Le football d'élite a vite fait de réparer une injustice de l'histoire : l'Union Sportive Monastirienne a retrouvé dimanche sa place naturelle en Ligue 1 Trois journées avant le terme du championnat de Ligue 2, le club usémiste a plié l'affaire en deux temps-trois mouvements : avec ses dix points d'avance sur le troisième, l'AS Djerba, en effet, il ne peut plus être rejoint. Malgré une entame de saison poussive, avec une défaite à domicile devant l'ES Béni Khalled, le club de la ville du Ribat allait alterner les bonnes performances et les petits faux pas, se relayant à la barre de la L2 avec le club capbonais. Ce n'est qu'après la longue trêve, à l'entame de la phase retour qu'il mettra la surmultipliée pour larguer son principal rival et prendre progressivement le large. Rigueur dans la gestion de l'effectif, régularité de métronome et solidité dans ses productions loin du stade Mustapha Ben Jannet, les «Bleu et Blanc» ont démontré qu'ils possédaient quelque chose de plus par rapport au peloton de la deuxième division. Et ils en administreront encore mieux la preuve dans leur parcours de la Coupe de Tunisie où ils élimineront un ténor de l'élite, le Club Sportif Sfaxien sur la pelouse de Ksar Hellal. Avant de rendre les armes, avec les honneurs en quarts de finale contre l'Espérance Sportive de Tunis. Parti au coup d'envoi de la saison avec Jalel Kadri à la barre technique, l'USM n'a pas vraiment souffert de son remplacement par Fayçal Zid. Loin s'en faut! Celui-ci a su communiquer à ses joueurs l'ambition d'un novice qui n'avait fait son apprentissage qu'en tant qu'assistant (de Khaled Ben Sassi à l'ESHammam-Sousse). Car le club usmiste pouvait s'appuyer sur de solides structures administratives, sur un potentiel humain que lui envieraient beaucoup de vieux routiers de la Ligue 1, et sur un public fidèle et qui n'a pas lâché ses favoris. Pourtant, il n'est jamais évident de s'adapter rapidement et sans transition aux batailles dominicales de la L2 faites de hargne, de dépense d'énergie physique et de jeu direct sur des pelouses dans leur quasi-totalité pelées, teigneuses et ne permettant guère d'exprimer une grande qualité de jeu. Le club sahélien courait le risque de s'enliser dans le bourbier de l'antichambre du championnat d'élite et de perdre le fil de son jeu et de ses ambitions. Tel un gaillard solide et sûr de son fait, il a parfaitement su garder les pieds sur terre, s'armer d'humilité et de réalisme, et s'adapter à un autre football et à une autre philosophie de jeu. Il n'aura ainsi mis que quatre cents jours pile pour revoir le soleil et reconquérir la place qui a toujours été la sienne depuis le début des années 60. Ben Abdelkader à la baguette Le président du club Hédi Benzarti et son équipe ont mené à bien leur ouvrage, apportant les moyens financiers indispensables malgré quelques difficultés ponctuelles partagées par tous les clubs en cette saison particulière. Car les copains de Ben Abdelkader ont sacrifié à leur tour à la mode de la grève des entraînements en plein marasme financier. On a pu mesurer, sur la durée de la saison, le rôle prépondérant joué par les piliers Hichem Zhani dans les bois, Boukong, du Lesotho, sur le flanc gauche, Ahmed Marmouch côté droit qui termina la rencontre de Msaken avec une blessure au visage suite à un coup de coude qui lui avait été asséné (involontairement ?) par le vieux renard Zoubeir Beya, 40 ans, Nizar Boukasra et le métronome et capitaine Ali Ben Abdelkader, et Bassem Nafti à la pointe de l'attaque. Tout ce beau monde n'aurait sans doute guère réussi sans l'esprit de corps et les vertus collectives inhérentes à toute réussite. Et sans le doigté et le pragmatisme du staff technique composé de Fayçal Zid, Riadh Trabelsi et Faouzi El Ouni. En 2007, l'USM a laissé filer un doublé historique qu'il n'aurait guère usurpé. C'était la génération dorée de Ben Belgacem, Essifi, Achour, Salah Mzali, Frej Bnouni, Maher Hannachi… L'objectif aujourd'hui n'est plus tellement de viser d'emblée aussi haut, car cela serait tout simplement prétentieux. Mais plutôt de travailler sur la durée tout en retenant les leçons du passé. C'est-à-dire, éviter de brader ses meilleurs produits et de vider d'un seul trait un club fondé en 1923 et qui demeure un des doyens du foot national.