L'affaire est grave, très grave. Surtout quand elle vient de Laurent Blanc, l'actuel sélectionneur français. Les démentis de la FFF n'y font rien ! Mediapart persiste et signe. Le sélectionneur de l'équipe de France Laurent Blanc s'est dit ‘tout à fait favorable' à la limitation du nombre de joueurs à double nationalité dans les centres de formation lors d'une réunion avec des responsables de la Fédération (FFF) fin 2010. Mediapart, qui a récemment écrit que «pour les plus hautes instances du football français, l'affaire est entendue : il y a trop de Noirs, trop d'Arabes et pas assez de Blancs sur les terrains», a reproduit samedi dernier un extrait de la discussion tenue le 8 novembre 2010, lors d'une réunion de la Direction technique nationale chargée d'examiner les conclusions de l'audit mené sur l'Institut national du football [le Centre de formation de Clairefontaine]. Laurent Blanc avait affirmé : « Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture (…) Les Espagnols, ils m'ont dit : ‘Nous, on n'a pas de problème. Nous, des Blacks, on n'en a pas». Et à Erick Mombaerts (sélectionneur de l'équipe de France Espoirs) de répondre : «Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité ?». Ainsi, les dirigeants de la FFF souhaitent établir des quotas discriminatoires dans les différentes équipes de France. Pour les plus hautes instances du football français, l'affaire est entendue. Plusieurs dirigeants de la Direction technique nationale (DTN) de la Fédération française de football (FFF), dont le sélectionneur des Bleus en personne, Laurent Blanc, ont approuvé dans le plus grand secret, fin 2010, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays. Mediapart avance le chiffre de 30%, que le DTN lui-même, François Blaquart, aurait fixé. L'intéressé a démenti auprès de Mediapart : «Si vous me prouvez que ça a été écrit, que vous l'avez, que vous l'avez récupéré ou que quelqu'un peut témoigner en ce sens-là, moi je veux bien l'entendre. Mais en aucun cas de manière institutionnelle, de manière officielle, de manière écrite, de manière rapportée, ça n'a été évoqué.» Vendredi, le président de la FFF, Fernand Duchaussoy, a annoncé le lancement d'une enquête interne: «François Blaquart (...) et d'autres dirigeants de la DTN ont proposé à plusieurs reprises lors de réunions officielles la planification d'une discrimination concernant les jeunes joueurs prometteurs et obtenu gain de cause». L'affaire n'en finit donc pas de susciter des réactions. Après l'annonce de la suspension du directeur technique national, François Blaquart, Blanc s'est également excusé quant à l'interprétation possible de certains de ses propos. La ministre des Sports, Chantal Jouanno, est confrontée à une grave crise, tentant de trouver l'équilibre adéquat entre action et prudence. «Les propos qui ont été publiés (samedi matin) sont graves. Ça n'est pas une sanction dans la mesure où Blaquart conserve son contrat de travail. Ce ne sont que ses missions de DTN qui sont suspendues pendant une période très courte puisque l'inspection et l'enquête interne doivent prendre au maximum une semaine. Les allégations, les propos publiés par Mediapart sont quand même assez lourds», a déclaré la ministre. Marseille incriminé ! L'enquête publiée par Mediapart met aussi en cause "la discrimination cachée" déjà pratiquée dans le centre de formation marseillais par Didier Deschamps et José Anigo! Mediapart a ainsi lâché une petite bombe qui a touché le club olympien au passage puisque selon le site internet d'information, "la discrimination cachée" a déjà commencé dans les centres de formation de Lyon et de Marseille. Ces accusations ont fait vivement réagir Didier Deschamps lors de la conférence de presse au centre d'entraînement Robert Louis-Dreyfus. "Ça me paraît tellement déplacé, a déclaré l'entraîneur olympien. Je ne peux pas croire à de telles réunions ou décisions. C'est très grave de tenir de telles accusations. (...) Je connais bien Laurent Blanc. On a joué ensemble, dans le groupe de 1998, une équipe multiraciale. On était fier de cette identité et on l'est toujours. On a eu d'énormes discussions en dehors du football. Je ne peux pas penser qu'il puisse être associé à de telles décisions". L'ancien capitaine de l'OM et des Bleus a également balayé les accusations qui concernent le club olympien : "Regardez donc ce groupe : il y a des joueurs d'Afrique noire, d'Afrique du Nord, des Sud-Américains... Et de conclure: "Le football, c'est le sport populaire par excellence, accessible à tous". Mathieu Valbuena a lui aussi volé au secours de son club et de sa sélection : "Bien sûr, c'est choquant, donc on va suivre l'affaire parce que ça fait peur, affirme le milieu de terrain olympien. Qu'on soit de n'importe quelle couleur, c'est l'humain qui prime avant tout, ainsi que les qualités sportives. On ne doit pas faire de choix par rapport au fait d'être black, blanc ou beur. L'OM et l'équipe de France ne se situent pas du tout dans cette politique, donc je crois que la polémique va être réglée rapidement". Plus tôt dans la matinée, le club avait réagi par l'intermédiaire de son directeur sportif José Anigo : "C'est honteux de porter de pareilles accusations contre notre club. J'invite celui qui le souhaiterait à venir jeter un œil sur nos effectifs. A l'OM, on a toujours considéré que cette mixité est une richesse". Blanc comme neige !? La discussion avait antérieurement commencé sur les joueurs français d'origine étrangère qui repartent jouer pour leur pays d'origine lorsqu'ils ne sont pas sélectionnés en Equipe de France. Un problème pour Laurent Blanc : "Il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu'après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Ça, il faut quand même le limiter. je dis pas qu'on va l'éradiquer mais le limiter dans ces pôles-là". Laurent Blanc ajoute également : "Moi c'est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C'est pas les gens de couleur, c'est pas les gens nord-africains. Moi j'ai aucun problème avec eux. Mais le problème, c'est que ces gens-là doivent se déterminer et essayer qu'on les aide à se déterminer. S'il n'y a que des blacks dans les pôles (de jeunes) et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien". Et à Blanc d'enfoncer le clou: «On a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs : grands, costauds, puissants (...) Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel». Pour un football qui a bâti sa gloire et gagné ses titres de noblesse grâce aux arabes, aux africains et aux joueurs d'outre-mer, voilà le comble de l'ingratitude!