicap majeur pour l'essor du tourisme saharien, et ce, en dépit de la libéralisation de l'espace aérien de Tozeur qui a rencontré le satisfecit des professionnels. Hormis l'épineux dossier de l'exonération de la prise en charge par l'Etat de la quote-part patronale qui est arrivé à son terme après une dizaine d'années, inquiète les professionnels du tourisme. Sur un autre plan, l'absence d'une communication spécifique ainsi que la nécessité de soutenir et d'encourager davantage la dynamique des festivals ont constitué les autres axes de préoccupation. Cette révolution est intervenue en pleine haute saison du tourisme saharien. Tous les congrès ont été annulés portant ainsi un coup dur aux opérateurs de la région. La restriction au voyage dans cette région est en vigueur depuis plus de trois mois. C'est résumer en quelques mots toute la souffrance des opérateurs de la région.