Ali Louati honoré, hommage posthume à Taoufik Boughedir et coup d'envoi de la 5e édition du Printemps de la Création. Des professionnels du domaine, des journalistes, des amis et fidèles aux espaces de création, tout le monde ou presque était présent, samedi dernier, à la salle le Quatrième Art à l'occasion du 27 mars, Journée internationale du théâtre. Mohamed Driss, directeur du Théâtre National et directeur de l'Institut mondial du théâtre, a ouvert la soirée, en nous communiquant la lettre du Président de la République, célébrant cette journée particulière, saluant les efforts des artistes tunisiens pour le développement de ce secteur et encourageant ces derniers à poursuivre leurs efforts en vue de hisser cet art à un plus haut niveau. Driss a par la suite exprimé son bonheur de retrouver ses collègues et amis, en faisant l'éloge du théâtre, source de divertissement et d'inspiration, capable d'unifier les peuples et les cultures du monde, et qui—pour reprendre les propos de Judith Dench, la célèbre comédienne britannique—«nous fait pleurer, rire et surtout penser». Le programme de la soirée a démarré par un hommage posthume à Taoufik Boughedir, un des pionniers de la critique théâtrale et du théâtre radiophonique en Tunisie (1916-2010). La famille du disparu était présente, en l'occurrence ses neveux et nièces, et son fils, non moins connu, le cinéaste Férid Boughedir. Les témoignages de Raja Farhat, homme de théâtre et de culture, de Ridha Khouini, parolier et poète, de Zerieb (Salah El Mehdi), musicien et compositeur, et du fils Boughedir, étaient émouvants et avaient beaucoup de sens. «Un mois avant de mourir, les Journées théâtrales de Carthage lui avaient rendu hommage. Il était heureux et impressionné par ce public qui l'applaudissait debout…». Et le cinéaste de conclure : «Votre présence encore aujourd'hui prouve que mon père ne sera jamais oublié...» Un film de 8mn, bien que inachevé, a complété le portrait de Taoufik Boughedir, cet homme confiant, élégant et modeste, et nous a appris long sur la relation de ce dernier avec Ali Douagi, l'écrivain de la génération «Taht Essour». En cette journée internationale, Ali Louati, auteur, peintre et poète, a été également honoré. Son ami Chedly Ben Younes, avocat, a évoqué leurs souvenirs communs du théâtre scolaire. R. Farhat et M. Driss lui ont aussi exprimé leur admiration et leur amitié, en dénombrant ses différents talents et sa capacité à «dompter» le mot et à en exprimer les sens. L'hommage, en présence de l'artiste, s'est terminé par une projection de ses promenades culturelles et un extrait de l'une de ses pièces écrites pour le Théâtre National : Al moutachâbitoun. La première partie de la Journée internationale s'est clôturée par un discours de M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, qui a donné le coup d'envoi à la cinquième édition du Printemps de la Création (salle le 4e Art, du 27 au 31 mars), en soulignant l'importance de cette Journée internationale du théâtre qui revêt, cette année, une dimension particulière eu égard aux activités réalisées par ce secteur au cours de ces dernières années… En effet, a-t-il dit, après la consultation nationale sur le théâtre, l'on a procédé à la célébration du centenaire du théâtre tunisien. «Le secteur a connu, en l'année 2009, plusieurs manifestations qui ont enrichi les expériences dramatiques et consolidé les liens entre les générations du théâtre, des pionniers à la génération actuelle». A la fin de son discours, le ministre a réitéré le souci de son département d'associer la famille théâtrale élargie à l'élaboration de propositions pratiques, permettant de garantir la pérennité de la marche réussie de l'art dramatique dans notre pays et la tradition du spectacle chez le Tunisien. En deuxième partie de soirée, on a cédé la scène à la pièce qui fait l'ouverture du Printemps de la Création. Il s'agissait de Kawal sbata, texte et mise en scène de Abdelkader Ben Saïd et Noureddine Ayari. Dans un château dépeuplé, les esprits qui y vivaient se retrouvent et reprennent vie… Mais que reviendraient-ils faire dans un monde qui n'est plus le même et où les rapports de force font la loi? Peuvent-ils espérer vaincre le mal par le bien ? Par quelle énergie ? En tout cas pas celle des vaincus !