Quand il s'agit d'honorer le savoir ou de récompenser ceux qui sont à sa recherche, les familles tunisiennes ne lésinent pas sur les moyens. La preuve en est donnée chaque année à l'occasion des remises des prix aux différents lauréats dans toutes les disciplines et dans tous les niveaux d'enseignement. A la fin de chaque année scolaire et universitaire, le rituel est le même : élèves, étudiants, parents et enseignants se tiennent aux premières lignes pour rendre hommage à des efforts consentis par tous sur la voie de la connaissance et du savoir. Du primaire au supérieur en passant par tous les autres cycles, les dizaines de milliers de méritants sont aux premières loges. Les cadeaux leur parviennent de partout. Voisins, amis, parents, enseignants… sont de la partie. Mais ce qui nous intéresse le plus, c'est, surtout, le rôle de l'institution d'enseignement. Celle-ci, malgré les vicissitudes, les aléas et l'insuffisance des moyens mis à sa disposition, se comporte très positivement. Chaque année, la bonne volonté des uns et des autres arrive à surmonter tous les obstacles et à offrir aux élèves des cadeaux. Le geste en lui-même est très significatif, même si ces cadeaux restent en deçà des espérances. Il n'y a pratiquement pas de budget consacré exclusivement à ce volet. Le responsable de l'établissement scolaire doit se débrouiller pour laisser de côté une somme assez conséquente lui permettant d'acquérir quelques lots de livres ou, dans le meilleur des cas, du matériel informatique. Cela varie de 500 à 800 dinars pour arriver à satisfaire une cinquantaine et, parfois, une centaine de lauréats par établissement. La valeur des livres étant assez élevée, le cadeau ne répond pas toujours aux normes qu'on voudrait lui donner. L'important, c'est le geste Un bon livre coûte très cher. Par conséquent, il est presque impossible d'acheter un ouvrage de valeur digne du bénéficiaire et égal à la récompense. Mais l'important pour toutes les parties, c'est de garder ces bonnes vieilles habitudes en attendant que dans les prochaines années une plus grande détermination vienne animer d'autres acteurs et fournir plus de moyens. Il est évident que, en plus de l'école, il y a aussi des bénévoles qui apportent leur contribution en fournissant des livres, notamment, et d'autres cadeaux qu'ils remettent directement aux responsables. Il s'agit d'enseignants, de parents d'élèves ou de simples citoyens désireux d'être utiles à la société. Il reste, en dépit de tout, l'apport de ces associations spécialisées dans tous les domaines qui pullulent et qui n'apportent rien d'utile à la société. Les libraires, eux aussi, peuvent participer à cette action en cédant gratuitement quelques livres ou en concédant des réductions substantielles aux établissements scolaires à cette occasion. Ils peuvent rentrer dans leurs frais car la saison est aux cadeaux et tous les parents mettent la main à la poche en achetant tout ce qui peut rendre heureux leur progéniture. Le secteur économique tout entier s'en ressent (positivement, cela s'entend). La vie commerciale s'anime, justement, en cette période comme c'est le cas aussi à la rentrée. Et pourtant il y a ceux qui disent que l'enseignement n'a aucun impact économique immédiat. Ils oublient qu'en plus des compétences qu'il forme au bout de plusieurs années, il dynamise au quotidien le tissu économique en touchant tous les secteurs. Ne voit-on pas que certaines familles recourent à des troupes de musique pour fêter l'événement de la réussite de leurs enfants à un examen ou à un diplôme? N'offre-t-on pas des voyages et des excursions à ces jeunes? N'achète-t-on pas des motos et même des voitures pour les plus âgés? La liste est longue et chacun peut comprendre que le secteur de l'enseignement est une locomotive capable d'impulser l'élan nécessaire à l'économie. Si l'on sait que chaque établissement choisit deux lauréats par classe (le premier et le deuxième prix) et si l'on sait que pour l'enseignement secondaire il y a plus de 80.000 classes, on peut réaliser l'importance de cette manne. Dans le primaire, aussi, nos petits sont bien gâtés par des parents peu regardants quand il s'agit de faire plaisir à leurs enfants. Il faut, alors, prévoir plus de 40.000 classes et le double d'élèves à récompenser. Quant à l'enseignement supérieur, c'est une autre paire de manches. Les prix sont décernés à un niveau national qui aura, cette année, plus de valeur et plus de mérite.