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Apprivoiser l'information économique
Tendance
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 05 - 2011

•Le décryptage de l'information économique reste certes l'apanage d'une élite d'experts, une affaire de spécialistes quoi! Mais un effort de la part de toutes les parties concernées est plus que nécessaire pour assister enfin à une démocratisation de l'exploitation et de la compréhension de l'information économique
«Donner davantage d'intérêt à l'information économique», telle est une des recommandations avancées par nombre de participants lors d'une rencontre tenue le 5 mai dernier avec les chefs d'entreprise, «estimant l'intérêt accordé aux questions politiques exagéré».
La Tunisie est à un tournant de l'histoire qu'il importe de bien négocier; aussi, est-il primordial d'améliorer l'adhésion populaire aux enjeux qui engagent le pays et ceci passe inéluctablement par une meilleure perception et assimilation des questions économiques.
Il s'agit de répondre à la situation importante et difficile actuelle par la communication : jamais l'opinion publique n'a eu autant besoin d'explications, de compréhension et d'échanges. L'«économie» semble être la grande absente du débat social actuel dominé par l'aspect politique.
L'engouement pour les questions politiques pourrait s'expliquer par au moins 3 raisons :
D'abord, la Tunisie indépendante a rarement bénéficié d'un climat politico-socialo-médiatique dénué de censure et/ou de tabous. Secundo, le Tunisien est friand de révélations sur les années passées. Tertio, les concepts politiques, en dépit de tout, restent largement accessibles au large public, et ce, contrairement à ceux économiques qui restent malheureusement inaccessibles aux non-initiés.
Toute la question est de savoir comment rendre cette matière à la portée de l'opinion publique. Cette tâche incombe enfin aux décideurs, organismes producteurs et diffuseurs de l'information économique, aux opérateurs économiques, aux établissements scolaires et universitaires, mais surtout aux journalistes qui restent par excellence les intermédiaires privilégiés entre les décideurs, le monde des affaires d'un côté et l'homme de la rue de l'autre.
C'est que, de nos jours, l'importance de l'information économique n'est plus à démontrer, une déferlante qui envahit notre quotidien. L'avalanche d'événements, de faits et surtout de chiffres, additionnée à la faible maîtrise par le large public des indicateurs de la production, de l'investissement ou de la monnaie font que l'information économique est quelque peu faiblement exploitée et donc demeure mal perçue et difficilement décryptée par les récepteurs.
Pourtant, toute prise de décision de que ce soit au niveau individuel, familial, entrepreneurial ou national, reste tributaire de l'information économique, notamment statistique qui impressionne quelque peu le large public.
Pour appréhender l'évolution de la conjoncture économique et la réalité économique devenues si complexes de nos jours, les différents acteurs de la société n'ont qu'une seule alternative : contribuer à améliorer le déchiffrement de l'information économique, devenu par les temps qui courent une nécessité vitale.
«Gouverner, c'est compter» : cette citation fort pertinente d'un éminent sociologue-politologue résume à elle seule l'importance et la place occupée par le chiffre dans nos sociétés contemporaines, il est vrai que le poids des chiffres a envahi la plupart des espaces médiatiques qu'ils soient écrits, radiophoniques ou télévisés.
Il s'agit donc, pour toutes les parties intervenantes, de démystifier l'information économique qu'elle soit chiffrée ou non.
En fait, appréhender cette question revient à en explorer les différentes facettes et dimensions, partant de la production de l'information économique à sa compréhension, en passant par sa diffusion et son traitement.
Au niveau de la production de l'information économique et après la remise en cause de nombre d'indicateurs économiques et surtout sociaux, les organismes producteurs de l'information économique en Tunisie, dont la haute technicité n'est nullement en cause, ces derniers sont appelés désormais à rompre avec les erreurs du passé en manifestant plus de détermination pour l'acheminement, en l'état, de leur production statistique, outre les décideurs, aux médias et au public. Objectif : subvenir au besoin informationnel des entités économiques, des investisseurs étrangers et des instances publiques et répondre à leurs attentes par une information crédible et exhaustive.
Il faut avouer que «la couverture statistique» couvre désormais tous les domaines d'activité : économiques, financiers, sociaux, techniques, culturels, etc. et l'efficience du système statistique est sans cesse relevée, et les techniques de production que ce soit en matière de collecte, d'échantillonnage, de conduite des enquêtes et, in fine, de traitement et de présentation des données ont fortement évolué. L'effort à faire reste donc du côté de la diffusion et de la publication de l'information économique pour faciliter l'accès à l'information économique auprès tant des organismes publics que privés.
