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« Mon Dieu, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font !»
Un internaute qui avait brûlé et uriné sur le Coran, relaxé
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 05 - 2011

Un internaute au chômage s'est amusé à dupliquer l'autodafé commis par le pasteur américain Terry Jones, en brûlant le Coran. Pis encore : il a osé uriner sur le livre sacré, la scène ayant été diffusée sur Internet. Il a été traduit devant les tribunaux pour provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse, délit qui pouvait lui valoir jusqu'à un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Le tribunal correctionnel de Strasbourg vient de décider de relaxer purement et simplement le prévenu en estimant que ce double geste n'excédait pas les limites de la liberté d'expression…
Un fait divers peu banal mais révoltant et, un jugement, pour le moins, lamentable.
Cette profanation du livre sacré de plus d'un milliard de musulmans est, jusque-là, un fait inédit et constitue assurément un fait unique de l'histoire contemporaine des livres sacrés de toutes les religions aujourd'hui connues dans le monde. – Qu'un citoyen français se distingue par ce triste forfait, et qu'il se signale à l'attention du monde entier en diffusant aussi ostensiblement sur Internet un geste aussi dégradant, voilà un privilège qui a, certes, fait sa renommée, encore qu'il s'agisse d'une renommée que peu de gens, à travers le monde, lui envieraient.
Il est, cependant, plus triste encore d'observer que, dans sa singularité, ce délit est loin d'être un acte isolé. Dans la même période du jugement de cet internaute par le tribunal correctionnel de Strasbourg, des skinheads ont été interpellés et d'autres mis en examen pour ‘profanation de tombes juives et musulmanes dans trois cimetières de Strasbourg et pour dégradations volontaires en raison de l'appartenance à une religion et provocation à la haine raciale. Toujours à Strasbourg, des dégradations aux domiciles de personnalités musulmanes et juives ou des incendies visant des personnes d'origine turque, ont été perpétrés par des groupes appartenant à une autre mouvance extrêmement xénophobe. Le panorama est quasiment désespérant : ces déplorables exactions n'ont épargné ni les symboles, ni les morts et ni les vivants…
D'un autre côté, on ne peut manquer de remarquer que ces gestes semblent avoir reçu l'assentiment et les encouragements d'une partie non négligeable de l'opinion publique régionale ou nationale, en France – et, ailleurs… L'exhibitionniste de l'Internet, par exemple, loin de susciter des réactions de réprobation de la part des usages du web, a reçu plusieurs messages de soutien à la connotation raciste encore plus radicale.
Certains seraient tentés de trouver une explication sociologique à ces gestes irresponsables, faisant valoir que généralement, ces gestes sont commis par des désœuvrés pour la plupart , des jeunes comme on en trouve malheureusement beaucoup sous l'emprise de l'alcool et de l'usage de produits stupéfiants. – Mais ces explications sont loin d'être convaincantes. A l'accumulation de dérives observables dans plusieurs pays occidentaux et sur plusieurs décennies, il faut trouver une explication plus sérieuse et plus profonde que la crise d'une jeunesse désespérée ou victime du désœuvrement social. La crise est, hélas !, d'ordre politique et moral.
Une crise politique : Il faut rappeler des faits plus anciens, mais très significatifs, car ils ont préparé le terrain à ces débordements nouveaux et inédits. L'histoire - récente -, a en effet, commencé avec le tollé général fait autour de la fameuse affaire Salman Rochdi' et ses Versets sataniques. Tout récemment un autre forfait commis au détriment de la communauté musulmane à travers le monde : c'est la triste affaire des caricatures du Prophète, déclenchée par un journaliste danois, bientôt rejoint par un grand nombre de ses collègues européens. Les Européens voient ces caricatures comme l'expression légitime d'un droit intouchable. Mais ils savent pertinemment que l'atteinte à la mémoire de Mahomed est pour les Musulmans, une ligne rouge qu'il serait criminel de dépasser. Or, ce qu'il est regrettable de constater, c'est que non seulement les journalistes européens ont persisté dans la publication de ces caricatures, mais encore ils ont reçu les encouragements publics et chaleureux des plus hauts dirigeants politiques de leurs pays. – Après les simples marginaux, on trouve donc, des intellectuels et ensuite, des responsables politiques du plus haut niveau, qui se rejoignent pour stigmatiser une même communauté – la communauté musulmane, à travers le monde -, pour l'humilier, et pour fouler aux pieds tous les autres bons principes de bonne entente, de bon voisinage, de paix entre les nations, de respect de l'Autre et de lutte contre les extrémismes, les discriminations, contre le racisme et la haine entre les nations : une véritable croisade (le mot est historique!) du monde occidental uni contre les Musulmans.
