Richard Martin, figure du théâtre marseillais et fervent méditerranéen, directeur du Théâtre Toursky à Marseille, vient de présenter au Théâtre d'Hammamet, sa dernière création « La mémoire et la mer », une oeuvre poétique lucide et transparente. Accompagné par deux musiciens, Levon Minassian et Fatos Qerimi, il a rallumé les souvenirs en rendant un grand hommage à Léo Ferré. Ce spectacle, « La mémoire et la mer » est le titre d'une chanson de Ferré, une très belle chanson, très énigmatique de laquelle il dit être lui-même la clé. Elle a fait partie de tous ses tours de chant. Le spectacle est composé de textes des chansons de Léo Ferré dits par Richard Martin. Vêtu tout de noir avec ses cheveux en rade et ses poings serrés, Richard, glorieux, a gratifié ses auditeurs de bonnes paroles de Léo Ferré, de textes magiques et enivrants de ce grand poète français. « J'ai essayé de faire passer les mots du poète que j'aime, Léo Férré nous explique- t-il. On prend le relais. C'est la tendresse et en même temps, l'immense respect que j'ai pour un poète fondamental majeur du siècle. Je voudrais que les jeunes gens qui ne connaissent pas qui est Léo Ferré, se remettent à ouvrir son bouquin pour découvrir ce grand poète. J'ai essayé de retenir en liaison avec ces textes relativement connus, des réflexions de Léo Ferré sur le monde, la vie, le quotidien, le dérisoire de certaines attitudes ». Richard sur scène a essayé de faire revivre les textes en les disant avec sa foi à lui. Il ne cède ni à la vénération ni à la révérence. Il y a dans cet hommage, toute l'estime qu'il porte à son vieux compagnon de route et tout l'amour qui l'habite pour la langue et les textes d'un des plus grands poètes du XXe siècle. Martin est un passeur nomade, acteur de la Vérité , qui interroge son temps. Il nous apporte les courants d'expression et les mouvements vivants de la société et du monde. Sa parole artistique, s'attache à mettre en relief la complexité de l'humain. Elle fait fleurir les questionnements d'une âme universelle que ne cessent d'approfondir le théâtre, la musique et la poésie. Martin a toujours tenu pour essentiel que tous ces arts, qui composent la mosaïque du spectacle vivant, portent l'expression d'une culture pour tous, vibrante dans sa diversité, contemporaine dans ses choix et ses propositions, vigilante et combative dans ses convictions, métisse et plurielle dans son message de paix et d'espérance. Ce soir, il a joué avec la connotation usuelle des mots, créé des images complexes s'engendrant les unes les autres, avec de nombreux changements de registre et de rythme bien concocté par ses deux compagnons de route, le flûtiste arménien Levon Minassian et le violoniste Fatos Qerimi qui nous ont séduits par leur musique enivrante et leurs improvisations. Il faut dire qu'ils avaient tout pour être applaudi.