• J'aurais aimé vivre la révolution en direct. • Les joueurs ont une hygiène de vie calamiteuse • Je viserais sur l'expérience pour la prochaine CAN • Les contacts oui, la «réunionite» non Deux ans après son arrivée, Alain Portes peut se targuer d'un bilan respectable. Une Coupe d'Afrique remportée en Egypte haut la main face aux Pharaons mais aussi un Mondial raté en Suède au moment où la révolution battait son plein. L'esprit ailleurs, joueurs et staff technique sont passés à côté. Le sélectionneur national revient sur les derniers évènements et sur l'avenir de la discipline. Interview Comment avez-vous vécu la révolution tunisienne? Si j'ai des regrets, c'est de ne pas avoir été en Tunisie à ce moment-là. Une révolution c'est une aventure humaine qui sort de l'ordinaire. C'est quelque chose d'historique, de fantastique. J'aurais franchement voulu être présent. Dommage. Mais j'y étais avec mon cœur et ma tête. Personne ne s'attendait à ça. A l'instar des Tunisiens, nous autres Français en Tunisie nous disions que la situation ne pouvait plus durer. On la sentait venir cette révolution mais pas avec autant de rapidité. En fait, elle a surpris tout le monde. Pas de peur au retour en Tunisie? Pas envie de repartir en France? Absolument pas. J'ai trouvé mon quartier hyper gardé par les jeunes qui ont dressé des barricades. Puis il y a les chars des militaires. La situation était particulière mais rassurante. Il y avait une bonne ambiance et les gens étaient libérés, souriants.Par la suite, j'ai eu l'occasion de voir des dégâts, disons collatéraux puisque j'étais voisin d'un membre de la famille Trabelsi. Quels sentiments éprouvez-vous aujourd'hui? Voir naître une démocratie est exaltant. Aujourd'hui, je partage le bonheur des Tunisiens. Les gens sont libres et libérés. Ce changement peut-il donner naissance à un nouveau sept tunisien? Ce qui me gêne, c'est que tout le monde s'arroge le droit d'avoir un avis à donner. Il faudra canaliser tout cela. L'expression «dégage» est forte, excessive. Sur le plan sportif bien entendu. Je suis contre la violence physique et verbale. Au niveau sportif, il faut s'organiser rapidement car on risque d'accuser du retard. Savez-vous qu'on vous reproche de n'avoir pris que cinq joueurs juniors au tournoi de Marrane? Je ne pouvais pas faire autrement. Je tiens d'abord à préciser que le Marrane a fêté cette année ses 35 ans et que les organisateurs avaient des exigences. Ce tournoi était strictement réservé aux seniors. C'est donc une initiative personnelle que d'avoir intégré les cinq joueurs juniors. Ces cinq jeunes feront-ils partie de l'ossature de l'équipe de demain ? Peut-être pas pour l'avenir immédiat. Pour la prochaine CAN qui est qualificative aux Jeux olympiques de 2012, je préfère compter sur les joueurs d'expérience. Actuellement, je suis de près l'évolution de l'état de santé de Wissem Hmam et Aymen Hammed qui sont des joueurs-clés de la sélection. Si par malheur, ils vont encore nous manquer, je puiserais alors dans le vivier des jeunes. Il y a des joueurs qui ont du potentiel. Pour les autres, il faudra attendre. Quelle est au fait la marge de progression de la sélection junior? Mon premier contact officiel avec le sept national junior a eu lieu dernièrement au Qatar. Le groupe a de la qualité, compte tenu du fait que 7 joueurs viennent de la sélection cadette qui a disputé les demi-finales du dernier mondial de la catégorie à Hammamet. La communication est bonne et ils veulent progresser. A quelques exceptions près tous ont une hygiène de vie calamiteuse. A bannir absolument. Car il serait dommage pour le handball tunisien de perdre en chemin ces jeunes de talent. Cette équipe junior disputera en juin le Mondial de Grèce. Quels sont ses objectifs? Je dois attendre le tirage au sort prévu au courant du mois d'avril pour me prononcer. Le premier objectif est d'accéder au second tour. Par la suite, on verra en fonction des adversaires. Les autres nations ont beaucoup progressé depuis le dernier Mondial d'Egypte, particulièrement l'Espagne. Ce n'est pas le cas de la Tunisie qui n'a pas connu une progression aussi sensible. Quelles sont vos relations avec les entraîneurs des clubs? Cela fait longtemps que je ne les ai pas vus. Ce qui m'ennuie, c'est cette instabilité des staffs techniques des clubs. Cette saison, rien que lors de la phase aller, trois clubs (Mahdia, l'Espérance et l'Etoile) ont changé d'entraîneur. Nous avons besoin de clubs forts pour avoir une sélection nationale forte. A part cela, je dois toujours être à l'écoute des clubs et vice versa. Des réunions périodiques sont-elles donc nécessaires? La «réunionite», je n'y crois pas. Je crois plus au travail qu'aux discours. Il faut agir. Des entraîneurs m'appellent régulièrement. Je suis partisan de l'échange.