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Tunisie chérie, où vas-tu ?
OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 03 - 2011


Par Boussadia HABIB *
- Démocratie veut dire «donner mon avis», mais ne veut pas dire «imposer mon point de vue»
- Démocratie veut dire «parler ouvertement sans complexes avec des politiciens de 1er rang» mais ne veut pas dire s'adresser à eux sans un minimum de politesse et de bienséance !
– Démocratie veut dire «liberté certes» mais ne veut pas dire réclamer absolument de l'argent à l'Etat sous prétexte que je suis chômeur et que j'ai participé à la révolution !
- Démocratie veut dire «liberté pour les médias» mais ne veut pas dire raconter ou montrer n'importe quoi aux téléspectateurs !
La révolution ou la révolte populaire en Tunisie a été déclenchée par la misère sociale de certaines régions, le chômage massif des jeunes diplômés et l'opulence insolente des nantis du régime de Ben Ali qu'il s'agisse des proches du couple présidentiel avec leurs rejetons ou du cercle rapproché du pouvoir. Ce cercle comprend les conseillers ou gourous du président, les cadres du RCD et les commis de l'Etat Ben Ali, c'est-à-dire les patrons des banques ou sociétés nationales mais aussi les pseudo-députés ou pseudo-sénateurs qui percevaient un salaire royal pour légaliser et officialiser les opérations de phagocytose des maigres richesses du pays. Le triomphe du soulèvement populaire avec la fuite ô combien bénéfique du président déchu a sauvé la Tunisie d'une catastrophe inévitable. Une fois la révolution accomplie et réussie, il importe aux Tunisiens de penser à l'avenir !
C'est facile à dire mais difficile à réaliser comme on le verra car des contre-révolutionnaires, des opportunistes de tous bords et des réactionnaires ont fait leur apparition pour donner une direction erratique à cette révolution. Je passe rapidement sur les manœuvres lamentables et pitoyables des miliciens du RCD et de la garde présidentielle avec leurs actes attristants de sabotage et d'intimidation de la population civile. Je passerai sous silence l'aphasie et l'apathie dont ont fait preuve les représentants des assemblées du peuple qui n'ont pas eu la décence de faire leur mea-culpa (certains ont eu le culot de faire preuve d'une arrogance inadmissible envers le noble Premier ministre ! Mais leur niveau intellectuel très bas autorise l'indulgence envers des gens qui ont vu s'effondrer leur passe-droit). Mes réserves vont concerner les quêteurs de justice post-révolutionnaires qui ont rapidement envahi les plateaux de télévision : des avocats en quête de sensationnel, des syndicalistes réveillés après 23 ans d'hibernation, des intellectuels de salon privé ont parlé, papoté, discouru, jasé et surtout incité le peuple à agir, faire grève sans préavis, refuser tout gouvernement, tout représentant régional du gouvernement, bref toute forme d'arrangement afin de promouvoir la paix sociale ! Que peut-on espérer dans ces conditions : la production et la productivité garantes d'une reprise économique ne seront pas au rendez-vous, la confiance des investisseurs locaux et internationaux ne pourra pas être conquise, alors que la pauvreté et le chômage vont s'accroître inévitablement. Le cercle vicieux, à savoir augmentation du chômage, surcroît de délits, tension sociale extrême et finalement désespérance de l'avenir sera maintenu, entretenu jusqu'à ce que des gens sensés arrivent à la conclusion que pour sortir gagnant de cette fabuleuse révolution, il faut réfléchir et puis agir sereinement. A mon humble avis sans être expert en matière de paix sociale, il faut réunir les conditions suivantes pour sortir de cet imbroglio : savoir pardonner, engager des pourparlers entre patronat et syndicats et surtout faire preuve de patience et de civisme.
1- Le pardon est une étape obligatoire: indulgence et clémence ne sont pas synonymes de faiblesse mais plutôt d'une forte moralité car au train où étaient les choses du temps de l'ancien régime dictatorial, personne n'était en mesure de réaliser le mal qu'il générait. Ni la police avec ses effectifs pléthoriques et ses pratiques décadentes encensés par le président lors d'un fameux discours mémorable, ni les hauts cadres des institutions publiques qui ont «senti» que l'ascension professionnelle passait obligatoirement par une affiliation au RCD ou par un copinage obligé avec les rejetons du couple présidentiel, ni les cadres sclérosés archaïques du RCD n'étaient en mesure de saisir et de réaliser que la politique appliquée par le système Ben Ali est dangereuse et sans avenir glorieux ! La machine de Ben Ali était pourtant emballée et comme une super vague elle a tout entraîné, tout balayé ! La bénédiction de l'Occident à la politique stabilisatrice d'une société tunisienne tétanisée et l'absence d'opposition ont permis la poursuite de l'œuvre diabolique du régime Ben Ali. Une fois ce processus décapité, il faut savoir reconstruire sans haine, ressentiment et agressivité ! Pardonner n'est pas facile, mais pardonner c'est très noble, car ça donne à ceux qui le reçoivent le sentiment d'avoir une 2e chance de se réhabiliter (et pourquoi pas ?) et à ceux qui l'offrent le sentiment supérieur d'avoir dépassé le stade du châtiment qui reste un acte plus guidé par les sentiments que par la raison !
