La Méditerranée est toujours inscrite, ardemment, dans le cœur de Richard Martin et qu'il ne cesse de célébrer à travers des rencontres mémorables au théâtre Toursky, dans le quartier nord de Marseille. «Cette saison encore, nous dit-il, notre théâtre a voulu mêler les formes d'écriture et d'expressions visuelles les plus diverses, en les réunissant autour de l'axe de la créativité artistique contemporaine». A travers l'effet domino de la révolution tunisienne, cette mer de l'intranquillité où, pour reprendre Fernando Pessoa, «nous vivons tous anonymes et distants les uns des autres, souffrant et demeurant inconnus», quelque chose va sans doute se passer, comme un grand souffle de chaleur humaine dans la froideur du monde actuel. L'Union pour (ou de) la Méditerranée ne doit pas rester un slogan vain qui balancerait entre «une union marchande» ou une «fraternelle union», thème du débat de cette XXIe rencontre qui s'ouvre aujourd'hui et qui se poursuivra jusqu'à samedi 14 mai. Le Réseau international du théâtre méditerranéen, sous la présidence de José Monléon, fera l'état des lieux des différents projets de coopération, qui se déroulent actuellement au sein du réseau, à travers la perspective et les enjeux de 2012 et 2013. A partir de ce soir à 20h00, on fêtera «Les poètes de la Méditerranée» (préface d'Yves Bonnefoy. Ed. d'Eglal Errera). Vingt-quatre pays où s'écrivent et se parlent une quinzaine de langues participent à cette anthologie, à travers des poètes renommés. Samedi, outre le bilan de l'Union pour la Méditerranée, on y présentera l'Odyssée 2013, une idée de Richard Martin, qui s'est concrétisée à plusieurs reprises et qui continue son chemin. Il s'agit de la flottille de la paix, une marche poétique sur l'eau qui sera initiée en 2013 (sur un bateau de guerre romain désarmé) par des milliers d'artistes du monde. «Une manière, dit Richard Martin, de montrer que la culture lutte et s'engage utilement pour défendre le droit humain partout ou il est nié et humilié». J'allais dire comme nos «harragas» à Lampedusa et ailleurs, à travers leurs fragiles et mortelles embarcations. Enfin, en soirée, on pourra assister à un spectacle «Folies» coloniales — Algérie, années 30, passeurs de mémoires, ainsi qu'à un concert de percussions, chants et danses africains, avec Bami et son groupe africain. Nous reviendrons dans le détail sur ces deux journées.