De notre envoyée spéciale à Lisbonne Nadia CHAHED Les actions de la Banque africaine de développement dans la région d'Afrique du Nord et les perspectives futures du développement dans cette région, tels sont les thèmes d'un panel organisé, hier, en marge de la deuxième journée des assemblées annuelles de la BAD tenues le 9 et le 10 juin à Lisbonne. Un thème qui puise sa légitimité des évènements récents qui, prenant naissance en Tunisie, se sont ensuite étendus à un certain nombre de pays arabes : événements qui dictent à tous les acteurs et notamment à ceux de la BAD impliqués dans le développement de ces pays de revoir leurs approches et de rectifier leurs actions à la lumière de ces nouveaux contextes socioéconomiques en prenant en compte les facteurs majeurs qui ont engendré ces révolutions. Il est à noter que la BAD a été l'un des premiers organismes financiers à s'intéresser à la situation de la Tunisie juste après la révolution et à prévoir un ensemble d'actions pour venir en aide au gouvernement tunisien de transition. Par ailleurs et en marge des assemblées annuelles de la BAD, un accord de prêt relatif au Programme d'appui à la gouvernance et au développement inclusif (Pagdi) d'un montant de 500 millions de dollars a été signé entre M. Donald Kaberuka, président de la BAD, et M. Abdelhamid Triki, notre ministre de la Planification et de la Coopération. M. Triki a tenu, à cette occasion, à féliciter l'engagement de la BAD, dès les premiers jours de la révolution, à venir en aide à la Tunisie en apportant une réponse appropriée aux besoins engendrés par les circonstances exceptionnelles que connaît le pays. Il a, en outre, rappelé que le Pagdi qui s'inscrit dans un plan national de relance socioéconomique vise à aider la Tunisie à dépasser avec succès cette phase transitoire en apportant une réponse rapide et efficace aux besoins les plus urgents. Il s'agit, notamment, de la révision des critères d'éligibilité pour les programmes d'assistance sociale en intégrant les modalités de contrôle et de suivi participatifs, de l'amélioration de l'employabilité et des perspectives d'insertion dans la vie active des demandeurs d'emploi qualifiés et non qualifiés, de la dynamisation du secteur de la microfinance afin d'apporter une réponse adéquate aux besoins sans cesse croissants en la matière et d'une évaluation efficace de la performance des principaux fonds consacrés à la promotion de l'emploi et au renforcement de la solidarité. Ce programme accorde à la question de la bonne gouvernance une place de choix et prévoit, à cet effet, d'œuvrer de façon à rendre l'action publique plus efficace et plus proche du citoyen à travers un renforcement de la transparence et la garantie d'une concurrence saine. Le volet développement inclusif dont les objectifs sont la promotion de l'emploi et la réalisation d'un développement régional plus équilibré, tout en renforçant la participation citoyenne dans la gestion et le suivi des affaires publiques, sera consacré, à travers un renforcement du rôle de la société civile et de la participation citoyenne dans la planification et l'évaluation de la performance des services publics de proximité et la réduction des disparités régionales, à l'identification et à la définition de critères objectifs permettant une répartition plus équitable des investissements et des richesses du pays. M. Triki a, enfin, souligné que cet appui témoigne du grand capital confiance dont jouit la Tunisie auprès de la banque, «un capital forgé durant plus de trois décennies de coopération fructueuse et que nous sommes déterminés à renforcer davantage», a-t-il encore affirmé. Une conférence de presse a, également, été organisée suite au panel sur «la BAD en Afrique du Nord», elle a été animée par MM. Jacob Kolster, directeur du département Afrique du Nord à la BAD, Gouda Abdel Khalek, ministre égyptien de la Solidarité et de la Justice sociale, et Ahmed Lahlimi Alami, ministre marocain du Développement. Intégration régionale M. Kolster a précisé, à cette occasion, que le panel consacré à l'Afrique du Nord a permis de soulever plusieurs thèmes relatifs à la situation économique et politique dans la région. Les intervenants ont, a-t-il précisé, tenté de répondre à deux questions principales, à savoir les causes qui ont généré les révolutions dans certains pays arabes et africains et les perspectives futures dans la région. Le panel a, également, été une occasion pour soulever les questions de monopole, de demandes sociales et celles macroéconomiques, sans oublier le rôle que doivent jouer les universités pour répondre aux nouveaux défis de la région. Le ministre égyptien a souligné, pour sa part, que ces assemblées étaient une occasion extraordinaire pour les pays africains pour débattre d'un certain nombre de questions prioritaires relatives, notamment, à la croissance économique et aux subventions. Il a, en outre, précisé que les facteurs qui ont engendré les révolutions dans certains pays africains, et notamment en Afrique du Nord, devraient être pris en compte pour reconsidérer toutes les questions relatives au développement dans la région citant, entre autres, la dimension démographique, la technologie et l'aspiration des populations à une vraie démocratie et à une participation active dans la prise de décision. M. Abdelkhalek a, par ailleurs, attiré l'attention sur l'importance de l'intégration régionale et a noté que la BAD devrait penser à œuvrer dans ce sens à travers des actions appropriées. Il a, enfin, noté qu'il est essentiel de rester optimiste d'autant plus que toute révolution a un prix et que tout changement social a un coût et que les retombées positives sur le long terme seront palpables autant sur le plan économique que social. M. Lahlimi a souligné, de son côté, qu'il fallait distinguer les problèmes communs à tous les pays arabes et africains qui ont vécu des révolutions récentes et les problèmes spécifiques à chacun de ces pays, précisant que le problème de l'emploi des diplômés et de la transition démographique où les populations se composent d'une majorité de jeunes en âge de travailler sont quelques-uns des problèmes communs et qui ont été les générateurs des révolutions dans ces pays.