Le poste frontalier de Ras Jédir est toujours très animé. Le flux de ressortissants ne descend pas sous le millier, quotidiennement. Dans l'autre sens, le trafic routier ne s'interrompt pas, jour et nuit. Des véhicules et des camions poids lourds chargés de marchandises en tous genres, transitent par ce point de passage. Des Libyens font également la navette, tous les jours, et se ravitaillent en produits alimentaires et en médicaments. De l'autre côté de la frontière, un incident tragique a eu lieu, la semaine écoulée, lorsqu'un jeune Libyen de 18 ans, apparemment très excité, s'est emparé d'une voiture en stationnement et a foncé sur un groupe de policiers libyens, tuant deux d'entre eux sur place et blessant d'autres, avant de prendre la fuite. Mais il a été arrêté après une courte course-poursuite. Un ressortissant libyen (Abdelaziz N.) nous déclara : «Le jeune s'est comporté de la sorte pour se venger parce que les milices de Gueddafi ont tué ses 2 parents, à Misrata, il y a quelques jours. C'est du moins ce qu'il a dit, lui-même». Sur le territoire tunisien, non loin de Ras Jédir, et précisément sur la route qui mène vers le port de pêche d'El-Ketf, à Ben Guerdane, plusieurs nouveaux barrages ont été installés, hier par l'armée tunisienne. C'est dire que les dissidents libyens qui arrivent par voie maritime sont toujours nombreux et que la zone est déclarée à risque. Par ailleurs, dans le camp de Choucha, la tension a baissé d'un cran depuis quelques jours, et le nombre de réfugiés a diminué puisque plusieurs Erythréens et Somaliens ont été transférés dernièrement vers des pays d'asile en Europe. Quant à la circulation entre Ben Guerdane et Ras Jedir, elle est devenue beaucoup plus fluide qu'auparavant, dans les deux sens. 2 avions, pas comme les autres Même si le secteur du tourisme connaît une baisse notoire cette année, le trafic aérien, à l'aéroport international Jerba-Zarzis, vit une activité intense avec le retour de nos compatriotes qui viennent passer leurs vacances annuelles auprès des leurs à l'approche de Ramadan ainsi que des ressortissants libyens et autres qui voyagent en grand nombre, chaque semaine. Hier, un avion a atterri ayant à son bord 300 harragas, en provenance de Paris. Ils sont tous originaires du sud. Ayant perçu chacun 300 euros avant d'être rapatriés, «ils ont envahi le free-shop, à leur arrivée et ont puisé les quantités de whisky et de Marlboro» rapporte un agent douanier. «Je ne remettrai plus jamais les pieds en Europe. J'ai beaucoup souffert et j'ai connu la vraie misère pendant 5 mois» a confié Adel N., à sa sortie de l'aéroport. Un autre avion, iranien celui-là, a également atterri à l'aéroport Jerba-Zarzis mardi matin. «C'est dans le cadre de l'élan de solidarité et c'est le deuxième avion qui nous est parvenu d'Iran», souligne M. Mongi Ben Slim, directeur du Croissant-Rouge dans le gouvernorat de Médenine et qui ajoute: «Il est chargé d'une grande quantité de médicaments, de denrés alimentaires, de couvertures et de vêtements. Ces dons vont nous être très utiles parce que nous avons vraiment quelques problèmes, surtout dans les milieux urbains, dans les 2 gouvernorats Médenine et Tataouine. La situation sanitaire, dans les 3 camps de Choucha, Dhéhiba et Remada est, par contre, sous contrôle et assez bien maîtrisée».