Une première à l'espace El Teatro, à Tunis, l'association Conscience politique pour l'éducation des jeunes a pris l'initiative d'organiser un talk-show télévisé mettant cinq responsables de partis politiques tunisiens face à un groupe de jeunes des deux sexes. Ainsi, Noureddine B'hiri (La Nahdha), Abderrazak Hammami (Patriotes démocratiques), Moncef Marzouki (le Congrès pour la République), Khaled Krichi (Parti du peuple) et Lotfi M'raïhi (Union populaire républicaine) ont-ils eu à répondre, durant plus de deux heures, aux interrogations des jeunes sur les principales questions de l'heure : les élections de l'Assemblée constituante, les grandes orientations de la prochaine Constitution, la contribution des partis politiques au retour au calme et à l'apaisement, les programmes économiques et culturels de ces mêmes partis politiques, la place que les jeunes doivent occuper dans la vie politique etc… «Trois mois après la révolution du 14 janvier 2011, l'association Conscience politique pour l'éducation des jeunes estime qu'il est important de faire connaître les différentes composantes du paysage politique national dont en premier lieu les partis politiques créés récemment et de donner aux jeunes l'opportunité d'établir avec eux un dialogue ouvert, franc et pluriel», souligne en prélude le président de la jeune association et animateur du talk-show. Les élections pour rétablir la légitimité juridique Comment rétablir le calme dans la rue, réconcilier le peuple avec sa police et préserver l'intérêt supérieur du pays ? Le Dr Moncef Marzouki, président du Parti du Congrès pour la République, pose, sans détour, la question fondamentale qui soutiendra le débat dans sa totalité, pour répondre que la tenue des élections de l'Assemblée constituante dans les délais prévus soit le 24 juillet prochain constitue la condition incontournable en vue de dépasser la crise actuelle et d'ouvrir la voie à la formation, à la suite de l'élection de la Constituante, d'un gouvernement d'union nationale. Une orientation à laquelle adhère M. Khaled Krichi (Parti du peuple) qui considère que le peuple attend que soit rétablie la légitimité juridique via des élections démocratiques et transparentes pour le choix des membres de la future Constituante. Et c'est à l'élaboration d'une Constitution consensuelle qui rassemblera les Tunisiens autour des principes fondamentaux suivants : la préservation de l'identité arabo-musulmane de la Tunisie et l'élargissement de son appartenance géographique, la consécration des libertés individuelles et collectives et le choix d'un régime qui réponde aux attentes du peuple et qui rompe définitivement avec le système présidentialiste outrancier. Pour le Dr Lotfi M'raïhi, président du Parti de l'Union populaire républicaine, «la révolution a été avant tout une révolution pour la dignité». Il exprime sa conviction que les élections de l'Assemblée constituante «sont des élections qui détermineront l'avenir de la Tunisie d'où la nécessité d'instaurer un dialogue national sur l'ensemble des problématiques engageant le devenir de notre pays à l'instar par exemple de la question de l'identité». «Toute migration de l'oppression vers la démocratie s'accompagne généralement d'actes de violence, de dépassements et de comportements inacceptables», souligne de son côté M. Adberrazak Hammami, porte parole du Parti des patriotes démocrates. «Toutefois, nos appels au retour au calme et à la sécurité ne veulent nullement signifier que nous avons abandonné les objectifs de la révolution. Nous sommes convaincus que les Tunisiens veulent une République démocratique et civile où la religion doit être mise à l'écart de la politique. Nous sommes tous musulmans et il ne peut y avoir de surenchère de la part de quiconque sur cette donnée fondamentale», précise-t-il. Le représentant du Parti Ennahdha, Me Noureddine B'hiri, est convaincu qu'il y a plusieurs défis à relever dont en premier lieu celui de la réussite de la transition démocratique à travers l'élection de l'Assemblée constituante dans les délais qui lui sont impartis. «Le retard ou le report des élections constituera sûrement une réussite pour les forces antirévolutionnaires», ajoute-t-il. Non à l'argent étranger Comment réagissent les représentants des partis politiques aux rumeurs se répandant, de jour en jour, sur le financement par des parties étrangères des partis politiques nouvellement constitués ? Quel rôle devraient assurer les jeunes au sein du paysage politique national? Unanimité impressionnante quant à l'attachement des cinq responsables participant au débat à dire que les caisses de leurs partis ne s'ouvriront jamais pour accueillir «l'argent étranger sale dont la mauvaise odeur gagne, de plus en plus, d'aires et d'espaces au vu et au su de tout le monde, le gouvernement provisoire en tête qui ferme les yeux pour des raisons qui lui sont propres». En contrepartie, personne ne dispose d'une preuve matérielle sur ces accusations qui s'imposeront désormais comme un point permanent à l'ordre du jour des meetings et débats politiques. Il demeure, cependant, que les partis politiques sont conscients — même si leur action peut dire le contraire — de l'importance de la mission confiée aux jeunes afin que réussisse la révolution tunisienne. «Notre jeunesse a le devoir de réaliser que son destin est en train de se jouer en cette étape particulière de l'histoire de notre pays, d'où la nécessité impérieuse pour nos jeunes de s'investir pleinement dans le suivi de la réalisation des objectifs de la révolution et l'opposition farouche aux forces antirévolutionnaires», tient à souligner le Dr Moncef Marzouki, président du Parti du Congrès pour la République.