Le Premier ministre du gouvernement provisoire Béji Caïd Essebsi a inauguré, hier après-midi, la 45e édition de la Foire internationale de Sfax. Accompagné de plusieurs membres de son gouvernement, du gouverneur de la région et en présence d'un grand nombre de personnalités politiques ainsi que de la présidente de l'Utica, le Premier ministre a parcouru les différents pavillons de la foire, discutant avec les exposants et prodiguant ses encouragements aux organisateurs qui ont su organiser, avec succès, cette nouvelle édition dans des conditions difficiles. A cette occasion, M. Béji Caïd Essebsi a prononcé un discours dans lequel il a précisé que la révolution bénie du 14 janvier est la résultante d'une accumulation de problèmes et d'injustices sociales et économiques. Toutefois, a-t-il rappelé, la révolution n'est pas synonyme de démocratie. Cette dernière doit être bâtie sur des bases solides à travers un processus réfléchi et une démarche qui permet la participation de tous les Tunisiens. Ainsi, ajoute-t-il, notre gouvernement dont l'âge ne dépasse pas trois mois et demi est devant une grande responsabilité historique qui consiste essentiellement à réussir la transition démocratique. Nous avons commencé, à pas sûrs, sur la voie de la rupture totale et irréversible avec l'ancien régime et nous sommes convaincus qu'on va réussir à jeter les bases d'un système politique démocratique où cohabitent toutes les tendances et sensibilités politiques, martèle le Premier ministre. Cela, explique-t-il, est le fruit d'une clairvoyance politique des leaders de cette nation qui ont su bâtir un Etat moderne et une société équilibrée et de juste milieu, garant d'une transition démocratique. Toutefois, le Premier ministre reconnaît que le plus dur en cette période transitoire c'est le manque d'encadrement politique et idéologique ainsi que l'absence de leadership politique. Abordant la question de préservation et de promotion des droits de la femme, le Premier ministre a été catégorique : «C'est un mouvement irréversible», en témoigne la présence à ses côtés d'une dame qui occupe le poste de président de la centrale patronale. Parlant des problèmes économiques, le Premier ministre ne mâche pas ses mots : la situation est préoccupante. Actuellement, la croissance économique est de l'ordre de 0, 5 % ajoutant à cela 170 mille chômeurs parmi les diplômés du supérieur. D'où, un défi majeur non seulement pour l'Etat mais aussi pour les entreprises économiques qui sont appelées, plus que jamais, à davantage d'efforts en matière de recrutement. Cependant, précise le Premier ministre, les mouvements de protestation, de grèves et de sit-in doivent prendre fin pour permettre à ces entreprises de jouer pleinement leur rôle et de soutenir l'effort de l'Etat en matière de création de sources de revenus. Il n'est plus admis, dans un pays qui cherche à se reconstruire économiquement et politiquement, de poursuivre les grèves et de barrer les routes. La reconstruction d'une Tunisie nouvelle, prospère économiquement et stable politiquement, est la responsabilité de tous les Tunisiennes et Tunisiens. Réussir la révolution du 14 janvier ne peut pas se faire dans un climat de grèves et de tension politique. Toujours en matière de grèves et de revendications salariales, le Premier ministre a évoqué l'exemple d'une grande société qui, outre le grand nombre de ses employés, assure les deux tiers de nos besoins énergétiques. Cette société a été obligée pour maintes reprises à arrêter la production sous la pression des revendications tous azimuts. Et le Premier ministre de conclure, « l'intérêt de la Tunisie est au-dessus de toute autre considération». Développement régional Auparavant, M. Abdellatif Zayani, président de l'Union régionale de commerce et d'industrie de Sfax et président de l'Association de la Foire internationale de Sfax, a, dans son mot de bienvenue, insisté sur la volonté de la région de Sfax de retrouver sa place dans la vie économique du pays. Cette région qui a tant souffert de la marginalisation veut désormais s'inscrire dans la dynamique économique nationale. Pour ce faire, ajoute M. Zayani, il est temps de moderniser le port de Sfax, de créer une zone franche dans la région et de dynamiser le projet de Taparura. Le développement de la région de Sfax, a-t-il ajouté, ne peut être que bénéfique pour tous les gouvernorats voisins. Un développement régional sur des bases solides à même de permettre à la région et au sud du pays de participer activement dans la construction du pays. A l'entrée de la Foire internationale de Sfax des dizaines de jeunes de la région ont manifesté, dans le calme, leur mécontentement quant à certains choix économiques, notamment celui de l'endettement. D'autres jeunes diplômés du supérieur se sont rassemblés également non loin de l'entrée principale de la Foire pour revendiquer leur droit au travail.