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La révolution acte II : la jasminisation
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 03 - 2011


Par Maher ZAHAR *
Notre révolution a été surnommée la révolution du jasmin. Certaines voies se sont élevées pour dire que ce qualificatif ne convient pas, s'appuyant sur le fait que la révolution s'est nourrie du sang de nos martyrs, et donc elle ne peut donner naissance au jasmin. Pourtant, moi je pense que la jasminisation (métaphore utilisée par M. Jean Daniel) convient très bien à notre révolution. Pourquoi ? Parce que le jasmin fleurit de toutes parts, et c'est là une doléance des premières manifestations qui, en substance, ont demandé à ce que le développement qui a touché certaines régions du pays s'élargisse à l'ensemble de notre territoire. Entièrement fleurie, l'image s'applique aussi au projet global que la grande majorité de nos concitoyens demande. Un développement humain, social, politique, économique et moral en même temps. C'est un projet ambitieux, aussi grand que notre histoire, nécessitant l'adhésion de tous, mais réalisable, si ensemble nous voulons faire fleurir notre jasmin.
La composante humaine
La cartographie de notre population, aujourd'hui, montre que notre population se compose en substance de trois catégories. Les moins de trente ans, la génération de la Tunisie indépendante, et la génération de l'indépendance. Ces trois catégories se retrouvent à l'échelle de tous les ensembles de notre société : la famille, le village ou la ville, le quartier, le système éducatif, le tissu économique, et le monde politique. Ce découpage est pour nous une grande richesse, car il nous permet de bien gérer le présent, tout en nous projetant vers l'avenir, sans oublier notre passé. Si dans chaque démarche, nous faisons en sorte que des acteurs de ces trois catégories se rencontrent, cela ne pourra que nous enrichir. Pour cela, il faudra s'éloigner de tous les tabous. Ne pas prendre en considération la composante régionale (voire tribale ces derniers temps), ne pas se conformer aux schémas politiques et économiques préexistants, parce qu'il n'est pas sûr qu'ils puissent s'adapter à notre pays. Faire en sorte qu'à terme (un délai de cinq à sept ans me semble nécessaire), toute notre population puisse avoir accès aux mêmes standards en matière de santé et, d'éducation et de logement. C'est un projet ambitieux, mais réalisable et indispensable. La santé étant le premier pilier de toute politique de développement, l'éducation ayant constitué le socle de notre développement pendant la période bourguibienne (et même avant l'indépendance), et le logement est peut-être ce que nous avons le mieux réussi depuis 1956. Ces trois domaines ayant aussi été malmenés pendant les deux dernières décennies, c'est peut être dans ces domaines qu'il faut chercher les catalyseurs de la révolution.
La cohésion sociale
Une population de onze millions, dans un pays sans ressources naturelles, ce n'est sûrement pas un facteur de cohésion sociale. Pourtant, c'est à partir de ce constat que nous devons mettre notre projet de développement en marche. L'histoire de notre pays démontre que toutes les populations dont nous sommes issus sont toutes conquérantes et entreprenantes. C'est cela notre réalité. A partir de ce constat, nous pouvons fédérer nos différentes couches sociales autour de projets où le seul mérite revient à l'abnégation, au travail, à l'intelligence, et à l'effort. Pour cela, nous aurons besoin de législation avant-gardiste, d'institutions républicaines égalitaires, d'une infrastructure de transport performante (pour ne pas handicaper aucune couche sociale et aucune région), et de politiques qui fédèrent et font adhérer autour de leurs projets. Il est malheureux de constater que le discours des manifestants de Sidi Bouzid ou de Thala a été très lucide et pragmatique au début de la révolution, et ce sont certains utopistes politiques, et institutions myopes qui l'ont dévié au fur et à mesure que la révolution progressait.
La scène politique
Il semblerait inéluctable que toutes les révolutions aboutissent à la mise en place de dirigeants qui n'ont pas participé à sa réalisation. C'est ce que les historiens essayent de nous démontrer à travers leurs récits. Si nous nous résignons à cette approche, nous sommes effectivement en train de suivre le cours de l'histoire mondiale des révolutions. Mais dans ce cas, comment expliquer que notre révolution, de par sa genèse, constitue une nouvelle approche des changements politiques. Non justement, nous nous devons de terminer notre processus. Nous nous devons de le réussir, et nous le réussirons, j'en suis convaincu. Parce que ceux qui sont restés vingt et un jours à manifester à Thala se comporteront en véritables citoyens, le jour ou ils seront amenés à se prononcer sur l'avenir politique de notre pays. Pour cela, bien sûr, une condition doit être réalisée, à savoir la mise en place d'un schéma de transition à la hauteur des ambitions de ce peuple.
