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«Le Bourguibisme n'est le Hbous de personne»
Naissance du Mouvement Néo Bourguibiste (MNB) - Mezri Haddad cofondateur:
Publié dans Le Temps le 19 - 02 - 2011

M. Mezri Haddad vient d'annoncer la constitution d'un parti politique dénommé « Le Mouvement Néo Bourguibiste (MNB) qui a-t-il souligné s'inscrit dans la fidélité à l'universalisme humaniste et dans la continuité de la tradition patriotique et réformiste tunisienne dont Habib Bourguiba a été l'adepte et la quintessence.
Pour en savoir plus sur ce nouveau parti, sur ses principes et ses objectifs nous avons invité M. Haddad. Interview
Le Temps : La naissance du Mouvement Néo bourguibiste que vous venez de créer a fait l'effet d'une bombe. Beaucoup ont salué cette initiative, mais certains des proches de Bourguiba ont mal réagi sur facebook. Pourquoi avez-vous créé le MNB et comment expliquez-vous de telles critiques ?
Mezri Haddad : Cela fait des années que je réfléchis à un tel mouvement. J'avais déjà proposé l'idée au défunt Mohamed Mzali, en 1989, lorsque nous étions exilés et pourchassés et que Ben Ali faisait l'unanimité en Tunisie. Plus tard, en avril 2000, de retour en Tunisie après 11 ans d'exil, précisément pour assister aux funérailles de Habib Bourguiba, j'ai écrit un article dans Jeune Afrique en hommage au combattant suprême où j'ai fait allusion au Bourguibisme et à son avenir en Tunisie. En 2002, dans mon livre Carthage ne sera pas détruite, j'ai clairement appelé les destouriens à revenir aux sources du bourguibisme et s'ils n'ont pas l'audace d'opérer un tel aggiornamento, que d'autres fondent alors un parti résolument bourguibiste. A cette époque, les bourguibistes se faisaient très discrets à l'exception d'une minorité qui se reconnaitra.
Quant aux critiques, je leur rappelle très amicalement que le bourguibisme n'est sous le « Hbous » de personne, fut-ce les proches de sa famille. Le bourguibisme est un patrimoine national et Bourguiba méprisait les filiations monarchiques ! Je leur dis aussi d'attendre la lecture de mes deux livres en avril prochain, l'un sur Bourguiba, l'autre qui est un témoignage sur les 25 dernières années.
Oui, mais pourquoi ce mouvement qui renvoie à Bourguiba, un homme du passé, et pourquoi maintenant ?
Parce que j'entends depuis des semaines des extrémistes exiger le procès de la République depuis 1956 et la condamnation effective ou symbolique de tous ceux qui ont été les serviteurs de l'Etat depuis l'indépendance. Parce que j'entends aussi des hystériques réclamer le retour à la polygamie. Parce que j'entends des hordes crier au rétablissement du califat…Dès le 28 janvier, dans un article de La Presse, j'ai appelé à la raison, à la réflexion politique, au retour au Néo Destour et à la résurrection du bourguibisme. Comme je n'ai rien vu venir, j'ai décidé de répondre au devoir patriotique.
«Hordes fanatisées»
Le mot « Horde » vous a été beaucoup reproché lorsque vous l'avez employé dans l'interview de Bourdin sur BFM-TV. Pourquoi vous l'utilisez à nouveau ?
Pour que les gens comprennent justement que ceux que je qualifiais de « hordes fanatisées » ne sont pas le peuple auquel j'appartiens, ni cette classe des pauvres et déshéritée de laquelle je suis socialement issu et dont je suis fier, mais ces Hilaliens comme disait Ibn Khaldûn, qui cassent, brulent, pillent et terrorisent les honnêtes gens et dont on sait maintenant par qui ils étaient manipulés. Lorsqu'on visionne les 15 minutes d'interview sur BFM et non pas les 3 minutes diffusées sur Youtube, on comprend très bien qui est visé par le mot horde.
Vous ne m'avez pas dit pourquoi ce renvoi à un Bourguiba qui appartient au passé ?
Comme je vous l'ai mentionné, j'ai toujours pensé, écrit et déclaré que le bourguibisme doit être pour la Tunisie ce que le gaullisme est pour la France, ce que le kémalisme est pour la Turquie, ce que le nassérisme est pour l'Egypte, ce que Mossadek est pour l'Iran et ce que Thomas Jefferson est pour les Etats-Unis d'Amérique. Les grandes nations de ce monde sont fidèles à leurs pères fondateurs. La Tunisie ne doit pas faire l'exception précisément parce que c'est une grande nation.
Vous venez de parler de deux livres pour le mois d'avril. De quoi s'agit-il ?
