La France s'est illustrée lors du premier tour de la Coupe du monde en Afrique du Sud, en donnant le spectacle d'une sélection complètement dépassée par les évènements, d'un sélectionneur qui ne maîtrisait plus rien, et de joueurs, emmenés par un "quarteron" de cadres irresponsables, dont le seul fait de gloire aura été d'offrir au pays organisateur sa seule et unique victoire dans la compétition. Des instances dirigeantes aux abonnés absents Et, comble du comble, les instances dirigeantes du football français se sont ainsi surpassées, jour après jour, pour afficher le spectacle affligeant d'un radeau à l'abandon, dont le point d'orgue aura été, avant même la mutinerie des joueurs, la gestion du "cas Anelka". Sans une fuite fort à propos publiée dans la presse, il va de soi que le caractériel de Chelsea n'aurait jamais été sanctionné pour les insanités proférées à l'encontre du sélectionneur à la mi-temps de France-Mexique. Pendant ce temps, l'Equipe de France n'était pourtant pas aussi abandonnée à son triste sort que ce que l'on a bien voulu le dire. En effet, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé et des Sports, s'est sacrifiée en partageant l'intimité des Bleus, pendant une dizaine de jours, allant même jusqu'à en appeler à un sursaut national, les yeux dans les yeux, à quelques minutes du dernier match des Tricolores face à l'Afrique du Sud… Malheureusement de sursaut national il n'y en eu point, et l'Equipe de France a quitté la compétition sur la pointe des pieds, laissant sur le champ de bataille de Bloemfontein leur honneur bien plus que leurs dernières illusions… L'entrée en scène des politiques Dès lors, il n'a plus été question de réconfort ou d'interventions larmoyantes. Mme Bachelot s'est distinguée, dès son retour en France mercredi, dans les travées de l'Assemblée Nationale, en annonçant que «le gouvernement allait rénover profondément la gouvernance du football», se cachant derrière les «rêves brisés de milliers d'enfants» pour tenter de reprendre d'une main de fer la délégation de service public dévolue à la Fédération française de football (FFF), tout en jugeant «inéluctable» le départ de son Président, Jean-Pierre Escalettes. Le Président de la République s'est également invité au banquet. Outre des états généraux du football convoqués pour le mois d'octobre, Nicolas Sarkozy, après avoir convoqué Thierry Henry dès sa descente d'avion, s'est mis dans la tête d'entendre tous les joueurs de l'Equipe de France, les uns après les autres, un peu comme des sujets iraient expier leurs péchés devant la plus haute Autorité de l'Etat. Etrangement silencieuse jusqu'alors, malgré cette surenchère démagogique, la Fifa vient de siffler brutalement la fin de la récréation, par la voix de son secrétaire général, le français Jérôme Valcke. Celui-ci s'est senti obligé de rappeler à la ministre des Sports la façon dont la «pyramide de pouvoir dans le football fonctionne: personne ne peut demander à quelqu'un de démissionner, une personne est élue, et ce n'est que si elle pense avoir failli qu'elle peut démissionner…» En d'autres termes, la Fifa n'apprécie que très modérément ce genre d'ingérence dans ses affaires, la FFF étant sous la tutelle de la Fifa. Et Jérôme Valcke de rappeler que l'Irak a été suspendu en 2008 pour des ingérences politiques similaires, tout comme la Pologne la même année, menaçant par là même l'organisation de l'Euro 2012 ! Tout en précisant qu'en «ce qui concerne la France, on n'est pas inquiet, mais attentif» et «qu'on fait confiance aux gens pour ne pas se mettre dans une situation difficile», le secrétaire général de la Fifa conseille gentiment aux autorités politiques françaises de ne pas trop se mêler du fiasco sud-africain. Dans la grande famille du football, le ménage doit se faire… en famille justement, et il est de bon ton de rappeler de temps en temps que sport et politique font rarement bon ménage, surtout lorsqu'il s'agit de crier au loup avec les loups…