Une crise morale : La croisade politique se double et révèle une autre crise plus profonde dans le monde occidental. Il s'agit d'une crise des valeurs morales de cette société. Pour le montrer, il faut revenir au fait divers mentionné plus haut. – Le délinquant de Strasbourg a été traduit devant le tribunal correctionnel de cette ville. Le procureur adjoint près de ce tribunal a pris au sérieux cette affaire puisqu'il a caractérisé ce délit d'acte de provocation publique à la discrimination nationale, raciale ou religieuse, passible selon la loi, d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Or, le tribunal correctionnel a infligé au représentant du Parquet, un désaveu total en rejetant la qualification qu'il a attribuée au délit et en affirmant, au contraire, qu'il ne s'agissait là que d'un geste qui n'excédait pas les limites de la liberté d'expression', ce qui devait conduire à la relaxation pure et simple du prévenu.
Un très grand fossé entre l'évaluation due au procureur et celle décidée par le tribunal correctionnel.
Une rupture qui exprime aussi la grande perturbation qui s'est infiltrée dans l'échelle des valeurs par référence à laquelle la fonction de juger, la plus terrible parmi les hommes, selon Montesquieu, doit être exercée. Car ici, l'enjeu est clair : il s'agit de décider, laquelle des deux considérations doit l'emporter sur l'autre : la condamnation de la discrimination raciale et des incitations à la haine religieuse, d'un côté, ou de l'autre, l'exercice de la liberté d'expression. Pour des motivations peu avouables, pour ne pas dire ‘peu respectables', l'homme de la rue, et avant lui, une catégorie (au moins…) d'intellectuels et plusieurs hommes politiques de très haut rang, ont hélas !, inconsidérément bouleversé la pyramide des valeurs pour le seul motif qu'il s'agit de mettre à mal une communauté culturelle et politique parmi les plus importantes dans le monde, la communauté musulmane.
Mais quand il s'agit de l'institution judiciaire, n'y a-t-il pas lieu de s'attendre à plus de sérénité dans le jugement, à plus de hauteur dans les évaluations?
Il faut faire le constat que le juge français n'a pas mis plus de nuance dans son jugement et dans sa décision : la relaxe, pure et simple, c'est-à-dire, la prévalence de la valeur liberté d'expression sur les valeurs respect de l'autre, condamnation de toutes les formes de discrimination, de lutte contre les incitations à la haine religieuse, raciale, culturelle : des principes fondamentaux que le monde occidental n'arrête pas de proclamer ‘à cor et à cri' comme étant des valeurs universelles suprêmes. Un bouleversement du rapport entre les valeurs, couramment pratiqué par les décideurs politiques, et malheureusem Ce qui lui valut un immencent, avalisé par cette autorité exceptionnellement proclamée comme devant rester au-dessus de la mêlée, totalement indépendante du politique et de ses trahisons, i. e. l'autorité judiciaire.
Le jugement du tribunal correctionnel de Strasbourg est venu détruire toute cette mythologie, en mettant à nu la réalité de la solidarité indéfectible entre toutes les composantes de l'ensemble de la structure politico-culturelle du monde européen : la société civile, le monde du Politique, et le monde du Judiciaire… - Qu'on ne mette pas ces propos sur le compte d'un dénigrement indu de cette autorité judiciaire. L'actualité vient brutalement nous rappeler la réalité des choses : les derniers rebondissements d'une douloureuse affaire qui a fait la Une' des journaux français pendant des mois et des mois – l'affaire Omar Raddad, vient de nous rappeler que dans la même France de l'Internet de Strasbourg, il y a aussi la France du jardinier marocain d'Aix-en-Provence injustement condamné pour un crime qu'il n'a pas commis et duquel il a toujours clamé son innocence, mais pour lequel, à la suite d'une enquête bâclée et d'un procès entaché de toutes sortes d'irrégularités et quasiment expéditif, il a été condamné à 18 ans de prison. Après un jugement définitif, une demande de révision du procès sur la base de la remise en cause des éléments déterminants de l'accusation, vient d'être introduite et peut conduire à des surprises et à une situation particulièrement embarrassante pour l'institution judiciaire.
Qu'on le veuille ou non, un point commun relie indéniablement les deux affaires : dans les deux cas, il s'agit d'un procès, non pas contre telle ou telle autre personne, mais bien contre toute une communauté, contre une religion, déterminées, et d'un procès dont tout le monde, en Occident, est complice.
Mais, hélas !, ne devait-on pas prendre conscience de la considérable gravité de l'entreprise ? – Dans ces deux affaires, en apparence anodines pour le commun des mortels, le monde occidental, n'a-t-il pas en fait, ‘perdu un peu de son âme et par là-même, de sa crédibilité ? – Avec l'affaire Omar Raddad', il a perdu le sens de la recherche de la ‘Vérité'. Avec l'affaire de Strasbourg, il a encore perdu une autre valeur : l'universalité attachée aux principes éthiques qu'il prétend défendre contre vents et marées…
Peu de Vérité, peu d'Universalité: Que reste-t-il, alors, de ce monde occidental ?
‘Mon Dieu, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ! (Luc, 23, 34).
Amen…


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