La gazelle tunisienne est de retour après une longue absence .Le 26 mai au stade olympique de Rome devant 40.000 spectateurs à l'occasion de la 3e étape de la ligue de diamant Iaaf, elle a brillé de mille feux sur 3.000 m steeple en s'offrant un podium et surtout le 5e temps mondial 2011en 9:20.33 assurant au passage une brillante qualification aux Jeux olympiques 2012. Entre 2008 et 2009 ,Habiba Ghribi nous a fait rêver avec deux places de finaliste aux JO de Pékin et aux mondiaux de Berlin (6e) ,en 2011 elle fera tout pour faire mieux entre le 27 et 30 août à Daegu en Corée. Rappelons que lors du même meeting de Rome disputé le 10 juillet 2009, Ghribi avait terminé 5e en 9:24.40 avec une préparation plus longue de six semaines. Ton sentiment d'avoir refoulé les pistes internationales sur 3.000 m steeple, plus de 20 mois après ta dernière sortie le 12 septembre 2009 à Thessalonique? C'est à la fois un sentiment de soulagement et de satisfaction d'avoir renoué avec les compétitions de haut niveau et de revenir de très loin. J'avais hâte de reprendre le chemin des pistes depuis mon opération qui date du 14 mai 2010. J'ai eu une pensée pour ma dernière sortie internationale à Thessalonique à l'occasion du Grand prix final Iaaf où j'ai été victime d'une chute suite à une bousculade provoquée par un groupe d'athlètes Kenyanes. J'ai dû travailler davantage mes passages de haies pour éviter de revivre de nouveau le cauchemar grec. De janvier au 14 mai 2010 (date de l'opération), tu as dû vivre une situation difficile avec des diagnostics parfois contradictoires des médecins qui vous ont auscultée ? J'ai eu à rencontrer plusieurs médecins, l'un d'eux m'a même dit que ce n'était qu'une inflammation et que je pourrais reprendre dans trois semaines. Soulagée, je décide alors de ne pas interrompre les entraînements et partir en stage en Afrique du Sud en janvier 2010, conformément à mon programme. Un stage en altitude qui comptait beaucoup dans mon plan préparation, mais que j'ai dû interrompre suite au retour des douleurs.
«L'opération était nécessaire»
Tu es même allée voir à Munich le professeur Wolhlfahrt Muller qui fait partie du staff médical du Bayern de Munich et de l'équipe nationale d'Allemagne de football… Mon manager m'a proposé de prendre rendez-vous avec le professeur Muller. Au terme d'une série de soins d'une semaine, suivi d'un repos de trois semaines, à la reprise mon pied n'a tenu que quelques jours. L'opération de l'hallux valgus (déviation anormale du gros orteil) qui est à l'origine de la blessure, était devenue incontournable, elle fut suivie de presque quatre mois de rééducation de juin à septembre 2010.
Cette longue indisponibilité a-t-elle entamé un jour ton mental au point de songer à l'abandon ? En aucun moment durant ma longue période d'arrêt, je n'ai songé à l'abandon. Je croyais fermement à mon retour au premier plan. En étant loin des pistes, j'ai continué quand même à m'entretenir physiquement avec des séances de natation, vélo et de musculation. «Le stage d'Ifrane a été payant»
Pour revenir sur la course de Rome, une petite description de la course, surtout ce passage canon au premier kilomètre de la Kenyane Chepkurui en 3:01.47? En fait la Kenyane a joué le rôle de lièvre en imprimant un rythme soutenu pour aider aussi ses coéquipières à viser de grandes performances, ce qui explique son abandon après 2.000 m. il a fallu maintenir ce rythme pour courir sur les bases de 9:22 .En observant de près mes adversaires, j'ai constaté que le premier kilomètre de Chepkurui a fait des dégâts dans le groupe des Américaines et des Européennes. Le reste de la course est devenue surtout tactique, ce qui m' a permis vers la fin de sprinter et realiser 9:20.
Comment expliquer ce retour rapide parmi l'élite mondiale pour ta première sortie après une longue période d'indisponibilité ? Depuis le mois de septembre 2010, ma reprise fut progressive avec au menu beaucoup de travail d'endurance adapté à mes nouveaux appuis suite aux opérations effectuées sur les deux pieds. J'ai été soumise à un suivi régulier et pointu de la part de mon kinésithérapeute, ce qui a facilité ma progression. Le travail intensif effectué surtout en altitude notamment à Ifrane au Maroc a été payant. Pour se positionner de nouveau parmi l'élite mondiale après une si longue absence exigeait une performance de l'ordre de 9:20 pour espérer réaliser un bon résultat au championnat du monde.
«Avec plus d'expérience et un meilleur mental qu'en 2009»
Réaliser le second meilleur temps de ta carrière et la 5e performance mondiale 2011 à trois mois des mondiaux, cela doit être rassurant pour la suite ? C'est exact, ma 5e performance mondiale me rassure et confirme l'efficacité du gros travail accompli ces trois derniers mois, il fallait être dans le coup d'entrée pour peaufiner tranquillement la préparation qui reste à accomplir en vue des championnats du monde.
Quel sera ton plan pour vaincre cette redoutable armada et coalition éthiopienne et kenyane qui se présente à six lors des compétitions internationales? Je ne me pose jamais cette question, je sais bien que lorsque je suis en forme, je donne tout et je me bats au-delà de mes limites pour m'imposer, c'est cela ma devise.
Quelle est la différence entre l'athlète Ghribi 2009 et celle de 2011 sur tous les plans: technique, physique, tactique et mental ? En 2009, j'étais l'outsider du peloton et maintenant, je suis une toute autre personne après avoir emmagasiné de l'expérience et forgé un mental d'acier, prête à affronter les meilleurs au monde à Daegu.
Ta brillante qualification aux JO 2012 à 14 mois du rendez-vous de Londres devra te permettre de disposer de tous les atouts pour bien te préparer, ce qui ne fut pas le cas en 2008 (qualification obtenue deux mois avant Pékin)? En 2008, il a fallu tout préparer à la hâte, ma qualification a surpris tout le monde. Aujourd'hui, la situation se présente autrement pour m'offrir les avantages de mener une véritable préparation olympique.