KIEV (Reuters) — Le groupe parlementaire de Ioulia Timochenko dénonce des fraudes massives à l'élection présidentielle de dimanche en Ukraine et promet de contester le résultat du scrutin devant les tribunaux. A en croire un journal ukrainien, Ioulia Timochenko «ne reconnaîtra jamais» sa défaite face à Viktor Ianoukovitch. Selon la commission électorale ukrainienne, le chef de file de l'opposition a été élu président avec une avance d'environ 2,9 points et 734.000 voix sur Timochenko à l'issue d'un scrutin dont les observateurs de l'Osce ont salué la bonne tenue. Ce n'est pas l'avis du numéro deux du Bloc Timochenko, qui a dénoncé hier devant le parlement «une violation cynique de la loi ukrainienne par les équipes de Ianoukovitch, des pressions sur les électeurs et le déploiement d'un large arsenal de falsification par le Parti des régions». «Par conséquent, le Bloc Timochenko annonce qu'il défendra devant les tribunaux ses droits et les droits de nos citoyens à des élections honnêtes et transparentes», a ajouté Sergueï Sobolev. D'après le quotidien Ukrainska Pravda, Timochenko elle-même a assuré lundi soir lors d'une réunion de son parti qu'elle ne reconnaîtrait «jamais la légitimité de la victoire de Ianoukovitch dans de telles élections». Recours Timochenko, Premier ministre sortant et ancienne figure de proue de la «révolution orange» de 2004, a donné instruction à ses avocats de préparer des recours contre le résultat de l'élection, ajoute le journal sur son site internet. L'Ukrainska Pravda précise que certains membres du parti de Timochenko sont en désaccord avec elle et lui ont conseillé d'admettre sa défaite, de démissionner de son poste de Premier ministre et de se ranger dans l'opposition. Aux termes de la loi ukrainienne, des cas de fraude présumée doivent d'abord être constatés par des tribunaux. Ce n'est que si un grand nombre de cas de fraude sont avérés que l'on peut faire appel devant une juridiction supérieure pour réclamer un nouveau décompte ou même un nouveau scrutin. Un tel recours pourrait dès lors retarder la publication officielle des résultats et reporter l'investiture du nouveau président, qui doit se faire normalement dans un délai de trente jours après la publication des résultats. Si Ioulia Timochenko concède sa défaite, Viktor Ianoukovitch devrait normalement pouvoir être investi à la mi-mars. Son directeur de campagne, Boris Kolesnykov, a exclu toute répétition du second tour de la présidentielle. «Quel troisième tour ? Pour quelle raison ? Parce qu'elle a perdu de mauvaise grâce ? Elle irait jusqu'à un huitième tour jusqu'à ce qu'on l'élise. Il n'y aura pas de troisième tour. Il y aura des tribunaux, allez devant les tribunaux, mais il n'y a aucune base légale (pour une procédure)», a-t-il dit à Reuters.