Il s'agit d'abord d'un essai politique et philosophique sur la pensée de Bourguiba, que j'ai commencé il y a dix ans et dont j'avais d'ailleurs annoncé la publication dans mon livre Carthage ne sera pas détruite (2002). Quant au second, je le rédige en ce moment et qui est un témoignage portant sur 25 ans d'action et de réflexion politique. J'ai beaucoup de révélations à faire. Le peuple tunisien a le droit de savoir toute la vérité. Je vais la lui dire. J'ai aussi quelques comptes à régler avec un certain nombre de réactionnaires et de bourgeois qui viennent de se métamorphoser en révolutionnaires. J'ai aussi à me réconcilier avec un certain nombre d'amis desquels des différends politiques m'ont séparé et auxquels je me suis opposé par la plume. Je ne tiens pas cette attitude tolérante et fraternelle du traité de Voltaire mais de notre illustre tradition islamique et plus exactement de notre Prophète qui nous a enseigné l'Amour et pas la haine, le pardon et pas la vengeance, la raison et pas la passion.
Je veux revenir au Mouvement Néo bourguibiste. Quel est son programme et qui est avec vous ?
Il s'agit d'un parti libéral dans tous les sens du terme. Libéralisme politique, libéralisme économique et libéralisme social. Oui, libéralisme social sans contradiction dans les termes, car le côté social a été malheureusement négligé par les théoriciens du libéralisme. Le MNB est par exemple contre la mondialisation capitalistique et financière qui écrase les ouvriers, induit des chômeurs et ruine les foyers partout dans le monde. Après la chute du communisme que je ne regrette pas personnellement, l'impérialisme capitaliste s'est trouvé sans opposition et sans résistance. Il est naturellement tombé dans l'excès. Par ailleurs, néo bourguibiste signifie bourguibisme expurgé des scories et des erreurs commises par un Bourguiba âgé ou par ceux qui agissaient en son nom. Le MNB rendra public l'intégralité de son programme. Quant aux co-fondateurs et premiers adhérents du MNB, permettez-moi de taire pour le moment leurs noms. Ils sont nombreux et déterminés et apparaitront au moment opportun.
Si vous avez fondé ce Mouvement, c'est que vous avez l'intention de vous présenter aux prochaines élections présidentielles.
Je rassure d'emblée tout le monde, personnellement je suis comme Rached Ghannouchi : je ne serai candidat à rien ! Mais le MNB entend jouer d'une façon ou d'une autre son rôle dans les prochaines élections législatives et présidentielles. Par des alliances stratégiques ou tactiques, nous soutiendrons le candidat le plus apte à diriger la Tunisie dans cette phase cruciale de son histoire. Notre Mouvement qui s'enracine dans le passé et se projette dans l'avenir a tout son temps pour attendre. Le MNB rassemble beaucoup de jeunes et il a le soutien de plusieurs anciens ministres de l'ère bourguibienne. C'est la philosophie du MNB, c'est-à-dire un pont entre l'ancienne génération politique et la nouvelle.
Sur facebook et internet en général, il y a des critiques très vives et même violentes contre vous. C'est pourquoi à votre avis ?
Vous savez ce que disait Tibère le romain, « Que l'on me haïsse pourvu qu'on me craigne » ! Je vais être sincère avec vous. J'ai longtemps pensé que sur internet, mes ennemis les plus acharnés sont les islamistes. Ces deux derniers mois ont prouvé que les plus odieux à mon égard ne sont pas les islamistes mais les « koubsistes » ! Ils sont très courageux derrière l'anonymat et derrière leur clavier.
Que voulez-vous dire par là ?
Je veux dire quelques grands noms de la bourgeoisie tunisoise qui se croient au-dessus de la classe populaire et qui au fond méprisent les gens du peuple. Je les appelle « Ahl el-Makzen », ceux qui ont servi puis trahi les Beys, servi puis trahi Bourguiba, servi puis trahi Ben Ali. Leur unique objectif a toujours été de préserver leurs intérêts, y compris sous le protectorat. Je ne généralise pas, car il y a des tunisois honorables et estimables. Ceux que je désigne ne m'ont jamais porté dans leur cœur. Ni lorsque j'étais opposant et exilé, ni après mon ralliement au régime comme ils disent. Leur ressentiment a doublé lorsque j'ai été nommé ambassadeur à l'UNESCO, par envie et par haine de classe, comme disait Marx. Ces gens là qui jouent aux révolutionnaires aujourd'hui ont toujours été les pires réactionnaires. Je suis très fier de mes origines modestes et dans trois mois, ces opportunistes seront moins fiers de leur origine bourgeoise.
Pourquoi dans trois mois ?
Parce que dans trois mois, mes livres seront dans les librairies. Vous savez, tous les pouvoirs sont éphémères sauf celui de la plume. Ce pouvoir là, c'est Dieu qui me l'a donné et c'est Lui Seul qui pourrait le reprendre.
Je veux à la fin vous faire une objection que la jeunesse tunisienne est en droit de vous faire : Bourguiba, on ne connait pas et le bourguibisme n'a pas d'avenir.
Sans les vexer, je dirais que c'est naturel que cette génération ignore le génie politique de Bourguiba et sa noblesse patriotique. C'est la génération Ben Ali, qui a tout fait pour éradiquer toutes traces du bourguibisme, j'en sais quelque chose. Maintenant, pour l'avenir du bourguibisme et notamment du MNB, je dirai comme saint Augustin, « Marche, même lorsque tu ne vois pas ta route, car la route n'existe que par ta marche » !
Interview réalisée par Néjib SASSI


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