Or il semble que cette condition, ne trouve pas l'écho nécessaire auprès des membres de l'instance qui statue actuellement sur notre avenir politique.
Tout d'abord de par sa composition, cette commission n'est nullement le reflet des différentes thèses qui s'affrontent en matière de constitutionnalité.
Par ailleurs, cette commission semble avoir été prise au dépourvu par, d'une part, la reconversion des Rcédites et, d'autre part, par le grand nombre de formations politiques. Pour cela, deux mesures politiques me paraissent urgentes pour déblayer le paysage politique. La première, c'est l'inéligibilité des anciens membres du RCD pour une période au moins égale au temps nécessaire pour mettre en place un développement égalitaire entre les différentes régions du pays. La seconde, c'est la mise en place d'une carte électorale et d'un code électoral, favorisant l'émergence d'une Assemblée constituante qui soit le reflet de notre population, et qui permette à tous les courants politiques, y compris les indépendants (et ils représentent une grande majorité de notre population), de se faire représenter au sein de cette assemblée. Bien sûr cela pourra donner lieu à une assemblée où le consensus aurait du mal à se dégager. Oui, mais cette assemblée ne pourra jamais donner naissance à une autre dictature. Il faut aussi que le code de gouvernance, pendant la période intérimaire, soit envisagé et, pourquoi pas, soumis au peuple au même moment que l'élection de l'Assemblée constituante. Il n'est nullement question d'occulter la gestion et le développement de notre pays pendant cette période.
La dimension économique
Le lendemain du 14 janvier, nous avons eu droit à un discours, qui nous faisait presque regretter la période Ben Ali, prétextant qu'il est primordial de ne pas se séparer ni des hommes qui maîtrisent la donne économique, ni nous éloigner du schéma directeur précédent. La seule erreur de ce système serait d'avoir oublié de repartir de manière équilibrée les richesses du pays. Cette approche, je n'y adhère pas du tout. C'est une approche qui s'appuie sur des systèmes de modélisation qui, en aucun cas, ne tiennent compte de la valeur et de la richesse des hommes et des peuples.
Cependant, la dimension économique est une composante qu'il faut prendre en considération dans toutes nos étapes. Il s'agit de l'intégrer aussi bien dans la dimension temporelle des réformes que dans la dimension constitutionnelle de notre deuxième République.
C'est notre économie qui est notre pétrole, mais notre pétrole demande à ce que ses réserves soient régulièrement entretenues.
Pour faire aboutir cette approche, nous aurons besoin d'une nouvelle politique, et de nouveaux responsables politiques. Ceux de l'ère Ben Ali ont fait leur temps, et ont été formatés à des approches qui me paraissent dépassées et inadaptées aux attentes de progrès de notre peuple. Il faudra puiser dans notre vivier de compétences sans aucun a-priori. Ce sont les procédures de sélection restreintes et étroites qui, entre autres, conduisirent Ben Ali à sa chute.
La dignité et le moral
L'une des spécificités des dictatures, c'est de ne jamais s'éloigner de leur schéma directeur. C'est ce qu'a fait l'ancien régime tunisien. Prétextant que pour diriger il fallait toujours ordonner même si l'on est en tort. Il n'a reconnu ses torts que trop tardivement. C'est le propre des individus irrespectueux de la dignité, et ne tolérant pas la différence dans les approches. Ceux-là ne croient pas en l'homme ni en son intelligence. Ils utilisent constamment les mêmes rhétoriques qu'ils essayent de caser en fonction des circonstances.
Les deux décennies passées ont eu des répercussions très néfastes sur l'image de la dignité de notre peuple et sur la moralité de notre société. Il faudra du temps pour effacer ces séquelles.
Pour cela et en dehors de toutes les étapes constitutionnelles, il faudra recréer un Etat de droit au sens noble du terme, il faudra que la justice émette son avis sur tous les dépassements passés, peut-être qu'après le peuple pourra pardonner. La dignité et le moral des Tunisiens doivent être réanimés. Cela est une urgence, elle doit être faite bien avant les échéances électorales. C'est des citoyens dignes dans une société moralisée qui devront mettre leur bulletin dans l'urne. Une justice pour tous et une loi au-dessus de tous devront être instaurées dans les plus brefs délais. Une révolution digne ne peut s'épanouir dans une société sans moralité.
Ce sont là, à mon avis, les ingrédients indispensables pour que notre révolution fleurisse de toutes parts. L'œuvre est grandiose à réaliser, mais notre histoire est pleine d'obstacles que nous avons su surmonter, et de défis que nous avons su relever.
Nos régions connaîtront l'essor tant espéré, notre pays réalisera les progrès maintes fois reportés, et notre peuple la prospérité ô combien souhaitée.
La révolution alors «jasminera» et fleurira de toutes parts.


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