Ioulia Timochenko, qui est actuellement à la tête du gouvernement de Kiev, et l'ancien Premier ministre, Victor Ianoukovitch, le grand perdant de la «révolution orange» de 2004, devancent le président sortant dans les sondages. Le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu le 17 janvier. Un second tour sera très probablement nécessaire le 7 février. Pour tenter de remonter la pente, le président sortant, proche de l'Occident, a voulu mettre au centre de la campagne électorale la question des relations entre Kiev et Moscou, qui se sont détériorées sous sa présidence. Le Chef de l'Etat, qui inquiète le Kremlin en voulant notamment que l'Ukraine intègre l'Otan, est passé à l'offensive dimanche en accusant Ianoukovitch et Timochenko, jadis son alliée, de faire le jeu de Moscou et de vouloir replacer le pays dans l'orbite du Kremlin. «Timochenko et Ianoukovitch sont les parfaits représentants d'une même et simple coalition, celle du Kremlin», a-t-il dit lors d'une tournée dans la région de Lviv, dans l'ouest du pays. Dans l'hypothèse où ses deux rivaux concluront un accord pour le second tour, «que lui devienne Premier ministre et elle présidente, ou vice-versa, le discours sera le même», a-t-il ajouté. Il a affirmé que ses deux adversaires voulaient conclure avec la Russie un accord gazier servant leurs seules ambitions et qui représenterait «une capitulation» de Kiev face au Kremlin dans les domaines énergétique et économique. «Le jeu de Moscou» En outre, a poursuivi le chef de l'Etat, «si Timochenko devient présidente, la flotte russe restera pour toujours» à Sébastopol, le grand port ukrainien de la mer Noire que les Russes se sont engagés à quitter en mai 2017. Lors de la présidentielle contestée de 2004, Moscou n'avait pas caché sa préférence pour Ianoukovitch. Les fraudes constatées pendant le scrutin avaient contribué à provoquer la «révolution orange» à l'origine de la chute du favori du Kremlin. Une nouvelle élection avait alors conduit à la présidence Iouchtchenko, allié à l'époque avec Ioulia Timochenko. Au cours des cinq dernières années, cette association s'est progressivement dissoute, Iouchtchenko n'hésitant pas à provoquer les Russes pour se rapprocher de l'Ouest tandis que Timochenko adoptait une ligne de conduite plus pragmatique. La blonde égérie de la «révolution orange» entretient de bonnes relations avec le Premier russe Vladimir Poutine, qui a tenu cependant à affirmer que Moscou ne prenait pas parti dans la campagne en cours. En visite dimanche en Crimée, elle s'est fixé comme priorité la lutte contre la corruption dans les services publics. «Il m'est parfois arrivé d'envier la Chine où, pour combattre la corruption, on coupe des mains et on exécute des gens. Nous, bien sûr, en tant que peuple européen, nous ne pouvons pas recourir à de telles méthodes — même si cela nous démange», a-t-elle dit. Pour sa part, Ianoukovitch a affirmé ce week-end que la «politique orange» des cinq dernières années avait surtout consisté à s'inventer des ennemis au lieu de répondre aux nécessités du moment. «Nous devons nous rassembler pour combattre la crise économique et la pauvreté. Le vrai ennemi de l'Ukraine, c'est l'extrême pauvreté dans laquelle vivent des millions d'Ukrainiens. Alors, arrêtons de nous inventer d'autres adversaires», a-t-il lancé.