Mardi, le nombre de femmes et d'enfants, libyens essentiellement, a augmenté par rapport aux jours précédents. D'autres familles complètes, égyptiennes et marocaines surtout, ont aussi franchi la frontière vers la Tunisie — 6.000 environ. Le compte à rebours s'est poursuivi, également, au niveau des troupes pro-Gueddafi puisque deux embarcations ont accosté au port commercial de Zarzis et celui d'El-Ktef, à Ben Guerdane, ayant à bord des officiers qui se sont rendus à l'armée tunisienne. D'autres dissidents sont arrivés clandestinement par des pistes sahariennes à El-Touay. Mardi toujours, des jeunes de Ben Guerdane ont bloqué la circulation au poste frontalier de Ras Jédir entre midi et 15h00. Ils protestaient contre l'agression de l'un de leurs proches par des Libyens qui se sont emparés de sa voiture. Hier, par contre, le nombre de voitures en provenance du territoire libyen a baissé d'un coup. Juste une vingtaine de voitures faisaient la queue au point de passage. «Cela prouve que des bombardements barrent la route aux ressortissants, ce matin (mardi), et les empêchent de passer», nous dit M. Ali Oun, chef du bureau de l'Office des Tunisiens à l'étranger, qui se trouve à Ras Jédir. Par ailleurs, les provocations, les bagarres et les altercations entre les pro et les anti-Gueddafi sont devenues monnaie courante dans les villes tunisiennes. A Zarzis, à titre d'exemple, des scènes pareilles se passent au centre-ville, à l'hôpital, dans les stations-service, devant les associations de bienfaisance et les grands magasins. Des voitures sillonnaient la ville brandissant le drapeau de l'indépendance toute la journée. D'autres, du camp adverse, les traquent… Heureusement que les Zarzissiens gardent toujours la neutralité et ne cherchent pas à s'ingérer dans les conflits internes de leurs frères libyens. A Ben Guerdane, les milices de Gueddafi semblent majoritaires, et le drapeau vert flotte tout le temps. «A la question, tu es avec les insurgés ou avec Gueddaf, certains Libyens ne veulent pas répondre, surtout ceux qui habitent avec des familles tunisiennes», nous dit Fethi qui travaille comme chauffeur avec l'Unhcr.