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"Vous savez, tout commence par un rêve… J'aurai tout fait, même vendre des meubles »
Exclusif : Marchand parle de sa vie, de sa carrière, du CA, de l'Etoile et de l'Equipe Nationale
Publié dans Le Temps le 05 - 04 - 2008


« Je suis un éducateur pas un mercenaire »
Voilà 25 ans que Bertrand Marchand a fait du métier d'entraîneur une véritable vocation. Mais entre temps il aura tout connu et tout expérimenté en foot ; joueur, meilleur buteur à Thouars saison 1985-1986, alors qu'il était arrière droit, secrétaire, trésorier et président du club de son enfance l'E.S.Eréac alors qu'il jouait en tant que professionnel à Rennes, formateur au Stade Rennais,
entraîneur à Guingamp, au C.A et à l'E.S.S, commentateur sportif des matches du Stade Rennais pour la radio « France Bleu » et président d'Ouest Ex-pro, un club de passionnés qui regroupe d'ex-professionnels de D1 et D2.
Il lui manquait une fonction à accrocher à son tableau de chasse, la FTF vient de la lui offrir, le plébiscitant en tant que futur sélectionneur de notre onze national.
Gentil ? Le mot ne semble pas plaire à Marchand, il peut avoir une double signification selon lui. Il se définit plutôt comme correct. «Educateur, formateur et déchiffreur », c'est ainsi qu'il conçoit son métier d'entraîneur. Ne venez surtout pas lui parler d'argent, il se dit « pas du tout mercenaire » et il croit fermement que ceux qui le sont ne peuvent pas réussir dans le football africain. D'où son choix d'entraîner en Tunisie.
La forte pression au C.A ne l'a nullement déstabilisé, mais les responsables ne l'ont pas non plus soutenu jusqu'au bout.
Alors que le CA était sur le point de l'évincer, l'ESS l'a repêché lui faisant signer un contrat d'un an et ne renouvelant pas celui de Faouzi Benzarti. Tel fut le choix de Driss qui avait décelé en lui le profil de l'homme capable de relever tous les défis. En effet durant toute sa carrière, Marchand s'est vanté d'être un homme de projet, un bâtisseur, toujours à la recherche d'un challenge excitant. Driss le lui a offert et il s'en est saisi sans réfléchir. Il a tout de suite répondu « oui » à la proposition du président étoilé.
Main dans la main, les deux hommes vont bâtir en une demi-saison une épopée, inscrivant leur nom en lettres d'or dans l'histoire du football tunisien en remportant la ligue des champions et la super coupe d'Afrique et ils convoitent les deux autres consécrations nationales ; championnat et coupe.
Sitôt sa mission à l'Etoile achevée, il aura, de suite un autre défi à relever. Son destin a désormais basculé. Il n'aura bientôt plus que les supporters de l'E.S.S à satisfaire. Dès juin, c'est à toute la nation qu'il devra plaire.
Affable, disponible, souriant et sincère, il nous a reçus à l'aéroport de Tunis Carthage avant le départ de l'E.S.S pour le Sénégal. Marchand n'est pas encore officiellement « l'élu » de l'instance fédéral quand il s'est prêté cordialement à nos questions nous dévoilant son plan de carrière, ses pensées, sa vision du métier d'entraîneur, son attachement au travail collégial et sa nature d'homme à la fois simple, cordiale, joviale, foncièrement humaine mais aussi autonome, tenace et entêté en authentique breton qu'il est !
-Le Temps : L'Etoile Sportive Eréac est le club de votre enfance, de vos racines et l'Etoile sportive du Sahel, celui où vous avez connu la plus haute consécration du foot africain.
Vous pensez que c'est un hasard ou un signe du destin ?
-Bertrand Marchand : Un signe du destin. Je peux dire que j'ai retrouvé ma bonne étoile ! (Grand sourire).
D'ailleurs les couleurs sont pratiquement les mêmes.
-Q : Vous avez passé 15 ans dans un même club. Est-ce par choix ou par manque de sollicitations ?
-R : C'est au contraire la période où j'étais le plus sollicité mais j'ai choisi de rester. D'ailleurs, j'étais avec le même président de club et on avait travaillé sur un beau projet. Le club était en pleine évolution. Je l'ai récupéré en PH (l'équivalent d'une division 8 en France) et l'ai hissé jusqu'en D3. On était en quart de finale de la coupe de France. On était devenus dans le pays une référence d'un football semi professionnel.
-Q : On vous a assez souvent taxé de formateur et c'est apparemment la principale réticence des clubistes envers vous. De votre côté, vous vous êtes targué de cette caractéristique affirmant que c'était le principal critère de réussite dans les pays arabes et africains.
