Le report de l'assainissement de notre sport aux calendes grecques livre ses premiers résultats négatifs. Rappelons les faits‑: le 17 juin dernier, le ministère de la Jeunesse et des Sports annonçait par le biais du directeur général des sports, Abdelmajid Snoussi, ce qui suit : • Le dernier délai de la tenue des assemblées générales des associations sportives a été fixé pour septembre 2011. • Concernant les fédérations sportives, elles doivent tenir leurs assemblées avant la fin 2012. Ce que le directeur général des sports a toutefois omis de rappeler et de préciser, c'est que le ministère avait auparavant décidé de précipiter les assemblées générales extraordinaires électives de pas moins de 11 fédérations pour cause de retrait de confiance des 2/3 (au moins) des clubs affiliés et pour malversations financières avérées concernant deux d'entre elles‑: cyclisme et motos. En d'autres termes, une seconde décision qui rend caduque la première et qui ouvre les portes à toutes les interprétations. - 1ère conséquence de cette volteface : même les comités directeurs des clubs qui avaient l'intention de tenir de suite des assemblées générales électives n'en ont du coup plus envie. Pas pressés puisque c'est le ministère qui les y autorise. Avez-vous vu par hasard un club qui tient son assemblée générale élective en septembre? Qui fera le bilan sportif et financier en fin de saison? Qui renouvellera les contrats? Qui recrutera? Qui préparera la nouvelle saison? Qui gardera ou changera l'entraîneur? Qui programmera la préparation? Les dirigeants en place, qui doivent partir en septembre, ont-ils le droit et la légitimité de prendre toutes ces décisions à la place de ceux qui vont débarquer? Nos clubs et notre football ont-ils la marge et les moyens de subir un choc consécutif à tout ce qui s'est passé après le 14 janvier? Et quand on sait que Anouar Haddad et bon nombre de ses colloborateurs s'accrochent à l'alibi légitimité - Fifa, bonjour les dégâts pour notre football, pour au moins trois mois encore. • 2e conséquence : «Le directeur général des sports a ajouté que près de 11 fédérations ont été invitées à organiser leurs élections surtout que beaucoup de bureaux fédéraux ont été désignés». Vous avez bien lu? Beaucoup de bureaux fédéraux ont été désignés de l'avis même de l'autorité de tutelle ! Et pourquoi ne pas aller au bout de la vérité et dire clairement et franchement que tous les bureaux fédéraux ont été d'une manière ou d'une autre désignés et que les élections comme celles présidentielles, législatives et municipales étaient faussées à l'avance?! Toujours est-il que les premiers effets pervers de ces décisions commencent à se faire sentir sur le terrain. La Fédération de motos qui reporte son assemblée élective, le CSS qui suit et d'autres encore qui s'engouffreront derrière cette décision franchement incompréhensible de l'autorité de tutelle. • 3e conséquence : «Concernant les fédérations des sports olympiques, elles devront organiser leurs AG électives avant fin décembre 2012, soit 6 mois après les Jeux olympiques de Londres (?!)» Procédons par ordre. • Pourquoi avoir fait exception des fédérations «olympiques»? Pourquoi leur avoir accordé un répit supplémentaire avant les Jeux de Londres et 6 mois après?! Au nom de quels bons résultats et au nom de quelle bonne gestion?! Qui mieux que les gens du ministère de la Jeunesse et des Sports savent qu'aucun président, qu'aucun bureau directeur d'aucune fédération ne pouvait passer sans l'aval, sans la caution de tout un système balayé depuis le 14 janvier? Des assemblées générales de clubs «tolérées» jusqu'en septembre prochain, des fédérations sommées de tenir des assemblées électives qui jouent au chat et à la souris avec la tutelle, des fédérations olympiques qui nous présenteront des perdants cet été à Londres, qui se vautreront confortablement pour des mois encore dans leurs chaises : vous avez là le carnet de route de notre sport jusqu'en décembre 2012! Messieurs, ne nous obligez pas à gratter, à fouiner et à révéler le lourd contentieux de notre sport lors de ces 23 dernières années. C'est à vous de le faire, c'est à vous de prendre les grandes décisions qui s'imposent. Ce que nous aimerions, nous, c'est de reparler de sport et de performances. Maintenant, si les choses ne changent pas vraiment...