Par Foued ALLANI Comme prévu, le «printemps des peuples arabes» a brillé par sa présence lors des événements marquant ces derniers jours la commémoration de la «Nakba» (catastrophe) et ayant eu lieu en Palestine et dans les pays arabes. Les observateurs parlent déjà d'un fort probable déclenchement d'une troisième «Intifadha», ce soulèvement populaire des Palestiniens contre l'occupation israélienne, caractérisé par des heurts entre jeunes Palestiniens aux mains expertes dans l'art de manier pierres et cailloux et l'une des armées les mieux équipées et les mieux entraînées au monde, celle de l'Etat d'Israël. Une hantise pour les dirigeants dudit Etat, pour son économie et surtout pour son image. Fière d'avoir retrouvé sa dignité en renversant ou en défiant des dictatures corrompues et inféodées à l'Occident, la jeunesse arabe a voulu montrer qu'elle est capable de braver tous les dangers en vue de laver l'affront subi depuis des décennies par les peuples arabes face à l'arrogance du sionisme mondial et mettre ainsi fin à ce sentiment d'impuissance face à l'occupation par Israël de la Palestine et de certains territoires arabes par des moyens pacifiques, bien sûr. La cause palestinienne et arabe connaît grâce au «printemps arabe» une vraie renaissance auprès des jeunes longtemps mis à l'écart de la chose publique par des gouvernants qui n'arrivent pas à convaincre et se sont maintenus (ou se maintiennent encore) par la force. Un changement de mentalité qui fait peur à Israël habitué à se délecter de voir les jeunes s'entretuer pour un match de foot, pour assister au gala d'une star de la chanson qui brille plus par son physique que par sa voix et sa musique, ou moisir dans les prisons soit pour leurs idées politiques ou bien pour la drogue ou autres crimes et violences. La «Nakba» commémorée chaque année par les Palestiniens, leurs frères et leurs amis en référence à la création, le 14 mai 1948 au soir, de l'Etat d'Israël a montré encore une fois que cet Etat est une force d'occupation brutale et sanguinaire se voulant toujours au-dessus de la loi, doté d'une armée habituée à tirer sans aucun scrupule sur les civils ainsi que sur des pacifistes venus des quatre coins du monde. Un Etat colonialiste et belliqueux puisant sa survie dans une propagande primaire et morbide faisant de lui la victime alors qu'il a toujours été le bourreau. C'est d'ailleurs la même technique adoptée dimanche et lundi par ses dirigeants, se positionnant comme étant agressés alors qu'ils étaient les agresseurs. De Jordanie, de Syrie, du Liban et surtout d'Egypte les mouvements de ces jeunes et moins jeunes ne sont guère rassurants pour Israël. Avec la révolution égyptienne la donne a changé en profondeur. En plus de l'imminente réouverture définitive du passage de Rafah entre l'Egypte et la Palestine (au niveau de la bande de Gaza), ce qui allégerait considérablement le blocus imposé par Israël à ces territoires, l'Egypte pourrait remettre en question toute sa politique étrangère vis-à-vis d'Israël. Sachant que l'ensemble du peuple égyptien ne voyait pas d'un œil satisfait celle adoptée par le régime déchu. Voulant comme d'habitude gagner du temps et fidèle à sa politique du fait accompli, Israël fait tout actuellement pour contrecarrer la naissance d'un Etat palestinien, stable et viable sur la base des résolutions de l'ONU. Evénement devenu imminent grâce entre autres à la réconciliation des factions palestiniennes survenue récemment avec pour conséquences directes l'unification de la position palestinienne vis-à-vis du conflit avec Israël et les élections présidentielle et législatives d'ici un an. Une décision qui a mis fin à une grave scission au sein du peuple palestinien et dans les territoires sous son autorité qui servait les intérêts restreints des Israéliens. La reconnaissance de ce futur Etat sera d'autant plus aisée que la communauté internationale s'achemine actuellement, dans sa majorité, vers cette solution qui a pour entre autres avantages de rétablir la légitimité internationale et de concrétiser une paix juste et durable dans cette région stratégique. Dos au mur, Israël n'a plus aucun argument à faire valoir. Tous ses voisins ainsi que toutes les factions palestiniennes reconnaissent en effet son droit à une existence paisible dans le respect de la légalité internationale. Reste à savoir si cet Etat souhaite vraiment la paix. Les spécialistes en doutent, car Israël a toujours su monnayer la situation de pays non grata dans la région qu'elle a su gérer depuis sa création. Ici la responsabilité des puissances mondiales devient entière. Celles-ci sont tenues de jouer un rôle décisif dans le rétablissement de la légalité internationale et pour la concrétisation de la paix et de la prospérité dans la région.