Les docteurs et doctorants de l'enseignement supérieur s'organisent à la faveur du souffle démocratique que vit le pays. Cela donne l'Association tunisienne des docteurs et doctorants en sciences (Atdds). Une association dont l'objectif prioritaire est l'intégration de ces diplômés de haut niveau dans la vie professionnelle. Mais le comité exécutif, où les femmes sont ultra-majoritaires, garde les pieds sur terre. «Nous savons, explique Randa Mejri, qu'il n'est pas réaliste d'exiger aujourd'hui que tous les nôtres soient recrutés». Il s'agit plutôt de faire de ces chercheurs de bons candidats à l'emploi et de garantir plus de justice au niveau des concours de recrutement des assistants et maîtres-assistants de l'enseignement supérieur. Actuellement, si le nombre de postes ouverts reste, malgré sa progression, bien en-deçà des attentes, (31 en 2011 contre 7 en 2010) c'est l'approche même présidant au concours qui est contestée. Car celle-ci ouvre aux «patrons» de thèse l'opportunité de booster leur poulain du moment. On va bien entendu l'aider à l'oral mais surtout étoffer le CV et ajuster les critères. Certains vont jusqu'à ouvrir des postes «spécialisés» qui s'avèrent être sur mesure. Pour plus d'équité, les responsables de l'Association proposent que les critères soient rendus publics (sur le site web du ministère) et communiqués aux intéressés dès l'ouverture du concours. Ainsi, le candidat sera en mesure de comptabiliser son score sur dossier ce qui représente actuellement 70% de la note. Autre suggestion : afficher le classement sur dossier des candidats avec les notes afin de limiter les coups de pouce à l'oral. A propos des postes ciblés, l'idée serait de bannir le libellé de sur-spécialisation qui a fini en quelque sorte par désigner les lauréats. Les concours devront ainsi être ouverts à tous selon la filière : «Physiologie animale», «Biologie végétale», «Génétique»… Et que le meilleur gagne. S'agissant de l'employabilité, la nouvelle association milite en faveur d'une dose de pluridisciplinarité au niveau de la formation des doctorants, qui puisse leur ouvrir des perspectives professionnelles en tant que praticiens (telles que les emplois destinés aux ingénieurs) ou que chefs d'entreprise. Enfin, l'association, qui entend défendre les intérêts de ses adhérents auprès de toute structure ou administration, s'emploiera à aider les docteurs et doctorants à trouver des opportunités de stage dans les laboratoires de recherche, les encadrer et les coacher gratuitement en vue du concours et faciliter les échanges de matériel et de connaissances entre les différents laboratoires. Par ailleurs est lancée l'idée de la création d'un statut «post-doctoral» semblable à celui existant en Europe. Ce qui ouvrirait la voie à des recrutements à durée déterminée au sein de laboratoires de recherche ayant obtenu des commandes de travaux auprès de laboratoires internationaux. C'est à ce niveau qu'il reviendra à l'association de mettre en exergue les capacités des docteurs et doctorants, et de sensibiliser, aussi bien les laboratoires de recherche que les entreprises, à l'apport scientifique et pratique de cette catégorie de diplômés de haut niveau. Notamment en matière de créativité, d'innovation et de contrôle de qualité.