Cette mise à disposition des opérateurs économiques publics ou privés présente l'énorme avantage de contribuer à la productivité des entités économiques, l'information étant désormais qualifiée par les théoriciens comme un important facteur de production. Plus encore, l'information est devenue, au fil des ans, un véritable facteur stratégique, notamment dans le domaine de l'intelligence économique, pouvant conférer aux entités productives un surcroît de productivité et une compétitivité conséquente. Autre avantage non négligeable de la facilitation de l'accès à l'information: le fait de couper court à la rumeur. Aussi, est-il recommandé à tout organisme fournisseur d'informations économiques statistiques ou non de faciliter autant que possible le travail des journalistes.
Unité de communication
A ce titre, l'institution d'une direction de la communication dans les différents organismes et entreprises tant publics que privés avec l'affectation systématique d'un chargé des relations publiques et d'un attaché de presse (investi de la compétence requise ainsi que des pouvoirs nécessaires pour mettre à la disposition des chevaliers de la plume les informations nécessaires et répondre à leurs doléances) est vivement recommandée pour améliorer cette question d'accès à l'information.
Au niveau de l'effort de médiatisation et du traitement de l'information économique au public, les journalistes sont tenus de présenter au public, spécialisé ou non, une matière assez intelligible, donc intéressante, proche de ses préoccupations.
Ensuite, à la faveur du relèvement des compétences — grâce aux stages et modules de formation— et de la spécialisation poussée des journalistes économistes, ces derniers sauront surtout présenter des idées pertinentes et des pistes de réflexion, voire des solutions pratiques se rapportant aux différents secteurs d'activité afin de contribuer de leur côté à la poursuite du développement économique et social du pays, notamment dans ce contexte de transition démocratique.
Donc, on cerne du coup l'importance du volet de l'enseignement et de la formation, qui devient hautement stratégique pour le secteur médiatique, d'autant que le journaliste reste, en dépit de la déferlante Internet, l'intermédiaire privilégié entre la source de l'information et le récepteur.
A vrai dire, l'effort de relèvement du niveau général en matière d'économie et de finance peut commencer dès l'école primaire ou de base ou à travers la généralisation et le renforcement de l'enseignement de l'économie au tronc commun de l'enseignement secondaire.
S'agissant de l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI), il a certes significativement optimisé ses méthodes et outils pédagogiques pour consolider les cursus théoriques et mis en place des stratégies volontaristes visant à initier les apprenants aux finesses des rouages du monde de l'économie et de la finance. Mais s'il demeure nécessaire, le volet théorique, dont le contenu reste à actualiser au vu des mutations économiques internationales et l'approche à moderniser, doit être renforcé. La spécialisation doit commencer dès les premières années avec un cursus développé en économie et finance. Ensuite, il s'git d'appuyer les ateliers pratiques en matière de journalisme économique, ce qui ne manquera pas d'affiner davantage les technicités des étudiants au regard de cette discipline. A ce niveau, la sollicitation des services de vacataires et collaborateurs extérieurs, notamment des journalistes économiques confirmés, est vivement recommandée afin que les étudiants puissent tirer profit de leur expérience et s'imprégner de leur compétence en la matière.
Parmi les autres objectifs assignés à tout enseignement destiné à de futurs journalistes, on peut citer le développement d'un esprit critique, l'émergence d'une faculté de discernement, la pertinence de l'approche de traitement, à travers une méthodologie idoine à même de démystifier l'information économique et financière, la favorisation de mécanismes de compréhension des informations brutes et du raisonnement économique, puis, dans une deuxième étape, l'optimisation du traitement et de la présentation de la matière informationnelle au public.
Parallèlement, le secteur informationnel est tenu d'investir continuellement dans la formation afin de favoriser le relèvement de la compétence des journalistes économiques de la place et de renforcer la spécialisation de certains d'entre eux.
Des erreurs d'appréciation
Or certaines initiatives sont venues à l'encontre de cette orientation. Citons à ce propos l'action de formation au titre évocateur «Donner un sens aux chiffres» instituée depuis voilà trois ans et que, contre toute attente, le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC) vient de supprimer de son programme de formation de 2011, en dépit de l'engouement manifesté par les journalistes participants à ce module de formation.
