Pendant deux jours, des universitaires et des représentants des différentes fédérations nationales de l'UTICA sont appelés à débattre des modalités de renforcement de partenariat entre les deux structures pour résoudre le problème d'insertion des diplômés dans le marché de l'emploi. Certes, l'objectif est noble mais sa concrétisation est très difficile. Et pour cause, le « désengagement » des professionnels. Seules, deux fédérations ont participé à l'atelier de travail sur le partenariat entre les entreprises de l'enseignement technique et professionnel et les entreprises qui se tient, depuis hier à la capitale. La matinée de la première journée a été marquée par l'absence des professionnels. Les universitaires considèrent que les deux parties continuent à se tourner le dos alors que les professionnels justifient leur absence par la mauvaise organisation...Il s'agit en fait d'un vrai problème de communication. Le partenariat entre les établissements de l'enseignement technique et professionnel et les entreprises fait depuis, hier, l'objet d'un atelier de travail co-organisé par l'UNIVEC, (Centre International pour l'Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle), l'ESSTT (Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de Tunis) et la Commission Nationale pour l'Education, la Science et la Culture. Un nombre de responsables de l'Agence Nationale de la Formation Professionnelle, des présidents des fédérations professionnelles de l'UTICA et des spécialistes dans le domaine devraient se réunir pour identifier les modalités de renforcement de partenariat entre les deux structures et de permettre aux établissements d'enseignement de s'adapter aux mutations technologiques et aux exigences du marché de l'emploi. L'atelier vise entre autres, à identifier un mécanisme de partenariat efficace et durable. Mais la tâche n'est pas facile. D'ailleurs, l'objectif semble loin d'être réalisé car, la première journée des travaux été marquée par l'absence des professionnels contrairement aux universitaires. Est-ce un désengagement de la part de ce partenaire primordial ? « C'est un désengagement que nous avons toujours regretté. Il n'y a pas de relation effective entre les deux parties », nous a répondu le professeur Ahmed Ben Cheikh Larbi, Directeur des Etudes et des Stages et Vice Directeur de l'ESSTT. Il explique ce problème par le manque de communication. « Les deux partenaires se tournent le dos et on continue à le faire. C'est ne pas dans l'intérêt de l'étudiant ni de l'entreprise », proteste-t-il. Toutefois, il ne désespère pas, Pr Ben Cheikh Larbi appelle à la création de noyaux de suivi de relation. « C'est l'objectif même de cet atelier », toujours d'après lui. Il précise dans ce cadre qu'il est important de créer dans chaque corporation une équipe formée par les entreprises et alimentée par les universitaires pour concrétiser les finalités tracées. Pour ce faire, le professeur propose d'établir un programme d'action tout en définissant les besoins de l'entreprise à court et à moyen terme, « pour aujourd'hui et demain », explique-t-il. Cela exige « la détermination des types de formation, son évaluation et la période d'adaptation des diplômés ou leur intégration dans le tissu professionnel », propose-t-il. « Une fois que nous en aurons identifié les besoins nous allons créer un cursus de formation adapté à l'entreprise », a-t-il enchaîné. La participation des experts dans ce processus est d'une importance majeure selon le professeur car, l'entreprise anticipe l'université.
Autres mesures Par ailleurs, la consolidation de partenariat entre ces deux parties « ne s'effectuera que suite à une impulsion de haut niveau », juge-t-il. Et d'appeler : « Il faut, en fait, promulguer une législation qui impose ce partenariat entre les deux structures ». « Le ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie et l'UTICA doivent discuter de manière efficace et mettre en œuvre un circuit de relation », toujours d'après la même source. Si le tissu économique est composé en sa majorité de PME, les autorités doivent cibler les grandes entreprises dans une première initiative. « Il faut imposer cette stratégie relationnelle », affirme-t-il. Idem pour la recherche scientifique. Les autorités de tutelle doivent songer à ce point en incitant les grandes entreprises à nouer un partenariat avec les universités pour développer le secteur et ce à travers la réservation d'une valeur de son chiffre d'affaires à cette activité scientifique. Les doctorants tunisiens sont en fait, capables de travailler dans les grands chantiers en cours de réalisation dans notre pays pour avoir ainsi des compétences maîtrisant l'environnement local. Le fossé entre les professionnels et les universitaires est large. « Le problème ne sera résolu qu'en établissant une stratégie bien fondée et efficace », d'après Pr Ben Cheikh Larbi.
Les professionnels Du côté des professionnels, M. Tahar Riahi, représentant du FENAS, considère qu'ils sont conscients de ce défi. Il justifie l'absence des représentants des fédérations par la mauvaise organisation. « L'évolution du monde de travail est remarquable de telle sorte que nous ne pouvons pas se tourner le dos », répond-t-il. Et d'enchaîner : « D'ailleurs la survie du monde de l'entreprise ne peut se faire que par le partenariat ». Il soulève dans ce cadre le problème de la formation et d'insertion professionnelle, deux axes qui enregistrent une carence. M. Riahi juge que « les diplômés universitaires sont peu performants, alors que les chefs d'entreprises songent à la compétence et à l'aptitude pour exercer convenablement le métier ». « L'université doit se professionnaliser et la formation dans le domaine doit obéir à un cadre bien déterminé », appelle-t-il. Toujours dans le même ordre d'idées, M. Riahi, souligne qu'il y a des entrepreneurs qui sont conscients de l'importance d'impliquer les universitaires dans leur processus de développement économique. Il parle ainsi de « la co-construction ». Pour réussir cette démarche, « il faut résoudre le problème de la communication. C'est une nécessité à laquelle on va y venir », d'après lui. La résolution du problème du chômage des diplômés du supérieur et des différents demandeurs d'emploi n'est pas une tâche facile. C'est un travail de longue haleine qui engage tous les partenaires. Il est tributaire également de l'établissement de stratégies efficaces et étudiées. Serons-nous capables de relever ce défi dans les prochaines années ?