«La meilleure défense c'est l'attaque», dit le dicton. Le tout offensif de l'Espérance est devenu, au fil du temps, la marque de fabrique du club de Bab Souika Douze buts marqués en quatre matchs disputés, trois victoires pour un nul, le premier bilan de l'EST en Ligue des champions ne laisse personne indifférent, et ce, en dépit de la multiplication des challenges et de quelques blessures ponctuelles qui ont amené le staff technique à revoir l'orientation tactique de l'équipe. Epatante que cette équipe de l'Espérance. Seul le leadership est envisagé par un groupe sur le qui-vive de manière permanente, perpétuellement en quête de défi à relever et de buts à atteindre. Quelque peu amoindrie par la défection de son stratège Oussama Darragi, l'Espérance n'a en rien laissé entrevoir un quelconque vide au niveau de l'animation ou du relais offensif face à l'ASFA. Cette aptitude à se reconfigurer, à favoriser la polyvalence des joueurs et à remodeler l'ossature, le technicien «sang et or» les doit à la maturité tactique des siens, à leur bonne assimilation des schémas préconisés et à leur culture de la gagne, ancrée au plus profond d'un groupe qui ne ménage pas sa peine pour atteindre le palier supérieur et défendre ce qu'il a acquis de haute lutte. L'Espérance est leader incontesté de la compétition nationale depuis le début de saison et en lice pour disputer le 3e tour préliminaire de la Ligue des champions. La dynamique de victoire aidant, l'on voit mal l'équipe fléchir et perdre de son élan. Polyvalence et maturité tactique De point de vue recentrage tactique effectué en terre burkinabé, le forfait de Darragi a permis de découvrir une nouvelle facette de Msakni, ce dernier ayant cumulé la casquette de relayeur, électron libre offensif et temporisateur du jeu tantôt, grâce à son aptitude à poser et à écarter le jeu. Egalement, les deux pivots, Roger et Korbi, n'ont pas manqué à leur tour de puiser dans leur registre pour ne pas se confiner dans des tâches purement défensives, tels que la récupération et le ratissage. Certes, ces deux écrans axiaux se devaient de «couper l'herbe sous les pieds» des vifs avants adverses (et autres milieux offensifs de l'ASFA), mais outre ces charges précises qui lui incombent, le duo Roger-Korbi apporte aussi beaucoup de densité à l'entrejeu «sang et or», combinant avec le catalyseur Msakni, écartant le jeu vers les deux latéraux, Ben Amor et Chamam et tentant parfois quelques percées, suivies instantanément par des déviations vers les trois pointes, Ayari, Bouazzi et Michael. «Les deux font la paire» comme l'on dit, Roger en tant que porteur d'eau et Korbi en tant qu'écran axial. C'est probablement l'une des clés de la réussite actuelle de l'équipe. L'autre arme fatale de l'EST se trouve au niveau de la construction offensive. Relais rapide, passes courtes, triangulations, jeu huilé, vivacité, permutation et mobilité constante permettent de mettre Bouazzi et Mskani dans de bonnes conditions de conclure. L'abattage de Michael sur le couloir droit, son jeu en déviation et ses centres en retrait ont permis plus d'une fois de porter le danger du côté de la défense de l'ASFA. Les burkinabés, parlons-en. Deux joueurs sortent du lot. Le régisseur de poche, Solomon et le buteur Ocansey Mandela. L'attaquant, Ocansey, dispose d'un registre varié et a constitué un poison permanent à chaque accélération. Tir en pivot, placement intelligent et sens du but sont à l'actif de ce jeune avant. A la manœuvre, Solomon a régalé l'assistance par ses contrôles orientés, sa vista et sa bonne lecture du jeu. Il n'est d'ailleurs pas étonnant de voir l'EST s'intéresser à lui. L'on ne peut revenir sur l'éclatante victoire de l'Espérance au Burkina-Faso sans mentionner le quasi-sans faute de Naouara dans les bois. Confiance, prestance et un arrêt décisif à son actif. Serein, le portier «sang et or» a dirigé sa défense d'une main de fer et s'est comporté en leader. Ce premier palier étant atteint, la montée en puissance étant plus que palpable, l'EST a toutes les cartes en règle pour négocier les huitièmes de finale dans les meilleures conditions. L'adversaire s'appelle El Merrikh du Soudan et l'on s'attend à un duel au sommet, avec à la clé, une place en phase de groupe de la Ligue des champions.