Vous avez constaté que la formation de nos joueurs présente plusieurs lacunes ?
-R : Effectivement. Quand je suis arrivé au C.A, je me suis tout de suite rendu compte que les joueurs présentaient plusieurs carences techniques et tactiques collectives. Il fallait faire progresser les joueurs pour que l'équipe progresse. Il y avait des faiblesses à rectifier dans les déplacements des joueurs et leurs replacements. Mais ce n'est pas la faute aux joueurs. Il n y avait pas réellement les moyens de la formation dans les clubs tunisiens. Dès le plus jeune âge, on leur inculque l'obligation de la victoire. On leur met tout de suite la pression des derbies qu'ils ne doivent pas perdre et on leur apprend à jouer comme les grands d'où les insuffisances dans la formation.
-Q : Vous avez participé à la formation et à l'éclosion de plusieurs talents du foot français ; Stéphane Grégoire, Dominique Aribagé, Lamine Diatta, Malouda, Drogba, Nestor Fabri et j'en passe.
Ses joueurs se rappellent t'ils de leurs formateurs ou les occultent complètement dès qu'ils prennent leur envol ?
-R : J'ai toujours des contacts avec certains de ses joueurs. Après mes 15 ans à Thouars et ma contribution à la construction du club et bien que je ne me limite pas aux seuls entraînements des seniors, mais supervisais toutes les catégories depuis les poussins, je sentais que j'avais des zones d'ombre en ce qui concerne la formation. J'ai voulu y remédier, d'où mon passage à Rennes au cœur de la formation. Quand on est formateur, on fait un travail de fond, mais quand on est entraîneur professionnel, on s'attache à la forme.
D'ailleurs j'ai découvert l'Afrique à Rennes !
Dans les centres de formation, c'était l'époque de l'arrivée massive des joueurs africains. C'est là que j'ai appris à les reconnaître et, même à les distinguer par pays d'origine ! Vous pouvez me croire, ils avaient des caractéristiques et des attitudes différentes selon qu'ils étaient sénégalais ou ivoiriens ou autres.
Q : Cela vous a encouragé à venir en Tunisie ?
R : Certainement ! Je n'aime partir à l'aventure ! La Tunisie est un pays proche de l'Europe et de la France en particulier, même par le mode de vie. Je me sentais bien avec les joueurs maghrébins que j'ai eus au centre de formation.
Q : Vous vous définissez comme un « homme de projet ». Quel projet avez-vous apporté au CA et pourquoi ont-ils jugé que vous avez échoué ?
R : Je ne considère pas que j'ai échoué. S'il y a échec, ce sont les responsables clubistes qui l'assument ! Quand j'ai débarqué au CA, le club souffrait de problèmes financiers énormes. Leur priorité était les titres, mais on n'avait pas les moyens de les avoir. L'équipe était 3ème et elle l'est restée ! On avait joué une belle finale de coupe, mais on l'a perdu.
La saison d'après, nous avons amélioré notre classement bien que nous n'ayons jamais réussi à récupérer un véritable 9. On a titillé l'ESS jusqu'à la fin de la saison et on y a cru. Mais finalement la logique sportive a été respectée. L'Etoile nous était supérieur sur tous les plans ; organisation, infrastructures, potentiel humain et qualité de joueurs !
Je pense que j'ai aidé le CA à repartir sur de bonnes bases et je suis complètement satisfait du travail que j'ai accompli. J'étais en accord avec mon staff technique et médical, mais aussi avec mes joueurs. Ceux qui connaissent le foot savent que le CA avait changé de physionomie. Je suis d'ailleurs content qu'ils continuent sur leur lancée cette saison. Quand on construit c'est pour une durée qui mérite d'être consolidé !
Q : « Suivons le CA de Tunis grâce aux messages de Bertrand » ; une correspondance que vous avez entretenu avec votre club d'origine l'E.S.Eréac par vos messages réguliers sur leur site. Est-ce une idée de vous ?
R : Oui, c'est mon côté sentimental. Vous savez, c'était la première fois que je quittais mon pays et il était important pour moi de garder le contact avec mes amis et mes relations dans le club. Je leur rendais compte de mon activité au CA et m'enquérrais de la leur. C'était aussi une sorte de fil conducteur entre la Tunisie et la France.
Q : Vous avez occupé tous les postes et été de toutes les fonctions en foot. Ça aide à forger un bon entraîneur ?
R : Enormément ! Tout ce que je fais c'est par plaisir et ensuite pour me former.
Q : Même commentateur de matches à la radio ?
