Après le Marocain Hichem Amrani, nommé secrétaire général à la place de l'Egyptien Mustapha Fahmi, propulsé dans les rouages de la Fifa, la Confédération africaine de football épouse de plus en plus les couleurs de l'Afrique du Nord Le Tunisien Tarak Bouchamaoui a été désigné en début de semaine président de la Commission des arbitres relevant de l'instance continentale où il relève le Malien Amadou Diakité. Ayant trempé dans le scandale de corruption lors du scrutin pour l'élection du pays hôte de la Coupe du monde 2022, Diakité a été suspendu trois ans de toute charge administrative ou sportive par la Commission d'éthique de la Fédération internationale en novembre 2010. En ballottage avec le Sénégalais Badara Séné, vieux routier de l'organisme en charge du football africain, Bouchamaoui, qui entretient des relations privilégiées avec le président Issa Hayatou dont il avait fini par devenir le conseiller particulier, a été préféré. Grand espérantiste devant l'éternel, Bouchamaoui hérite donc d'une commission névralgique qui a eu régulièrement maille à partir avec les clubs du continent noir et avec leurs fédérations nationales. Rappelons-nous du scandale provoqué en novembre dernier par le Togolais Djaoupé Kokou à l'occasion de la finale aller de la Ligue des champions de la CAF entre le TPMazembé et l'Espérance de Tunis, laminée ce jour-là (5-0) en partie à cause de décisions contestables de l'homme en noir, le club «sang et or» ne s'en relèvera jamais au match retour. Pourtant il faut se garder de croire que Bouchamaoui va tout régler et qu'une implacable justice va remplacer certaines frustrantes et inadmissibles directions de rencontres. L'Afrique du Nord ne va pas automatiquement mieux s'en porter car le ver est dans le fruit, et le mal plus profond. Des commentaires en ont vite conclu que l'Afrique subsaharienne allait être remise à sa place en ne bénéficiant plus des largesses arbitrales. Eh bien, c'est tout simplement aller plus vite que la musique! Par contre, longtemps ignorés sinon marginalisés au niveau des désignations pour les rencontres interclubs ou entre sélections, les referees tunisiens doivent trouver leur compte dans la promotion de Bouchamaoui en qualité de nouveau patron de l'arbitrage africain. A condition d'honorer cette réhabilitation tant espérée et ce retour en grâce longtemps guetté. Un problématique «nouvel ordre» Le bureau fédéral va étudier dans sa réunion de ce soir le dossier des arbitres récusés sur leur simple appartenance à la Ligue de Tunis Cap-Bon. En effet, depuis quelques jours, certains clubs de l'intérieur du pays sont montés au créneau pour épingler ouvertement la désignation pour leurs rencontres contre des clubs de la capitale d'arbitres relevant de la Ligue de Tunis‑: l'Espérance de Zarzis a rejeté l'idée de voir son match d'hier contre l'Espérance de Tunis dirigé par Yosr Saâdallah. Au final, ce fut Yassine Harrouch qui a conduit les débats. La JS Kairouanaise a fait pareil en apprenant le choix porté sur Lotfi Chérif (un jeune referee de l'Ariana) pour sa sortie d'hier devant le Club Africain. Un même argumentaire revenait dans les deux cas‑: pourquoi devrait-on laisser une marge au doute en fixant le choix sur des arbitres dépendant de la ligue d'appartenance géographique de notre adversaire du jour? Si cette pratique est vieille comme le monde dans les us et coutumes du foot national, elle n'en témoigne pas moins d'une réalité avec laquelle celui-ci doit composer‑: les meilleurs arbitres, ceux du niveau élite, se trouvent majoritairement à Tunis, conséquence : ils ont le plus de chance d'être affectés pour siffler des rencontres où se trouvent engagés l'EST, le CA, le ST, le CSHL ou l'ASM. Et changer cet «ordre arbitral», aussi inique et incongru soit-il, n'est pas aussi facile que le prétendent tous ceux qui le contestent. Un sentiment de dignité Ali Boumnijel, au-delà des charges de directeur sportif qu'entend lui confier le Club Africain, veut faire œuvre utile en constituant une association tunisienne des footballeurs professionnels. L'équivalent de la Fifpro, la Fédération internationale des footballeurs «pros». Le projet n'aurait au fond un sens que s'il canalisait les efforts et touchait directement les joueurs en défendant leurs droits lorsqu'ils se trouvent en difficulté. Comme dernièrement, quand plusieurs clubs n'ont pas trouvé les moyens de leur servir salaires et primes. Sans aller jusqu'à s'ériger en syndicat, le nouvel organisme doit servir plutôt d'outil pour rendre aux joueurs «pros» un sentiment de dignité face au dictat de leurs dirigeants et des responsables fédéraux. Entretenir la flamme L'équipe de Tunisie entre aujourd'hui en stage pour préparer les rencontres contre la Centrafique en amical, le 29 mai, et devant le Tchad pour le compte des éliminatoires de la CAN, le 5 juin à Sousse. Après la parenthèse omanaise, que peu de gens se rappellent encore (défaite 2-1 en amical), les hommes de Sami Trabelsi doivent entretenir la flamme du nouvel esprit qui souffle depuis le 14 janvier sur les sélections représentatives. Un esprit qui avait valu un triomphe à ses joueurs au dernier Chan au Soudan. Davantage que les considérations technico-tactiques, l'engagement, la soif de vaincre et l'envie d'honorer ses couleurs doivent habiter les Aigles de Carthage. Et le rappel ne serait pas fortuit en cette phase cruciale des qualifications pour le Gabon et la Guinée équatoriale.