Suite à la parution sur ces mêmes colonnes, de l'article " Sidi Bou Saïd: A quand la réhabilitation?", nous avons reçu la contribution suivante de Mme Chedlia Cheikh Annabi, une conservatrice du patrimoine, qui se déclare une amoureuse de ce site unique. Nous la publions telle quelle. Ce village historique, exceptionnel de par son emplacement, l'originalité de son architecture, le charme de ses ruelles exiguës, la beauté de ses bougainvilliers multicolores : Sidi Bou Saïd, site protégé depuis 1915, a été livré, ces dernières années, à la cupidité et à la stupidité de certains. Pour ceux qui aiment ce village et qui y reviennent depuis quelques jours, après une longue absence, c'est une véritable désolation : des chantiers, des constructions "immorales" partout dans ce petit village, irrespectueuses du lieu et de ses traditions. Sidi Bou Saïd n'appartient pas uniquement à ses habitants et aux Tunisiens, mais à tous ceux qui s'y rendent régulièrement et par amour. C'est un village qui attire l'admiration et le respect du monde entier. Qu'en est-il aujourd'hui? La saison touristique est annoncée et le village porte encore les stigmates des abus. Qu'attendons- nous pour ôter ces horribles palissades et offrir, de nouveau, aux visiteurs du village la possibilité d'admirer une des plus belles baies du monde et montrer à tous la blessure béante qu'a provoquée l'arrachage d'eucalyptus centenaires par l'évidemment criminel de la colline? Quant au café Sidi Chebaâne, il doit reprendre son allure et sa vocation originelles de lieu de recueillement et de détente, à la portée de tous les Tunisiens, en interdisant les tarifs scandaleux qui y sont affichés. Démolir les rajouts de constructions anarchiques et illégales qui ont ravagé la colline et qui l'ont fragilisée, interdire aussi les enseignes telle «Café des délices», qui jurent avec le lieu et son saint, établiraient la preuve du nouvel état de droit. La municipalité de Sidi Bou Saïd, aujourd'hui libérée de toute pression, peut dans un geste d'apaisement et de réconciliation, restituer le village à ses habitants, aux Tunisiens et au monde entier.