R : Aussi, entraîner c'est bien parler, s'exprimer, savoir communiquer et la radio est un excellent moyen d'apprendre cela. On donne des rêves à l'auditeur puisqu'il n'a pas la possibilité de voir le match. On optimise les performances d'une équipe et la qualité du jeu. Le sport et encore plus le foot c'est du rêve !
Q : vous vendez des rêves à vos joueurs alors ?
R : Si on n'avait pas rêvé d'aller battre Al Ahly en Egypte même, on ne l'aurait jamais fait. A un moment donné et pendant cinq ans, j'ai vendu des meubles et ça m'a appris beaucoup de choses. Dans ces cas, on vend ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas. Quand j'étais commentateur, je commentais les matches que j'appréciais, là où on jouait du bon football et j'essayais de rendre beau ceux qui étaient de moindre niveau.
Q : Suite à votre sacre africain, vous avez reçu des mains de Pierre Escalettes, le président de la FFF le trophée Unicatef « coup de coach » qui récompense un entraîneur ou un sélectionneur français ayant réalisé un exploit sur le plan national et/ou international.
Cela vous a fait plaisir ?
R : Enormément ! Déjà, j'étais sidéré quand on m'a informé que j'étais le premier entraîneur français à avoir remporté une ligue des champions toutes confédérations confondues. Vous savez, je ne suis pas le meilleur entraîneur français, mais je ne suis pas le pire non plus. J'ai perçu cela comme une reconnaissance parce que quand on est loin des yeux, on est loin du cœur ! D'être retourné en France pour recevoir ce trophée m'a plu.
Entraîner n'est pas juste un métier pour moi c'est surtout une vocation. Quand on fait bien son travail, on finit forcément par récolter de bons résultats. Mais ce qui m'intéresse le plus c'est de donner l'image d'un homme intègre et honnête. Je suis resté réaliste malgré cette reconnaissance.
Q : Le CA vous a remis en scelle et l'ESS vous a propulsé au firmament. Quelles sont vos prochaines ambitions ?
R : quand on a goûté aux titres, on ambitionne de pouvoir continuer. Mais ma plus grande ambition, c'est de toujours travailler en parfaite adéquation avec mon staff technique, médical et mes joueurs. Je veux voir ces derniers s'épanouir et prendre plaisir aux entraînements, faire des résultats dans une bonne ambiance.
Q : Gagner le match du CA vous donnerait le titre ?
R : Ne pas le perdre nous positionne déjà dans la peau de favoris. Mais il y a les autres matches à gagner aussi.
On a deux points de plus et une pression positive on a un effectif assez large qu'on gère au mieux. On fait souffler les joueurs. Ils se sont d'ailleurs habitués au niveau supérieur.
Q : Et pour l'E.N, vous croyez qu'on vous prendra parce que vous êtes « financièrement accessible » ?
R : Il y a de cela aussi. Mais ce qui me rend réellement heureux c'est la reconnaissance du public tunisien pour mes compétences et l'unanimité autour de ma personne. Pour l'instant je n'ai pas eu de véritables négociations mais quelques contacts. Le métier de sélectionneur m'intéresse assez. Mais dans mon plan de carrière je n'y ai pas vraiment pensé parce que mon authentique plaisir c'est d'aller chaque jour à l'entraînement, de façonner une équipe pour avoir des résultats. On peut rapidement mettre son empreinte sur une équipe de club mais en équipe nationale ce sont les résultats qui font l'empreinte. Je me sens tunisien et j'ai tout de suite eu les rapports faciles avec vos concitoyens. Tout dernièrement j'ai goûté à un plaisir à la fois rare et extraordinaire ; j'ai été invité à Bouficha au fin fond de la campagne pour manger un couscous avec des paysans. Comme j'en suis un moi aussi ce fut un moment de bonheur inouï ! Je crois que je me suis bien adapté et intégré au mode de vie tunisien.
Q : Mais le rêve pour vous reste d'entraîner un club de ligue une Française ?
R : Tout à fait parce que j'adore entraîner au quotidien.
C'est plus une question de travail qu'autre chose.
Aïda ARAB ACHAB
Parcours
- de 1969 à 1972 : l'E.S. Eréac
- de 1972 à 1980 : Stade Rennais (D1-D2)
- de 1980-1982 : Montmorillon (D2)
- de 1982 à 1997 : Thouars (de PH, équivalent de 8ème division à D3) : entraîneur joueur puis entraîneur
- de 1997 à 2001 : Stade Rennais ; responsable du centre de formation puis entraîneur adjoint du groupe pro
- de 2001 à 2003 : Entraîneur de l'En Avant Guingamp.
- 2005-2007 : Entraîneur C.A
- 2007-2008 : Entraîneur E.S.S


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