Finalement, absoudre et amnistier c'est réussir une réconciliation nationale qui a toujours servi de rampe de lancement à toute nouvelle société civile qui s'est reconstruite après une dictature. Bien sûr, il y a des cas où l'amnistie est inconcevable : c'est le cas des Ben Ali & Trabelsi and co, des Raspoutine du palais comme Ben Dhia ou Abdelwaheb Abdallah, des pseudo-sénateurs ou pseudo-députés qui se bousculaient au portillon du RCD pour un poste dans la grande arène ou la cour du roi, d'où ils faisaient sermon d'allégeance à Ben Ali, des PDG des banques qui ont distribué gracieusement des prêts sans garantie, des snipers de la révolution et des gros bonnets de la police politique. Beaucoup de gens «pestiférés» par les révolutionnaires peuvent tomber sous le coup de la grâce nationale comme des cadres supérieurs des institutions publiques qui agissaient sur un ordre aussi illégal soit-il sans payer le prix immédiatement ! C'était la règle du temps de Ben Ali et cette règle s'est érigée en décret-loi ! il faut comprendre cela pour pardonner plus facilement : quand je vois les manifestants se précipiter devant les bureaux de leur directeur pour exiger son départ et que pour partir ce dernier ne doit son salut qu'à l'arrivée de l'armée, je suis triste car dans une révolution le peuple a fait son travail en chassant le dictateur, mais il ne doit plus continuer à faire la chasse aux sorcières sinon c'est la course aux actes les plus barbares et cela empêche le ciment social de renaître à nouveau !
2- Engager des négociations gouvernement-syndicat et patrronat-syndicat est une 2e priorité de ces acteurs de la société tunisienne. En fait, on a vu au lendemain de la révolution des grèves spontanées pour ne pas dire sauvages et être taxées d'antirévolutionnaires, et surtout des grèves encouragées et incitées par la centrale syndicale. Tout se passe comme si l'Ugtt voulait prendre sa revanche sur cet Etat qui lui a mis la tête sous l'eau pendant 23 ans ou pire encore comme si les dirigeants de ce syndicat étaient encore sous les ordres de l'ancien régime qui lui demande de faire son maximum pour semer la discorde dans le pays afin de faire tomber ce gouvernement provisoire !!! Le comportement actuel de l'Ugtt n'est pas orthodoxe et pousse tout être humain normal à se demander si ses leaders ont un brin de patriotisme ! Je ne peux pas ne pas évoquer cette horrible hypothèse, quand le pays a besoin de se remettre sur pied et que j'apprends que la centrale syndicale ordonne et agence des grèves régionales (merci M. Briki Ali) ou quand je vois des élèves qui supplient leurs professeurs pour les cours ! Si l'objectif de l'Ugtt est de défendre les intérêts des travailleurs c'est légitime mais qu'elle le fasse lorsque l'économie aura montré des signes de redressement, mais si le but inavoué de l'Ugtt est de faire tomber le régime et ses institutions, qu'elle le déclare ouvertement ! Seulement qui va régler la facture des usines qui fermeront, des investisseurs qui auront choisi de délocaliser et de payer les nouveaux chômeurs qui viendront encombrer le marché du travail ? Si l'Ugtt est assez riche pour jouer à ce jeu, qu'elle le fasse savoir car cela incitera pas mal de gens à adhérer à cette centrale, y compris moi-même !
3- La 3e étape est encore plus dure que les précédentes car il s'agit de faire preuve de civisme c'est-à-dire de nationalisme et de patriotisme. Cela consiste à placer tout simplement l'intérêt national avant l'intérêt privé : cette pensée simple exige de toute personne sensée de s'abstenir de prôner la violence et la férocité verbales et de prêcher oet de recommander au contraire la bonne parole apaisante afin de faciliter l'entente, l'union et la fédération des citoyens tunisiens. Malheureusement on a vu le contraire lors des débats quotidiens sur les différentes chaînes de télévision. En regardant la télé on a été frappé par :
- L'omniprésence et surtout la prépondérance des avocats, comme s'ils étaient les seuls habilités à conseiller aux citoyens le choix de l'avenir, comme s'ils étaient les seuls à avoir le talent d'orateur ou le charisme pour faire sensation en critiquant telle décision gouvernementale, telle commission, etc. Critiquer pour critiquer rien que pour le plaisir de critiquer et avec une note de sarcasme pour mieux faire !
- L'omission volontaire des règles élémentaires de civilité, de bienséance et de courtoisie au profit de l'agressivité de la part des journalistes comme s'il y avait un malin plaisir à accomplir l'œuvre de dérision : on a essayé de malmener le ministre des Affaires étrangères jusqu'à le pousser à la démission ! On s'adresse au ministre comme si c'était un simple subalterne du ministère et encore même, ce dernier a droit au respect tout simplement ! On a vu des journalistes donner la parole à un manifestant qui s'est adressé au Premier ministre en ces termes insensés : «Eh toi Ghannouchi, je ne veux pas de toi et moi et mes potes sommes là pour te faire tomber toi et ton gouvernement !» on ne peut être plus insolent que ce pauvre frondeur et on ne peut être plus incompétent que ce petit journaliste ! Eh là où va-t-on comme ça ???
En conclusion, je dirai que la Révolution tunisienne n'est pas terminée malheureusement : on a fait le plus dur mais le plus difficile reste à faire ! On a réussi à éliminer un clan mafieux, mais il y a des efforts à accomplir. Aussi je mentionnerai ces quelques remarques :
- Démocratie veut dire «donner mon avis», mais ne veut pas dire «imposer mon point de vue»
- Démocratie veut dire «parler ouvertement sans complexes avec des politiciens de 1er rang» mais ne veut pas dire s'adresser à eux sans un minimum de politesse et de bienséance !
– Démocratie veut dire «liberté certes» mais ne veut pas dire réclamer absolument de l'argent à l'Etat sous prétexte que je suis chômeur et que j'ai participé à la révolution !
- Démocratie veut dire «liberté pour les médias» mais ne veut pas dire raconter ou montrer n'importe quoi aux téléspectateurs !
De grâce chers Tunisiens, réfléchissez une fraction de seconde : si Ben Ali se réveillait de son coma et revenait que feriez-vous ???
* Cardiologue - Sousse


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