Une sérieuse menace pèse sur la compétition et elle ne s'appelle pas uniquement sécurité et protection des acteurs Depuis la démission de Younès Selmi, président de la direction nationale d'arbitrage, dimanche dernier, justement pour protester contre l'insécurité de plus en plus prononcée et préjudiciable dans laquelle ses protégés sont contraints d'exercer leurs fonctions, les hommes en noir — lesquels broient vraiment du noir, aujourd'hui — haussent le ton‑: il n'est plus question qu'ils continuent de diriger des rencontres où ils se retrouveraient malmenés, agressés, humiliés et parfois même blessés. Physiquement s'entend, car sur le plan moral, cela fait belle lurette qu'ils souffrent le martyre. Ils en sont au point où, n'étant plus certains de rentrer sains et saufs de leurs périlleuses équipées dominicales, ils exigent de réelles garanties. Sans celles-ci, ils brandissent tout simplement la menace de boycotter la compétition, ce qui signifierait tout simplement l'arrêt du championnat. L'autorité fédérale n'est pas du reste demeurée insensible à ces développements. Hier matin, le président de la FTF, Anouar Haddad a reçu le président de l'amicale des arbitres, Houcine Ouled Ahmed, pour chercher les meilleurs moyens de protéger les référées. Les parties arrêtées dimanche dernier à Bizerte (CAB-CSS) et à Béni Khalled (ESBK-SG) ont accentué le malaise d'autant qu'aussi bien Wassim Ben Salah que Slim Belakhouas ont vécu des frayeurs dans ces enceintes. Lundi soir, des dizaines d'arbitres affiliés à la Ligue de Tunis Cap-Bon se sont rassemblés pour marquer fermement le refus de la corporation de servir de bouc émissaire et de devoir endurer les affres et jouer «à découvert», c'est-à-dire un exercice de funambule sans filet. Désigné en tant que 4e arbitre pour le match en retard EGSG-ESS, Moez Khitanni s'est présenté à cette réunion de protestation, habillé en noir (la tenue originelle des arbitres), casque sur la tête (comme dans une bataille) et matraque en main : l'image est saisissante et hautement significative. Comme pour dire : nous réclamons toute la protection nécessaire, car on ne peut pas être livrés comme cela à notre triste sort. Peut-être même se sentent-ils un peu plus «exposés» depuis le départ de leur patron Younés Selmi. Ce qui explique l'extrême tension qui a présidé à la réunion d'hier matin du président de leur amicale avec le patron de l'exécutif fédéral. Lequel n'en finissait pas hier de tenter de démêler l'écheveau‑:‑d'abord en tentant de calmer la colère des referees. Puis en recherchant un modus-vivendi sur la façon avec laquelle va se poursuivre le championnat, dans une réunion avec les présidents des clubs. Enfin, au niveau du bureau fédéral, lequel doit entériner ces options (soit le huis clos, soit une poursuite selon la formule actuelle, c'est-à-dire en présence du seul public local). Décidément, entre menace de boycott brandie par le corps arbitral et assurances pour une protection apaisante, la compétition 2010-2011 titube, chavire et peine à arriver à bon port.