Par Abdelmajid BETTAIEB Je me permets d'émettre quelques réflexions simples en tant que citoyen en comptant sur l'indulgence des lecteurs, car je n'ai pas encore réglé mes factures d'électricité, d'eau et la taxe de la voiture depuis deux mois. J'entends parler depuis janvier 2011 de civisme, de liberté et de démocratie sans comprendre le sens exact de ces termes. D'abord le mot civisme comme celui de citoyen est inséparable de l'héritage philosophique de la Révolution française; il renvoie : – à un système politique reconnaissant des droits à ses membres : les citoyens – à un système politique de valeurs; incarné dans la partie instituant des devoirs La forme politique du civisme est la république: Etat constitutionnel avec des citoyens unis entre eux et non à un souverain par un pacte (ordre civique). L'ordre civique est l'égalité rigoureuse devant la loi et l'Etat. La définition des droits et des devoirs du citoyen varie selon les époques en fonction des aspirations de l'opinion publique, de ses craintes et de la puissance de l'Etat. Quant à la notion de liberté, elle a toujours était traitée par opposition à la notion d'ordre public et de sécurité Dans la société occidentale, la liberté a été toujours une lutte permanente de type pyramidal entre le sommet représenté par le pouvoir et la base nombreuse représentée par les sujets ou les citoyens. La société tunisienne est différente, car elle est aussi constituée par la superposition horizontale de structures tribales (société nomade). Dans la première optique, la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 définit la liberté : «La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui». Tous les régimes politiques français, depuis la révolution de 1789 jusqu'à la Ve République actuelle (1958), ont essayé de trouver un équilibre entre la notion de liberté et la notion d'ordre public : liberté de réunion (1881), liberté de la presse (1881), liberté d'association professionnelle (1884), liberté d'enseignement (1850, 1882, 1886), liberté d'association (1901). Ces libertés doivent être exercées dans le cadre républicain et laïque de l'Etat. L'Etat libéral se protège contre le risque d'atteinte à l'Etat, tant au niveau des individus qui présentent des risques potentiels élevés, qu'à l'égard des activités qui peuvent le mettre en danger (dangers de terrorisme, dangers sanitaires…) Valery disait : «Si l'Etat est fort, il nous écrase, s'ils est faible; nous périssons…» Mais ce schéma directeur est peut-être relatif et ne peut s'appliquer pleinement à la société tunisienne. La loi étant la règle normative qui exprime la volonté commune des citoyens, elle doit peut-être tenir compte de la structure horizontale de la société tunisienne par le biais des organismes originaux (décentralisation…). Je ne prétends pas détenir la vérité, c'est un point de vue personnel pour contribuer par cette petite participation au débat actuel. Je suis de nature optimiste et je suis sûr que la jeunesse tunisienne, qui a fait la révolution, est capable de façonner la société de demain.