La Bibliothèque nationale abrite depuis le 15 avril 2011, une exposition de groupe réunissant peintres, photographes, calligraphes et graveurs… 12 artistes, amenant chacun une réflexion, une lecture autour de la «révolution» avec, dans certains cas, des œuvres datant d'avant-2011, mais qui demeurent plus que jamais d'actualité.. Le graveur Mohamed Ben Meftah propose une série de sanguines, de pointes sèches et d'aquarelles, Imed Jemaïel des dessins, Halim Karabibene et Omar Bsaïs nous livrent des photographies. De la peinture également avec les travaux de Slimen El Kamel, Nabil Saouebi, Ali Ridha et Adnene Haj Sassi. Encore du dessin avec ceux de Oussema Troudi accompagnés de vidéos. Les «graphies» revêtent différentes formes chez ce dernier qui nous livre également des mots pour nous parler du contexte de l'expo. En voici un extrait: Artiste, donc citoyen Le destin des artistes est bien différent et il reste différent en temps de révolte, parce que la leur prend une autre forme et a un autre goût : leur destin est de résister. Il n'y a pas d'art sans résistance, autant qu'il n'y ait de révolution sans art. Quand la révolte populaire se dresse contre la tyrannie, elle se situe à l'extérieur de son système de règles établies et rompt donc totalement avec ce dernier, elle est brève, impatiente de cueillir ses propres fruits, et sa force fait souvent qu'elle réussit. La révolte des artistes se fait résistance. Elle s'oppose à ce même système de règles établies bien avant que sa tyrannie ne devienne insupportable, ou l'est-elle déjà pour les artistes. Elle ne se situe pas à l'extérieur du système et continue à rendre possible et valable un échange avec lui, en proposant sans cesse de nouvelles formes, d'échange, entre autres. La résistance est faite pour durer aussi longtemps que peut durer ce à quoi elle s'oppose, elle est patiente, elle sait qu'elle n'est «rentable» qu'à long terme et l'accepte. Si la révolte des artistes a une autre forme, c'est que la forme est leur domaine. Ils sont «plasticiens», qu'ils soient poètes, musiciens, danseurs… A quoi donc résisteraient-ils sinon qu'à d'autres formes qu'ils jugent aliénantes, porteuses d'oppression, voire de tyrannie. Les artistes ne sont évidemment pas les seuls qui résistent, comme tous ceux qui adoptent cette forme de révolte ne sont des artistes». L'exposition se poursuit jusqu'au 30 avril 2011, avec forte possibilité de prolongement. Elle mérite le détour.