L'énergie solaire, identifiée comme une alternative de choix aux énergies classiques et fossiles dont la rareté et les coûts de plus en plus élevés sont autant de problèmes qui se sont posés au cours des dernières décennies, a été utilisée, dans un premier temps, pour le chauffage de l'eau et n'a pas tardé à être exploitée dans de nouveaux secteurs, et notamment pour la production d'électricité aussi bien dans le secteur résidentiel, tertiaire qu'industriel. Le marché de l'énergie solaire photovoltaïque a, en effet, connu une forte croissance depuis la fin des années 90. L'évolution importante et continue de la production mondiale des modules photovoltaïques a permis à cette industrie d'acquérir une maturité technologique et a généré une baisse continue des coûts de production des modules. Consciente des perspectives prometteuses du solaire photovoltaïque, la Tunisie s'est engagée, après une expérience fort édifiante dans le solaire thermique, à développer ce créneau, d'autant plus qu'elle dispose de conditions d'ensoleillement favorables et d'un bon retour d'expérience à travers les projets réalisés dans le domaine de l'électrification rurale et le pompage de l'eau par l'énergie solaire. C'est dans ce cadre que l'Anme a lancé, depuis mai 2010, un programme baptisé «Prosol-Elec» et qui a pour objectif l'encouragement à l'autoproduction de l'électricité raccordée au réseau, en utilisant l'énergie solaire photovoltaïque. Ce projet vise à équiper, sur la période 2010-2014, environ 6.000 logements et 600 bâtiments publics de systèmes de production d'électricité raccordés au réseau d'une puissance de 15 MW. Par ailleurs, des incitations réglementaires et financières ont été mises en place afin de faciliter l'adhésion à ce projet. Le cadre réglementaire mis en place prévoit, entre autres, que tout établissement ou groupement d'établissements exerçant dans les secteurs industriel, agricole ou tertiaire, et qui produit de l'électricité à partir d'énergies renouvelables pour sa consommation propre, bénéficie du droit de transport de l'électricité ainsi produite par le réseau électrique national jusqu'à ses points de consommation et du droit de vente des excédents exclusivement à la Société tunisienne de l'électricité et du gaz . Il offre, en outre, à tout producteur d'électricité à partir d'énergies renouvelables pour sa consommation propre, dont les installations sont connectées au réseau électrique national en basse tension, la possibilité de vendre les excédents d'énergie électrique exclusivement à la Société tunisienne de l'électricité et du gaz. S'agissant des incitations financières prévues pour développer la production d'électricité à partir d'énergie solaire, une prime de 40% du coût de l'investissement, avec un plafond de vingt mille dinars (20.000D) est accordée aux projets d'éclairage rural et le pompage de l'eau par énergie solaire et énergie éolienne pour les fermes agricoles et projets ruraux, une prime de 30% du coût de l'investissement est également prévue pour le développement des projets de bâtiments solaires avec un plafond de trois mille dinars (3.000 D) par kilowatt crête et quinze mille dinars (15.000 D) par projet. M.Abdelkarim Ghezal, directeur des énergies renouvelables à l'Anme, relève que «jusqu'à fin avril 2010, ce sont environ 230 bâtiments solaires d'une capacité totale de 400 KW qui ont été équipés et qui sont opérationnels, 140 de ces bâtiments ont une puissance de 2KW». En outre, l'Anme a accordé l'éligibilité à 63 sociétés installatrices et on prévoit une multiplication du nombre de ces sociétés d'ici la fin de l'année, d'autant plus que 360 dossiers de demandes pour l'adhésion au programme et de réalisation de bâtiments solaires ont été déposés auprès de la Steg. M.Ghezal précise, en outre, que le programme Prosol-Elec prévoit un ensemble d'incitations au profit des clients individuels de la Steg et qui souhaiteraient installer des panneaux solaires photovoltaïques pour satisfaire partiellement leur consommation en énergie électrique. Ces clients auront droit à une subvention du Fonds national de la maîtrise de l'énergie (Fnme égale à 30% du coût de l'investissement de l'installation photovoltaïque et plafonnée à 3.000 dinars par kWc. Une prime supplémentaire de 10% du coût de l'investissement est accordée par le ministère italien de l'environnement et du territoire (Miet) à travers le Mediterranean renewable energy center (Medrec). La Steg s'engage, pour sa part, à fournir gratuitement un onduleur pour assurer la transformation du courant continu fourni par les modules photovoltaïques en courant alternatif. Notre interlocuteur ajoute, enfin, qu'une convention avec Attijari Bank offre la possibilité aux particuliers intéressés d'accéder à un crédit qui peut atteindre 3.000d par KWc et remboursable sur cinq ans.