Grâce à leur détermination et leur persévérance dans l'effort, les Aghlabides ont tissé lentement mais sûrement leur précieuse victoire, face à des Bizertins fébriles et un peu trop timorés Il fallait voir la mine de Okbi et son visage rayonnant, à l'issue du match, pour réaliser combien cette victoire était salutaire et fort attendue. Salutaire parce qu'elle venait à point nommé pour redonner des couleurs au staff et aux joueurs, relancer l'équipe dans la rude compétition et lui permettre de se replacer au milieu du tableau. Victoire fort attendue par les fans et les sympathisants qui commencent à croire à la valeur intrinsèque et au mérite des joueurs mais qui ont besoin de chasser définitivement le doute et de se rassurer sur la suite du parcours. Un succès n'est jamais le fruit du hasard mais se prépare minutieusement à l'avance, sur les trois plans : mental, physique et technico-tactique. Okbi n'a pas arrêté, tout au long de la semaine, de stimuler l'ardeur de ses joueurs et de gonfler leur moral à bloc pour qu'ils retrouvent la joie de jouer et la confiance en leurs moyens et renouent rapidement avec la victoire. Le côté physique n'a pas été négligé puisque les joueurs sont soumis à des entraînements physiques soutenus et intensifs. Rien qu'à voir les chevauchées des latéraux Ouerghemmi et Trabelsi et les slaloms de Jaber et Echeikh pour se rendre compte de l'état physique satisfaisant des joueurs dont dix ont joué la totalité du match. Quant aux choix technico-tactiques, ils ont été pertinents et conformes aux attentes. L'équipe alignée, d'entrée de jeu, par Okbi avait fière allure et des consignes claires ont été données pour faire le jeu, tout en assurant une bonne couverture défensive des deux latéraux, au moment de leurs remontées offensives, par le duo axial Mounbain- Yacoubi. Les deux pivots Dridi et Mahjoubi ne se sont pas contentés de neutraliser les velléités offensives adverses et de récupérer les balles perdues, mais ils ont aidé leurs coéquipiers au moment de la création du surnombre en phase de relance. Avec la récupération du vif ailier Troudi, il y a eu un supplément de fraîcheur et de jeu technique devant. Ce qui a énormément aidé les avants Kasdaoui et Echeikh à développer leur jeu offensif et à créer une avalanche d'occasions de but. Bref, la JSK a retrouvé, la plupart du temps, ses repères et ses équilibres : une bonne tenue défensive, axée sur le dédoublement de postes, le bon positionnement sur le terrain et le marquage strict du porteur de la balle ; une mobilité, une aisance manœuvrière et une suprématie dans les duels, au niveau de l'entrejeu ; une animation offensive, une course effrénée devant les bois adverses et un certain don de créativité. Mais, là où le bât blesse, c'est le peu de réussite et de rigueur, lors des moments forts. En effet, Jaber et Ouerghemmi doivent jouer plus collectivement et se ménager pour ne pas s'essouffler. Kasdaoui doit se montrer plus lucide devant les bois adverses s'il tient à rattraper les meilleurs buteurs. Echeikh doit éviter les déchets techniques et mieux coopérer aussi avec Troudi quand ce dernier est en meilleure position de tirer. La force de l'équipe réside dans son jeu collectif beaucoup plus que dans ses qualités techniques individuelles. Avis partagé par Okbi qui nous confia, à l'issue du match, l'air très satisfait : «Nous avons nettement dominé le match, mais sans trouver la grande réussite escomptée. Nous avons retrouvé nos équilibres et la plénitude de nos moyens pour faire de l'animation offensive et de la création. Après avoir raté un penalty et des ratages monstres, nous n'avons pas fléchi. Ce qui prouve que nous avons de la détermination et une certaine force de caractère pour aller jusqu'au bout de nos intentions.» Réactions timides des visiteurs Dans l'autre camp, les intentions et les moyens n'étaient pas les mêmes. Zouaoui a aligné une formation à vocation défensive avec des consignes strictes de sécurité et de vigilance. Les deux pivots Sylla et Slama ont rarement quitté leur zone, tout comme les latéraux Ben Romdhane et Jaziri. Avec de telles dispositions, les Cabistes ne pouvaient pas aller loin et prétendre mettre les locaux dans des situations périlleuses. Même les réactions sporadiques des deux ailiers Jabbari et Ben Salem étaient généralement mal appuyées et mal achevées au moment de la conclusion. Les visiteurs ne doivent s'en prendre qu'à eux-mêmes d'avoir cherché plutôt à faire de l'opposition que de la construction. Au lieu d'assurer leurs arrières, tout en effectuant un pressing haut, pour tenir en respect l'adversaire dans sa propre zone, et en tâchant d'asseoir un jeu quelque peu plus offensif et plus dangereux, ils se sont contentés de résister aux assauts rageurs des locaux et d'annihiler autant que possible leurs mouvements offensifs et ont privilégié le marquage de zone et l'arme du contre. Une tactique qui ne marche pas à tous les coups puisque n'étaient la forme étincelante du gardien de but Ben Mustapha et la précipitation des avants locaux, la note aurait été beaucoup plus lourde. La vigilance oui, mais l'excès de prudence tue l'initiative et l'inspiration. Sans oublier que pour tenir durant un match disputé de bout en bout, il faut jouir d'une certaine fraîcheur physique et être capable de sillonner le terrain en long et en large. Ce qui n'était pas le cas de la plupart des joueurs bizertins qui ont accusé le coup et ont jonché, à maintes reprises, la pelouse, suite à des courbatures, crampes et autres traumatismes musculaires. C'est pourquoi, pour qu'ils puissent retrouver leur allant de la saison précédente, les Bizertins gagneraient à peaufiner leurs automatismes collectifs, à améliorer leurs aptitudes physiques à l'endurance et à la résistance et à soigner l'animation offensive et la créativité, clés de l'efficacité et de la réussite. L'entraîneur adjoint H. Romdhana a reconnu que les Bizertins n'avaient pas la même détermination et la même force de caractère pour pouvoir tourner à leur avantage l'échec au tir de réparation des locaux, maintenir la pression et faire jeu égal sur le plan offensif. Ce qui n'ôte rien au mérite des Kairouanais qui se sont déployés à fond et jusqu'au bout pour arracher et préserver leur victoire, ajouta-t-il.