A citer également, dans ce registre, la non-concrétisation d'un vaste programme d'immersion en économie et finance - dont la préparation a duré deux ans - à l'intention des journalistes économiques de la place, et ce, en dépit de l'accord des différentes parties concernées. Un problème de financement de cette action, outre le peu d'empressement manifesté par l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) qui avait la charge de ce projet, seraient à l'origine de la non-réalisation de cette action de formation dont la contribution aurait été certaine au relèvement des compétences.
Enfin, l'effort des différentes associations tunisiennes, qui prônent la diffusion de la culture économique et financière, demeure encore assez timide, faute d'un travail de longue haleine. A titre d'illustration, citons la déclaration d'intention pour favoriser la coopération en matière de promotion de l'éducation financière pour tous, signée il y a trois années de cela, par l'APTBEF et l'Institut français pour l'éducation financière du public (IEFP), la collaboration s'est limitée à ce jour à la simple mise en place sur le site web de l'APTBEF d'un lien vers le site de l'IEFP.
Pourtant, c'est par la multiplication de ce genre d'initiatives que la compétence des journalistes opérant dans le domaine économique et financier sera consolidée davantage. Au bénéfice du large public qui sera réconcilié avec ce type d'information pointue.
Dans ce monde actuel où la magie du chiffre s'est substituée à la magie du verbe et où l'information économique et financière ne cesse d'envahir notre quotidien, il importe que le commun des mortels puisse se réapproprier cette matière, en améliorant la capacité de son décryptage. Un effort reste à faire dans ce sens de la part de tous les acteurs, médias, système éducatif, associations et organismes concernés, particuliers…, pour relever le niveau général et diffuser la culture économique et financière sur une large échelle.
Des missions new-look
En assurant une mission d'intérêt public, le journaliste économique, notamment, a une lourde responsabilité en cette phase dans laquelle est engagée la Tunisie. Outre la précision, la fiabilité, l'objectivité et le professionnalisme dont il doit faire preuve, il est tenu de faire valoir un sens pédagogique en traitant et en présentant l'information économique d'une manière aussi claire que possible, accessible à un public plus large que celui des initiés, tout en sachant présenter cette matière informationnelle sans arrière- pensée et en gardant la distance nécessaire pour garantir la crédibilité et l'honnêteté du commentaire avancé, la confiance du lecteur étant en jeu. L'objectivité journalistique étant difficilement réalisable, l'homme de média est appelé à être «subjectivement désintéressé», d'après l'expression d'un éminent sociologue.
Il s'agit aussi d'exploiter à bon escient cette manne de liberté d'expression apportée par la révolution populaire du 14 janvier 2011 pour ancrer à jamais la liberté de la presse qui ouvre de nouveaux horizons et offre de nouvelles perspectives fort porteuses pour le travail des chevaliers de la plume.
Avec la prolifération de l'usage de l'internet dans nos contrées (le rôle médiatique du web a été prouvé dans le soulèvement populaire), le journaliste, n'ayant plus le monopole de capter et de transmettre l'information—au plan de la rapidité, il est pris de vitesse—, est plus que jamais appelé à développer le commentaire, en se démarquant toutefois des analyses des spécialistes souvent orientées vers un public restreint d'initiés et surtout de s'orienter vers le journalisme d'investigation et le travail de terrain. Et là, à vrai dire, la responsabilité incombe beaucoup plus aux établissements de presse qu'aux journalistes.
Ainsi, en se démarquant du rôle «d'être des amplificateurs de dépêches», le journaliste, notamment économique, saura apporter le plus escompté en exploitant de nouveaux angles, en explorant des sujets inédits, en adoptant de nouvelles méthodes pour garantir l'originalité, l'innovation et surtout l'accessibilité en contribuant au relèvement du niveau général et la diffusion de la culture économique et par-là capter l'attention du public.
Il s'agit également durant cette étape d'éviter la désinformation et l'instrumentalisation du secteur en évitant toute interférence ou manipulation. Technicité, sens critique et recoupement sont à même de prémunir le journaliste de tomber dans ces travers.
Enfin, après la révolution du 14 janvier 2011, journalistes et médias sont tenus de consacrer et de préserver leur indépendance, unique garant de faire fonction de contre-pouvoir (et de faire office enfin de véritable 4e pouvoir), et de contribuer au bon fonctionnement de la démocratie.


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