La race des buteurs patentés serait- elle en voie d'extinction au club aghlabide? Les nostalgiques du bon vieux temps se rappelleront toujours les chevauchées de Moncef Ouada, les slaloms de Hédi Gomri et les dribbles déroutants de Fathi Chehaibi surnommé Bargou, et leur réussite devant les bois adverses. Rien depuis. Des exploits éphémères, l'œuvre de joueurs motivés pour la circonstance ou dans un jour faste, tels les Chraiet, Ben Romdhane, Houarbi, Abouda et Zouhour, entre autres. La saison en cours ne semble pas déroger à la règle à part quelques exploits individuels et l'euphorie des deux éclatants succès obtenus face à l'ASM (3-1) et au CSHL (1-4), la JSK a accusé le coup, lors des deux journées suivantes en concédant deux défaites consécutives face à l'OB (1-0) et à l'ESS (1-2) avant de rater le coche, lors du match de mise à jour du calendrier, face au CA (0-0). Trois frustrations consécutives après une dynamique de victoires que la JSK a connue, depuis la reprise du championnat, le 14 avril dernier, avec à la clé 8 buts marqués et sept points grignotés, en trois matches. Dans cette marche en dents de scie, on déplore les nombreuses défaillances, pour diverses raisons, qui ont affecté la stabilité de l'équipe aghlabide et surtout l'absence de régularité au niveau de la concrétisation des occasions créées, par la faute d'attaquants fébriles et impuissants dans la zone adverse, qui confondent vitesse d'exécution et précipitation et perdent l'essentiel de leur lucidité devant la cage. Mourad Okbi : «L'efficacité, une œuvre collective»
Premier constat : les vingt-trois buts déjà marqués en vingt matches n'étaient pas l'apanage des seuls attaquants puisque onze buts ont été inscrits par des défenseurs ou demi défensifs en l'occurrence Mahjoubi (4), Ouerghemmi (3), Yacoubi (3) et Mamadou (1) alors que cinq des huit attaquants engagés ont réussi les douze buts restants, à savoir Kasdaoui (6), Echeikh (3), Troudi (1), Ghannem (1) et Dardouri (1). A ce propos, Okbi nous confia : «L'efficacité offensive est désormais une œuvre collective vu que la plupart des joueurs sont d'un niveau proche et sont soumis aux mêmes exercices spécifiques. Je ne focalise pas le jeu offensif sur un ou deux joueurs doués mais sur l'ensemble des joueurs, appelés tous à rester vigilants en attaque, à faire preuve de mobilité et d'abattage dans la zone de vérité et à guetter la moindre faille pour conclure.»
Troudi : «Manque de concentration et de percussion»
A la recherche d'un second souffle pour le sprint final, la JSK demeure en quête d'un buteur racé capable d'emboîter le pas à Kasdaoui (qu'on annonce d'ores et déjà partant au CSS) et de tirer profit des raids offensifs à répétition des deux stratèges Echeikh et Ghannem. Troudi n'a inscrit qu'un seul but alors que Jaber et Yousfi ont affiché leurs limites au moment de la touche finale. Invité à justifier un tant soit peu cette indigence offensive, Troudi nous déclara : «L'instabilité au niveau du onze rentrant, les consignes de prudence excessive, le manque de concentration devant les bois adverses, les enjeux importants et le marquage strict exercé sur nous par les défenseurs adverses sont autant de facteurs qui nous empêchent d'être toujours percutants et efficaces en attaque.»
Les Aghlabides ont prouvé à maintes reprises qu'ils peuvent miser aussi bien sur leur bonne tenue défensive que sur leur habileté offensive pour faire la différence. Ils ont fait preuve de réalisme et d'application pour ramener des points précieux de l'extérieur ou obtenir gain de cause dans des situations périlleuses, grâce aux balles arrêtées et aux accélérations tranchantes qui constituent leur point fort. Toutefois, Okbi se doit de remédier aux lacunes et insuffisances constatées sur le double plan collectif et individuel, en axant son travail sur le jeu en mouvement, le pressing haut, les combinaisons et les incursions balle au pied, les permutations et les dédoublements de postes, les duels... Et par-dessus tout, il doit encourager l'initiative individuelle de ses joueurs et leur accorder une plus grande marge de manœuvre pour qu'ils puissent s'extérioriser à fond et faire preuve de créativité et d'imagination. Comme l'a si bien dit Moncef Ouada, meilleur buteur kairouanais de tous les temps : «Le temps des Akid, Ben Aziza, Khouini… est bien révolu. Les consignes restrictives des entraîneurs, l'obligation de résultat, le travail de sape et l'engagement physique excessif exercés aux entraînements et aux matches ont pris le meilleur sur le talent, le jeu spectaculaire et l'envie de bien faire de certaines individualités.»