Dimanche et lundi, un calme relatif régnait à Dhehiba et ses environs. Le nombre de voitures arrivées au point de passage Wazen-Dhehiba a diminué par rapport aux jours précédents. Par contre, les véhicules qui vont dans l'autre sens sont un peu plus nombreux. En effet, profitant de l'accalmie, plusieurs insurgés sont entrés dans le territoire tunisien pour se ravitailler en produits de première nécessité et en médicaments, à partir des stocks mis à la disposition des réfugiés, à Dhehiba, par les ONG et les organisations humanitaires et revenir renforcer leur camp. Mais cela n'empêche que des tirs et des explosions sont toujours entendus au loin, par intermittence, dans les endroits limitrophes au territoire libyen. M. Khalifa Ben Ismaïl, originaire de Nalout, nous confie : «Les insurgés à Nalout sont bien postés sur les hauteurs. Les milices ont battu en retraite après les attaques de samedi. Maintenant, ils sont en train de se rassembler à Ghazaya, Tiji, Badr, Rouis et Tkout pour remettre de l'ordre dans leurs rangs et effectuer une autre offensive». Une hypothèse très plausible parce qu'il semble qu'ils tiennent absolument à reprendre le point de passage le plus stratégique de la région «Marbah». Et c'est ce qui fait dire aux habitants de Dhehiba qu'il s'agit du calme qui précède la tempête. A signaler que des ambulances sont arrivées hier matin, en provenance de Zenten essentiellement évacuant des blessés à l'hôpital militaire, au dispensaire de Dhehiba ou à l'hôpital régional de Tataouine. Un témoin oculaire, présent au point de passage nous a appris qu'il y a des familles libyennes qui font vraiment pitié : «Elles vendent tout ce qu'elles ont, des bagues, des bijoux, de l'électroménager, juste pour se procurer de l'essence et poursuivre leur chemin vers des familles tunisiennes, au centre et au Nord du pays». «Une semaine sans plomb» M. Kilani Ben Aïssa, figure emblématique à Dhehiba, a eu l'idée de former un comité des sages composé de quelques personnes influentes, originaires de la région, pour venir en aide au peuple libyen en toute neutralité. Initiative louable à travers laquelle M. Kilani est entré en contact avec les insurgés d'une part et les milices pro-Gueddafi, de l'autre. Il leur a proposé une semaine sans plomb pour permettre aux ONG et aux organisations humanitaires d'entrer sur les lieux et ramasser les cadavres qui jonchent le sol et les inhumer, trouver une solution au bétail abandonné, ainsi qu'aux vieux et aux petits coincés dans les demeures, sans vivres. Dans un premier temps, les rebelles n'ont pas refusé l'idée, mais les pro-Gueddafi ont exigé plutôt des négociations et des pourparlers directs. L'accord final n'est donc pas conclu, mais les tentatives se poursuivent de la part de M. Kilani et des membres du comité. Ras Jédir 20 Libyens sont arrivés dimanche au port d'El Ketf à bord d'une embarcation à moteur. Il s'agit de 3 cadres du ministère de l'Intérieur : un colonel, un capitaine et un officier, accompagnés de leurs familles. Plusieurs autres voitures, luxueuses, transportant des diplomates et des journalistes étrangers sont entrées par le passage de Ras Jédir contrôlé par les fidèles de Gueddafi, lourdement armés, et qui tirent parfois en l'air, comme «pour nous intimider» nous dit un fonctionnaire de l'Office des Tunisiens à l'étranger.