Par Magali BARTHES* Après la conquête d'une liberté très cher payée, les dirigeants occidentaux, dont le feint étonnement actuel n'a d'égal que le dédain passé, devraient désormais songer à l'avènement d'une autre révolution : la révolution écologique. Car il faut bien s'y résoudre : les populations du Maghreb vont se retrouver, bien malgré elles, aux premières loges d'une sentence climatique, difficilement conciliable avec une vie quotidienne normale. Et il y a fort à parier que les peuples arabes n'attendent pas deux siècles pour faire valoir leurs arguments. Depuis quelques années, les pays du Maghreb sont de plus en plus nombreux à revendiquer leurs aspirations écologiques. En Tunisie, cette prise de conscience a abouti, en 2005, à la création du Parti des verts pour le progrès. Le réchauffement climatique, question existentielle des générations d'aujourd'hui et de demain, sonne comme une implacable démonstration des pressions anthropiques — fort longtemps occidentales — menées sur une planète plus que jamais vulnérable. L'époque actuelle permet encore à des lobbies multiformes de rendre les démonstrations scientifiques caduques. La vérité établie, issue de la convergence d'éminents spécialistes, est parfois présentée comme la négation d'une opinion sans fondement, faisant place à une autre soi-disant vérité imposée unilatéralement. Bien des pratiques l'illustrent encore, de nos jours, dans certains cercles feutrés évoluant dans l'illusion de la toute-puissance d'une idéologie de fait dépassée. Hélas, l'exemple ne venant point d'élus dits « responsables», les belles paroles ne peuvent donner les germes d'un cercle vertueux. C'est là que le bât blesse ! «A qualité égale, l'homme qui les fait rire obtient plus de voix que celui qui les force à penser», comme le disait Malcolm de Chazal. Mais il semble devoir composer avec l'inconscience de la plupart des dirigeants politiques et patrons d'industrie, mêlée à leur incompétence scientifique ou à leur cynisme, selon les cas... Le choix des mots semble essentiel : un plaidoyer pour la planète ne serait associé à un crime de lèse-majesté ! A l'aune des prédictions de spécialistes raisonnés, et des postures d'hommes politiques ankylosés dans leurs dogmes d'un autre âge, des émeutes sont prévisibles. Qu'est-ce qui vous dit que le peuple ne soit pas encore confronté à une attitude schizophrène de juristes obsédés par l'application d'une loi contre-productive pour l'environnement (vous martelant qu'une loi votée doit être appliquée, en dépit de ses vices) ? Et les juristes occidentaux de fleurir peu après sur les plateaux télé, s'efforçant de répondre le plus diplomatiquement possible à l'épineuse problématique : «La justice peut-elle condamner les révoltes?».